Chapitre Vingt-Six - Le jugement du dragon

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Le château d'Eel était calme, seuls les gardiens en faction tournaient dans les couloirs, mais leurs allers et venues étaient tellement prévisibles qu'il était facile pour celui qui les connaissait, de passer ces barrières perméables.
Dans la chambre à la porte surmontée d'un dragon à l'oeil rouge, Lance dormait seul. Des remous à ses côtés le réveillèrent et, déjà, sa main plongea sous son oreiller pour y piocher sa lame. La silhouette gracile au dessus de lui lui emprisonna fermement le poignet pour avorter son geste.

— C'est moi...

Le chef des Obsidiens reconnut le dessin du visage de Florelle, ses cheveux blonds qui tombaient devant son visage et ses yeux gris.

— Qu'est-ce que tu fais là ! s'exclama-t-il tout bas en se redressant. Eel te cherche, tu as été déclarée traître à la garde !

Il jeta un oeil à la porte de sa chambre, redoutant que Zifu n'y pénètre précipitamment armé et entouré de dizaines de gardiens.

— Tout va bien, je ne crains rien... le rassura Florelle en encadrant le visage de Lance de ses mains.

Chevauchant son chef, elle se pencha pour l'embrasser langoureusement. Ses mains couraient déjà sur la peau couleur abricot de ses épaules.

— Qu'est-ce que tu es venue faire ici ? Qu'est-ce qui se passe ?
— Je suis venue pour toi Lucas et garde tes questions pour après, je n'ai pas beaucoup de temps... murmura Florelle qui continuait d'embrasser son amant.

Celui-ci comprit parfaitement le message et l'envie naquit dans son bas-ventre. L'excitation s'accrut par l'absence trop longue de sa maîtresse et par sa conscience des risques qu'il prenait à coucher avec l'ennemi d'Eel sous le toit-même qui en abritait les chefs. Lui était déjà nu comme à son habitude lorsqu'il dormait, il aida précipitamment Florelle à se débarrasser de ses propres vêtements. Au-dessus de lui, la sorcière ondulait son bassin contre le sien, retenant des gémissements langoureux et incroyable excitants. Lance, lui, avait des centaines de questions qu'il retint pour s'adonner pleinement à cet instant et à la femme qu'il aimait. Le chef la fit basculer sur le côté et la pria de baisser d'un ton mais elle continua tout contre son oreille à lui susurrer des mots qui accrurent encore sa passion. Après de longues minutes à se donner l'un à l'autre, le chef finit par laisser échapper une plainte longue et rauque en écho à la chaleur qui se répandait hors de lui.

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— Zifu dort dans la chambre d'à côté ? demanda Florelle qui quitta l'étreinte de son amant.
— Non, dans la chambre voisine à celle d'Hua.
— On se demande pour qui il travaille en réalité, ricana la sorcière en enfilant son haut.

Lance se redressa sur les coudes et observa sa compagne se rhabiller sous la douce lumière d'un globe lumineux.

— Tu m'expliques ta présence ici ? Outre d'avoir abusé de moi ?
— Je voudrais que tu me rejoignes, répondit Florelle que la boutade laissait indifférente.
— Pardon ?
— Toi et l'Obsidienne, quittez Eel et venez rejoindre Cierna. Une nouvelle cité où tous les Faeries, exclus depuis toujours, peuvent trouver un havre de paix.
— Comment tu peux me demander ça...

Lance avait retrouvé ce visage fermé, ces sourcils froncés qui réhaussaient la fine cicatrice sur l'arête de son nez.

— C'est Eel qui a commandité la mort de Valkyon, le coupa Florelle alors qu'il était sur le point de poursuivre.

Le chef resta interdit, son regard de glace semblait fondre. Il avait bien des doutes mais ses hypothèses paraissaient ridicules, et pourtant.

— Tu te souviens de ce que je t'ai raconté sur l'histoire d'Eldarya ? reprit l'ex-gardienne, très sérieuse. Sur l'ouverture du portail, la création de la Flûte, du cristal ?
— Quel est le rapport ?
— ... et de comment mon ancêtre Millaryne Blackhill a formé le cristal à partir du coeur incandescent d'un dragon.

La respiration de Lance se fit plus profonde en attendant que la sorcière ne poursuive.

— C'est ce qu'Eel a tenté de faire, ce qu'Ezarel a lui-même tenté de reproduire. Le premier Grand Cristal se meurt et ils ont cherché à en faire un autre. C'est pour ça qu'ils ont choisi Valkyon, un faelien avec du sang de dragon. Mais il ont échoué...

Le chef des Obsidiens, le visage impénétrable se leva avec des gestes lents et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre, le corps nu s'offrant à la lune. Il sondait la nuit à travers la vitre. Florelle savait qu'il réfléchissait, qu'il tentait d'emboîter tous les éléments qu'il possédait pour trouver la vérité. La situation était délicate, la sorcière savait que convaincre Lance de rejoindre Cierna allait être un vrai défi. Elle savait toutefois que la vérité lui ferait ouvrir les yeux et elle espérait simplement que, dans sa fuite, l'Obsidienne suivrait. Les sorcières avaient besoin d'alliés car, au moment où Eel apprendrait la résurrection de la cité noire et la volonté de l'ancienne gardienne de reformer Cierna pour les sorcières, toutes les gardes fondront sur eux comme un essaim d'abeilles. Certes l'Obsidienne ne suffirait pas, mais Florelle avait d'autres ambitions pour se protéger de ce qu'elle identifiait clairement comme ses ennemis.

— As-tu des preuves ?
— Je n'ai pas de preuves physiques, non, mais les aveux de ton frère peuvent-ils suffire ?

Lance se tourna vers elle et Florelle lui expliqua alors comment Brunehilde était entrée en contact avec l'âme de son défunt frère qui leur avait parlé d'Ezarel et des raisons pour lesquelles le second avait été sacrifié.
La sorcière voyait bien que son amant avait du mal à la croire, l'histoire semblait surréaliste. Eel aurait tué l'un des siens pour créer un nouveau cristal avec des grimoirs volés aux premières sorcière d'Eldarya... C'était pourtant la vérité.

— Est-ce que tu me mens ou tentes de me manipuler ? questionna-t-il durement.
— Tu me crois capable de faire ça ?
— Tu viens me voir, tu t'offres à moi, en échange de quoi ? Ma trahison ?
— J'ai tout donné à l'Obsidienne ! s'écria-t-elle, vexée de ne pas être crue, pire, que son compagnon l'accuse d'avoir utilisé ses charmes à cette intention. Je t'ai tout donné, corps et âme !
— Tu te fais manipuler par ces sorcières ! Qui te dit qu'elles sont totalement honnêtes ?

Lance ne pouvait s'empêcher de penser que Florelle, comblée d'avoir retrouvé sa cousine et d'autres sorcières, était devenue un instrument idéal pour se venger d'Eel et de tous ceux qui avait participé au massacre des leurs ancêtres plusieurs siècles plus tôt.

— Je l'ai vu ! J'ai tout vu ! argumenta Florelle en pointant son doigt sur sa tempe. Mon pouvoir ne me ment pas !

Fébrile, la sorcière sonda son ancien chef de garde, lui-même totalement déboussolé.

— J'ai besoin de toi Lance et de l'Obsidienne. Mais c'est aussi pour vous protéger contre l'Étincelante, des Ren-Fenghuang, ce sont eux qui nous ont trahis !
— Qu'est-ce que tu prévois de faire ?
— Je ne peux pas te le dire, avoua Florelle à regret. Je te laisse le temps de réfléchir à ce que tu veux faire. Je serai aux montagnes du Wigné dans trois jours. Tu peux choisir de me rejoindre avec les membres de l'Obsidienne qui le désirent ou avec Miiko pour m'arrêter...

Le chef s'était détourné de son amante mais Florelle espérait qu'il la regarde une dernière fois et qu'elle lise dans ses yeux qu'il l'aimait. Mais il était retourné à la contemplation de la nuit à travers la fenêtre et elle partit, incertaine.

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Florelle sauta du mur d'enceinte et se réceptionna agilement aux pieds de sa cousine.

— T'en as mis du temps... la taquina Mélina qui se doutait bien que la gardienne n'avait pas fait que discuter avec son chef de garde. Alors ?
— Je ne sais pas ce qu'il fera...
— Quoi ? Tu lui as pourtant montré ce qu'il risquait de rater, plaisanta-t-elle encore.
— Mél', s'il te plaît, soupira Florelle. Et toi ta mission ?
— Accomplie !

Les pouvoirs de Mélina à se transformer en n'importe quel animal était un avantage indéniable, surtout pour des missions d'infiltration. Elle devait délivrer des messages à quelques gardiens en qui Florelle portrait sa totale confiance.

— J'ai pas trainassé dans un lit moi !

Florelle leva les yeux au ciel mais laissa échapper un sourire que discerna sa cousine qui la taquina encore. Puis Mélina se déshabilla et prit l'apparence d'un owlett, immense oiseau au plumage blanc et gris. Florelle prit les vêtements et monta sur son dos pour rejoindre Cierna. Si tout se déroulait comme prévu, elle ne reviendrait plus à Eel.

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Lance était attablé à la salle à manger de la garde d'Eel. Son silence et son humeur sombre faisaient même fuir ses collègues. Seul un homme osa s'asseoir face à lui, Zifu. Le chef gardait en tête que le mogwai avait pour mission de le surveiller lui et l'Obsidienne mais le travail qu'il fournissait était au-delà des attentes professionnelles qu'il avait. De plus, c'était un homme discret mais qui savait se montrer ferme si la situation l'amenait à l'être. Sans compter que c'était un combattant hors pair. Lance commençait à l'apprécier en tant que gardien, même s'il restait méfiant à son égard.

— On dirait que vous êtes soucieux, remarqua Zifu sur un ton qui incitait à la confidence.
— Je me dois de prendre une décision importante, avoua le chef en gardant pour lui l'objet de son tourment.
— De quoi s'agit-il ?

Lance gloussa, il ne serait pas aisé de lui tirer les vers du nez et pourtant, il serait tellement simple d'avouer la vérité à Zifu. Rejoindre Florelle et trahir Eel ou trahir la jeune femme qu'il aimait ? La solution ne relevait pas tant de l'amour mais de l'honneur qui restait sauf depuis des années. Devait-il la croire sur parole ou protéger la cité d'Eel ?

Devant lui, Zifu le sondait de son regard vert perçant. Lance crut pendant un bref instant que son second était capable de lire en lui. Tout en le fixant, il porta à la bouche un morceau de viande enrobé de sauce et une goutte vint tacher son gant d'un blanc immaculé. Malgré la gravité de ses réflexions et de la lourde décision à prendre, Lance ne put s'empêcher de sourire. Le mogwai n'était donc pas aussi parfait qu'il le pensait. Il ne mangeait pas proprement.
Le second jura en observant le tissu maculé puis il entreprit, doigt par doigt de s'en défaire. Lance l'observea agir et tirer le gant qui devait monter jusqu'au milieu de l'avant-bras et il se questionna sur l'intérêt d'un tel artifice.

Puis il le vit. Le tatouage sur le poignet de Zifu. Il s'agissait d'un arbre de vie qui remontait sur le dessus de son bras et dont il pouvait clairement voir les racines dessinées en serpent qui descendaient sur le dos de sa main.

— Qu'est-ce que cela signifie ? questionna le chef hypnotisé par le dessin qu'il ne quittait pas des yeux.
— C'est le signe de reconnaissance de mon peuple lorsque l'on se prive de fonder une famille pour servir un dessein plus grand que le sien, expliqua le mogwai. Je l'ai eu le jour où j'ai quitté mon village pour rejoindre la garde personnelle de Dame Hua et il me permet de ne pas oublier mes racines.

Le second eut presque un air attachant en révélant une partie de son passé, son engagement auprès de la grande famille des Phénix et le manque parfois de ses proches.

— Je vais vous laisser finir votre repas, reprit Lance en se relevant.

Le second lui adressa un hochement de tête reconnaissant et regarda son supérieur quitter le réfectoire. Il fronça les sourcils jusqu'au moment où Lance fut hors de sa vue. Il aurait juré voir la silhouette d'un dragon se dessiner furtivement dans l'air. Une aura de mort qui entourait le faelien et qui le fit frissonner.

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Zifu fut réveillé précipitamment par des coups contre le battant de sa porte. Ils étaient pressants et, finalement, l'intrus entrouvrit et le visage de Mavic, l'adlet de l'Obsidienne, apparut.

— Nous avons un problème au Bastion d'Ivoire. Vous devez venir immédiatement !

Le second se précipita hors de ses couvertures et enfila rapidement les vêtements pliés sur une chaise. Il s'équipa de son wakizashi* et suivit son subalterne dans les couloirs du château.

— Que se passe-t-il ? s'enquit le mogwai qui gardait la tête froide malgré l'aura de panique qui se dégageait de Mavic.
— Vous comprendrez mieux sur place.

L'adlet, par ses pattes de loups, avançait rapidement, Zifu sur ses talons dut allonger ses foulées. Ils traversèrent les jardins et pénétrèrent par la grande porte du Bastion d'Ivoire. Le second sut alors que quelque chose n'allait pas et ce qu'il vit ne lui plaisait pas du tout.
Tous les Obsidiens étaient présents, le visage grave, les sourcils froncés, les bras croisés sur la poitrine, la haine dans le regard. Mavic les rejoignit après avoir verrouillé toutes les issues par lesquelles le mogwai aurait pu s'enfuir.

Autour du cercle formé par les gardiens des flambeaux illuminaient la nuit et, en son coeur, se tenait Lance. Le chef de garde était torse nu, vêtu d'un pantalon noir, et accompagné de son épée lourde et longue qu'il tenait en main et qu'il faisait reposer sur le sable de l'arène. Son regard bleu de glace était encore plus blanc et meurtrier. Il était prêt à combattre. Le mogwai revoyait l'aura draconique qui entourait son chef plus tôt dans le journée et il comprit alors qu'il était tombé dans un piège.
Toutefois, il retrouva sa contenance, la posture droite, les mains dans le dos et le regard hautain qu'il arborait face à ses pairs.

— Qu'est-ce que cela signifie ? demanda-t-il, l'ego blessé d'être tombé si facilement dans ce traquenard vulgaire.
— C'est toi qui as tué Valkyon, affirma Lance qui souleva de terre sa lourde épée sans sourciller.

Les deux hommes se fixaient en un duel de regards et Zifu réfléchissait à la meilleure réponse à donner. A quoi cela servait-il de nier ?

— Qu'est-ce qui m'a trahi ? reconnut le second en haussant les épaules.

Les accusations de Lance se confirmèrent, ce qui raviva sa colère qu'il tentait de maîtriser jusqu'au moment où il mettrait fin à la vie du mogwai. Parmi les Obsidiens, les murmures se répandirent dans l'assemblée, des jurons de colère, des exclamations de surprise et d'indignation.

— Florelle a vu ton tatouage dans l'une de ses visions, de toi, en train d'égorger mon frère.
— Je suis sincèrement désolé d'avoir dû faire ça et si vous souhaitez, nous pouvons tous nous asseoir et en discuter avec les autres chefs de garde et le clan des Ren-Fenghuang...
— Miiko sait ?! s'exclama une voix masculine parmi l'assemblée, incrédule.
— Vous ne comprenez pas, le sacrifice était nécessaire ! Pour créer un nouveau cristal pour sauver Eldarya de son extinction ! se défendit Zifu.
— Et pour quel résultat ! éructa Lance. Un échec ! Qui sera le suivant ? Moi ?

Le mogwai accrocha le regard de son supérieur qu'il provoqua d'un sourire amusé.

— Il semblerait.

Zifu voulait disposer de l'effet de surprise en se jetant en premier sur Lance. De son dos, surgit son wakizashi de son fourreau. Le chef de garde fut déstabilisé une seconde mais se ressaisit en évitant de justesse une dizaine de coups précis visant à chaque fois un point stratégique. Non seulement le mogwai était d'une rapidité impressionnante mais, en plus, il connaissait parfaitement l'anatomie humaine pour en cibler les points les plus mortels : artère brachiale, artère fémorale, tendon d'Achille, creux popelité, visage. Le chef parait à chaque fois mais la célérité de son adversaire ne lui permettait que de se défendre et non d'attaquer. Cette position de vulnérabilité face à l'homme qui avait abattu son frère augmenta la colère qui sourdait en lui depuis que Zifu avait avoué son méfait.
Une aura de puissance meurtrière émergea de Lance. Tout d'abord peu perceptible, se voyait à l'oeil nu une luminescence trouble qui irradiait de lui et ses pupilles bleu de glace devinrent blanches. La forme d'un dragon déployant ses ailes surplomba le gardien et un vrombissement sourd rugit dans l'air parallèlement au cri lancé par le chef de l'Obsidienne.
Lorsqu'il leva son épée au dessus de sa tête, pour accueillir un nouveau coup de Zifu, le second de la garde fut propulsé en arrière comme s'il venait d'être percuté par une force qu'il avait prise en pleine poitrine. Il se réceptionna agilement, une main au sol et plissa les yeux. Il voyait bien le changement d'attitude chez le chef de l'Obsidienne.

A cet instant, Lance prit le dessus. Les coups n'étaient ni rapides, ni stratégiques, ils étaient simplement d'une puissance époustouflante. En deux attaques, il brisa la lame du wakizashi et blessa Zifu d'une estafilade dans le dos.
Le mogwai n'était armé que d'un simple tesson, il n'avait aucune chance de gagner. Se lançant dans un enchaînement d'attaques, la longue et lourde épée de Lance atteignit l'abdomen de Zifu et le transperça de part en part jusqu'à la garde. Le chef sentit une gerbe de sang chaud tacher son torse nu alors que Zifu se retenait à lui pour ne pas défaillir. Le gardien retira sa lame d'un coup brusque et laissa chuter l'homme au sol. Il n'eut aucune pitié de le laisser se vider de son sang qui se mêlait au sable de l'arène, rougissant le sol. Une exécution pour en venger une autre.
L'aura menaçante du dragon s'estompa et Lance resta debout à fixer Zifu dans les yeux, jusqu'à ce qu'ils se voilent définitivement. Et même à ce moment-là, il observa le meurtrier de son frère jusqu'à ce qu'un frisson lui parcourt le dos comme les bras.

— Je pense qu'il est temps de partir, lui souffla Mavic en posant la main sur l'épaule de son supérieur.

Lance hocha la tête et se détourna de Zifu. Un Obsidien lui tendit une serviette qu'il attrapa pour s'essuyer le visage et le torse. Un peu plus tôt dans la soirée et à l'abri des oreilles indiscrètes de Zifu, Lance avait convoqué ses hommes dans les souterrains du Bastion d'Ivoire pour leur faire part de sa décision de quitter la garde et aussi pour leur avouer les soupçons qu'il avait concernant le mogwai comme meurtrier de Valkyon. Certains doutaient, mais tous à présent savaient que leur chef disait vrai.
S'adressant à nouveau à ses hommes, il reprit :

— A ceux qui désirent rester, soyez bien témoins de ce qui s'est déroulé ici en ce lieu. Que c'est bel et bien moi, Lance Valent, chef de la garde d'Obsidienne et ex-gardien de la cité, qui ait mis fin à la vie de cet homme pour venger mon frère.

Il se retourna vers ses hommes mais aucun ne broncha, tous le fixaient, assurés.

— Personne ne reste, tout le monde te suit, avoua Caméria. Tu es et tu resteras notre chef et Florelle une soeur de l'Obsidienne.

Le chef ressentit de la fierté d'être le chef de ces hommes et femmes valeureux prêts à se sacrifier pour leurs valeurs et ce à n'importe quel prix. Quitte à y laisser la vie.

[Eldarya] [Lance]Le Sang des SorcièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant