Florelle s'éveilla, accueillie par d'aigus élancements qui irradiaient dans son crâne. Son rêve s'était échappé mais il laissait derrière lui un sentiment de malaise poisseux et cette douleur quotidienne. La sorcière se redressa dans son lit et son mal s'intensifia. Elle grogna et poussa un soupir las.
La chambre était plongée dans la pénombre mais elle pouvait voir à travers le clair-obscur des rideaux rapiécés que le jour s'était levé. Autour d'elle, les draps étaient défaits, stigmates d'une nouvelle nuit agitée de nombreuses visions envahissantes.
Si seulement Lance avait été là, il l'aurait prise dans ses bras pour calmer son agitation et apaiser son sommeil. Or, il n'était plus là et pas un matin, Florelle ne pensait pas à lui. Il était son pilier et son absence la rendait plus fragile.
Cela faisait cinq mois qu'il était enfermé dans les prisons d'Eel, cinq mois que Florelle était torturée de sombres visions du dragon à l'agonie où le désespoir et la douleur se battaient pour achever son calvaire. C'était insupportable d'imaginer ce qu'il pouvait vivre.
Des bruits dans le couloir tirèrent Florelle de ses sombres ruminations matinales. Automatiquement, elle tendit la main vers une petite boite en métal contenant du Doliflore. Gizel lui en donnait régulièrement pour apaiser ses douleurs mais la boite était vide et à nouveau, Florelle jura, exaspérée.
Résignée, elle se leva, s'habilla et quitta sa chambre.
En seulement quelques mois, Cierna s'était épanouie comme une fleur trop longtemps privée de soleil mais tout à coup illuminée jour et nuit. Plusieurs groupes d'ouvriers s'étaient répartis les secteurs de travaux, le château passait en priorité puis les habitations de la première couronne qui entouraient le centre de la citadelle. La totalité des salles des ailes est et nord du château comportaient des fenêtres et des portes. Toutes les chambres n'étaient pas encore équipées de salle de bain privative mais les réseaux d'approvisionnement en eau potable et celui d'élimination des eaux usées étaient opérationnels. Les cuisines étaient fonctionnelles et les garde-manger étaient suffisamment remplis pour tenir le premier hiver depuis la résurrection de Cierna. Une coopérative d'agriculteurs, de fermiers, de maraîchers s'étaient organisés pour fournir des vivres aux habitants de la cité. Et enfin, la première ligne de défense de la première muraille avait été achevée depuis quelques jours. Les murs écroulés avaient été reconstruits, les douves creusées et remplies d'eau et les pont-levis qui marquaient les quatre grandes entrées de Cierna, avaient été réparés. La ville n'était encore que partiellement habitée bien qu'elle pouvait accueillir plusieurs milliers de Faeries. Les quartiers s'étaient naturellement organisés selon les appartenances à différentes races et ce, sans causer de conflits. De nouveaux commerçants venaient chaque jour ravitailler le marché qui offrait de plus en plus de produits provenant de tout le continent. Enfin, d'autres grands lieux incontournables de Cierna étaient sur le point d'être achevé : des temples dédiés aux divinités majeures, la grande bibliothèque, les écuries, lieux de soin...
Florelle descendit au sous-sol du château pour rejoindre via les souterrains aménagés, l'Académie de magie. Elle savait qu'elle avait de grande chance d'y trouver Gizel. La sorcière responsable de l'unité de soin de Cierna lui fournissait son Doliflore si précieux contre les maux de tête. La bibliothèque était composait d'une bonne centaine d'étagères alignées en rang mais malheureusement vides d'ouvrages, tous étant soient volés par les pilleurs ou détruits par le temps. Seuls quelques ouvrages retrouvés avaient pu retrouver leur place originale.
Ne se sentant pas de parcourir toutes les allées à la recherche de la sorcière aux cheveux de feu, Florelle préféra lever la voix :
— Gizel ? Tu es là ?
Le silence lui répondit et, contrariée, elle tourna les talons.
— Tu cherches quelque chose ?
C'était la voix grave et posée de Denreli qui l'interpellait alors qu'il apparut dans l'allée centrale, un livre ouvert en main.
— Est-ce que tu sais où je pourrais trouver Gizel ?
— Elle a été appelée tôt ce matin dans la salle des soins obstétricaux.
— Pour Alté ?
L'elfe de la nuit hocha la tête par l'affirmative mais, voyant le visage soucieux de Florelle, il la rassura.
— Il n'y a aucune inquiétude à avoir, l'enfant se présente bien, la grossesse est bien suivie et nous disposons de tout le matériel nécessaire et surtout, plusieurs sorcières spécialisées dans la chose. Tu souhaitais la voir pour tes céphalées ?
Rassurée, Florelle hocha la tête en s'approchant de l'elfe. Malgré ses manières délicates et son laconisme inhérent à sa personne, elle avait progressivement appris à se détendre en sa présence. Lors de leur rencontre, la sorcière ne lui avait pas accordé la moindre once de confiance. Après tout, c'était un elfe de Garancia, chef de la Glycine, garde alchimique d'une cité ennemie. Il avait tout intérêt à anéantir l'opposition de Cierna et s'emparer du cristal. Il avait eu des dizaines d'opportunité.
Et pourtant, alors que les forces ennemies étaient aux portes de la cité vide de ses occupants et que les seules sorcières présentes étaient épuisées par l'incantation magique, il les avait protégées. Il avait mis en place un nombre conséquent de protections magiques, empêchant Eel et ses alliés de pénétrer à l'intérieur de Cierna et reproduire leurs méfaits passés. Cet acte en disait long sur sa loyauté et à présent, Florelle lui faisait confiance les yeux fermés. Sans compter que c'était un homme sage, très cultivé par son grand âge mais aussi beaucoup moins arrogant que ces confrères elfes.
De la bibliothèque, ils rejoignirent le laboratoire puis la pharmacie où Denreli invita la sorcière à s'assoir pour l'examiner.
— Tu n'as pas d'étourdissement ? De saignements de nez ?
— Non, avoua Florelle en omettant une ou deux faiblesses qu'elle mettait sur le compte de la fatigue.
— Tu sais que la consommation régulière de Doliflore n'est pas recommandée.
— Il n'y a que ça qui fonctionne pourtant.
— Tu te surmènes, c'est pour ça que tu souffres, la gronda-t-il gentiment.
— Gizel m'a déjà fait le même laïus.
Sur indication de Denreli, Florelle suivit son doigt sur regard, se laissa prendre sa tension puis inspecter différents points d'acupression dans le cou et au niveau des chevilles.
— Comment sont tes nuits ? reprit l'alchimiste.
— Agitées.
— Je vais te donner quelque chose si tu souhaites dormir un peu mieux.
La sorcière ne refusa pas. Sur la fin de l'ancien cristal, le niveau de maana avait graduellement diminué, entrainant de cause à effet une diminution des visions qui avaient fini par se tarir. La création du nouveau cristal avait engendré une recrudescence du niveau de maana et en conséquence, une multitude de visions avaient envahi l'esprit de Florelle. Elle était restée inconsciente plusieurs semaines avant de réussir progressivement à reprendre le contrôle et à reconstruire les barrières mentales qui protégeaient son esprit. Toutefois, la survie de Cierna n'était pas encore assurée et, de peur de manquer une information capitale à travers son don, Florelle s'était interdit de le bâillonner par une médication. Or là, elle était épuisée et elle sentait que son corps faiblissait. Elle avait besoin de nuits plus reposantes, même s'il était difficile de le concéder.
— Tu dois apprendre à lâcher-prise, lui conseilla Denreli comme s'il lisait en elle
— C'est facile à dire lorsqu'on n'a pas la responsabilité d'une cité sur les épaules, et sans pour autant sous-estimer ton rôle au sein de Cierna...
— Le monde existait avant Cierna et il existera encore après. Nous ne sommes qu'une infime goutte dans cet univers. Si nous devons périr, alors il en est ainsi, tu ne peux pas te priver de vivre pour tout voir et même, tu ne peux pas tout voir. Nous avons besoin de toi sur le long terme, peu importe si un orage s'abat demain.
Florelle n'avait rien à répliquer contre ses paroles puissantes de vérité. Le ton de l'elfe de la nuit n'était pas réprobateur, il évoquait un simple constat. Sa présence agissait comme un relaxant naturel et la sorcière trouva satisfaisant de l'observer à l'œuvre. Il broyait méticuleusement plusieurs ingrédients ensemble, ses gestes étaient précis et réguliers de celui qui répétait à l'infini les mêmes mouvements.
— Pourquoi tu as fait tout ça ? reprit-elle après un long silence propice.
— Tout ça quoi ?
— Tu as protégé le cristal alors qu'Eel, Garancia et Tengoku étaient prêtes à le voler et toi, tu as tout abandonné pour rester ici : ton poste de chef de garde, ta renommée, ton peuple... Tu aurais pu être le héros qui a créé le nouveau grand cristal et sauver Eldarya. Au lieu de ça, tu es considéré comme un traître et tu es méprisé par tes pairs.
Denreli afficha un léger sourire en coin, toujours concentré à sa tâche minutieuse.
— De ce que j'ai appris durant mes 462 années de vie, c'est que les héros ne sont que des illusions, comme tout à chacun, ils meurent un jour. Cela fait bien longtemps que j'ai arrêté de vouloir exister au sein de Garancia. Je laisse les fanfaronnades aux sylvestres.
Le peuple des elfes était divisé en deux races : les elfes de la nuit comme Denreli et les elfes sylvestres comme Orèl, les premiers étant bien plus rares que les seconds. Il n'y avait aucune différence entre leurs capacités, ils disposaient de la même longévité centenaire, de capacités égales au combat, dans la maîtrise de l'alchimie ou de cavalerie et une efficience intellectuelle supérieure aux autres races de Faeries. Leurs différences résultaient seulement dans leurs caractéristiques physiques. Alors que les sylvestres avaient la peau claire, blanche à diaphane, avec des yeux verts, bleus ou marron ainsi que des cheveux toujours lisses et de blonds à châtain ; les elfes de la nuit avaient une peau gris anthracite, des cheveux naturellement rouge et surtout de grands yeux ronds aux iris d'un jaune ou d'un orange pouvant être troublants.
— Tu ne portes pas les elfes sylvestres dans ton cœur, comprit Florelle.
— Disons que je n'apprécie pas leur mentalité.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Les elfes de la nuit sont très peu considérés à Garancia et même le fait d'être chef de la plus puissante garde alchimique d'Eldarya n'y changeait rien. Les sylvestres nous méprisent toujours autant.
— Pourquoi tant de différence pour deux races elfiques presque identiques ?
— Difficile à dire d'où proviennent la haine et la peur. Dans les Chroniques des Alfes, il est écrit que tous les elfes sont nés du Prime Arbre, l'Arbre de Vie qui traverse les mondes de ses branches infinies. Les sylvestres seraient les fruits du Prime Arbre, élevés par le soleil alors que les elfes noirs naîtraient parmi ses racines et grandiraient dans la terre et la vermine. Il ne faudrait sûrement pas que les deux sous-races s'unissent. Les métis sont encore moins considérés...
C'était la première fois que Florelle entendait cette histoire, même si elle connaissait le mythe du Prime Arbre et son importance au sein de la culture elfique. Elle-même trouvait une étrange résonnance à son vécu. Elle trouvait les elfes sylvestres comme Ezarel extrêmement prétentieux et méprisant...
— J'espère que tu ne retrouves pas ce genre de jugement ici...
— Non et c'est bien la première fois. Je suis toléré à ma juste valeur et pour mes propres actions.
Denreli leva la tête vers Florelle et lui adressa un regard jaune pétillant. Dans ses mains, il tenait une fiole et la petite boîte métallique qu'il avait remplie.
— Je t'ai donné du Doliflore mais il ne faut pas en prendre tous les jours, préconisa l'elfe de la nuit. Je te conseille de prendre deux gouttes de Mélitoine Rose avant de te coucher, cela devrait t'aider à dormir plus longtemps et limiter les maux de tête. A présent, une autre tâche lourde de conséquence nous attend.
— Tu as raison, allons-y. Je te remercie encore pour ton aide.
— Non, merci à toi Florelle Blackhill.
Florelle allait demander pour quelle raison l'elfe la remerciait mais après réflexion, il ne lui répondrait que d'un sourire mystérieux.
Ensemble, ils rejoignirent le Dôme, centre névralgique de l'organisation de Cierna. Très protégé, il contenait le coeur de tout Eldarya, le Nouveau Grand Cristal. Sa forme ovale ne présentait aucune imperfection, aucune aspérité. Son toucher était lisse et tiède et on pouvait presque entendre le battement d'un coeur en son centre, le coeur de tout un monde. Il était d'une couleur violine et strié de veinules bleues en mouvement sous la surface. C'était un spectacle incroyable que Florelle pouvait admirer pendant des heures et qui lui apportait toujours un grand bien-être.
Trois personnes attendaient leur arrivée. Mélina affichait toujours un sourire à la frontière de l'insolence. Son caractère était à l'image de ses cheveux en bataille et de sa tenue débraillée. Elle avait géré la cité soutenue par Nevra et de quelques autres pendant le coma transitoire de Florelle. Le vampire, qui avait intégré les rangs de Cierna, avait été une ressource précieuse. Il avait organisé avec rigueur le retour des Faeries après l'évacuation de la cité, avait réparti les individus, leur approvisionnement ainsi que la défense des murs. Sur ce point, le troisième individu présent n'y était pas pour rien non plus. Lorsque Florelle s'était réveillée, cela faisait presque 7 ans q u'elle ne l'avait pas revu. Elle avait été ravie mais pas surprise.
Lorsque la nouvelle de la renaissance de Cierna lui était parvenu, Cléan de Raev s'était retiré à l'extrême sud de l'archipel de Chaz, sur le territoire de Bandor. Il était devenu pêcheur, tenant sa promesse de ne plus jouer aux mercenaires. Il s'était accoutumé à une vie paisible mais il n'avait pas hésité une seule seconde à troquer ses filets contre les armes. Il avait coordonné les défenses de la cité, mis au point des stratégies en cas d'attaque et dirigé une première force armée rudimentaires avant l'instauration des premières gardes. Florelle savait qu'avec Debreli et ces trois là à ses côtés, elle était entourée des meilleurs.
— On a failli attendre, les taquina Nevra, les bras croisés sur sa poitrine.
Florelle hocha la tête, incapable de prononcer un mot. Le stress l'avait emplie du moment où Denreli lui avait rappelé ce qui était en jeu aujourd'hui.
Cela faisait deux mois que Cierna avait repris les négociations avec Eel et ses alliés et aujourd'hui, après de longues discussions, de nombreuses tensions et répressions de sa propre colère, tous étaient prêts à mettre un terme au conflit qui opposait les cités. Un accord de paix serait signé, actant plusieurs compromis que tous les partis étaient prêts à faire. Florelle considérait cet accord comme une victoire au prix de sacrifices, mais si la paix se maintien, alors ils n'auraient pas été vains. La diplomatie était une bataille de l'esprit et malgré la domination de Tengoku, de Garancia et d'Eel, la détermination de Cierna à exister n'avait pas faibli.
Escortés par plusieurs anciens gardiens de l'Obsidienne, Florelle, Mélina, Nevra, Cléan et Denreli se rendirent au lac d'Elin, symbole de cette nouvelle alliance malgré les trahisons passées. Sous la tente en toile blanche, seul point clair sur l'étendue d'herbe verte, Miiko était entourée de ses alliés : son père le Général Hôjo et chef de la garde royale de Tengoku, ainsi que son second, Kosuke qui n'était autre que le frère de la kitsune. Étaient présents aussi Orèl, chef de la garde archère de Garancia la cité elfique et Haung Cho, grand-mère de Huang Hua et matriarche du peuple des Phénix. Enfin, le seul sourire discret leur fut adressé par Leiftan, détendu malgré la tension ambiante. Les visages étaient graves, les regards scrutateurs du moindre élément qui viendrait perturbé la signature. Tous prirent place autour d'une grande table, à l'exception de Miiko. Avec des gestes solennels, l'Étincelante sortit d'un coffret, un lourd rouleau décoré d'enluminures dorées qui recensait tous les points débattus et actés.
Eel et ses alliés promettaient de ne plus prendre les armes contre Cierna si elle même jurait de ne pas utiliser le cristal comme une arme offensive envers eux. Personne n'avaient à redire que Cierna dispose de gardes à condition de limites le nombre de gardiens et surtout le nombre de sorcières. Seuls Florelle et Mélina avaient le droit d'accéder au rang d'officiers. Sans l'avouer, ils craignaient la création d'une armée de sorcière qui viendraient se venger de siècle d'exactions. S'en suivit un ensemble de traités commerciaux, de libre circulation des Faeries sur les territoires voisins, de ventes de terres agricoles, de mesures économiques diverses. Enfin, Florelle avait consenti à contre-coeur d'accepter parmi ses officiers deux gardiens qui auraient pour rôle, à la fois de les aider à la gestion de la cité et des gardes mais assurément à surveiller les dirigeants de Cierna et s'assurer qu'aucune menace ne vienne peser sur les autres cités. Ainsi tous les faits et gestes suspects seraient rapportés à Miiko mais puisque Florelle n'avait pas l'intention de nuire, elle voulait avant-tout montrer sa bonne foi. Ils s'étaient mis d'accord sur Leiftan et Huang Hua qui repartiraient avec eux débuter leurs nouvelles fonctions au sein des gardes de Cierna.
Personne n'estima avoir quelque chose à redire et tous signèrent dans un silence étouffant. Le temps s'éternisa de cs lourdeurs administratives qui n'en finissaient plus. Florelle avait chaud, comme tout le monde, le soleil au zénith venait catalyseur ses rayons sur la toile de la tente et elle pouvait voir des gouttes de sueurs roulaient sur les tempes et humidifier des cous.
— Bien, il semblerait que tout soit en ordre, conclut Miiko après une énième vérification. L'accord de paix est signé.
Florelle entendit Nevra lacha un discret soupire et le visage frais de Leiftan s'étira d'un sourire confiant, contrairement à celui d'Orel qui semblait se renfrogné au fur et à mesure des signatures. Huang Hua restait impassible, elle n'était sûrement pas enchantée de devoir intégrer les effectifs de Cierna mais en contre-partie, elle pourrait voir son frère qui grandissait à Cierna.
Les dirigeants des vénérables cités s'apprêtaient à se lever, retenue par Florelle qui souleva un dernier point, le plus fâcheux.
— Qu'en est-il de Lance ?
Elle avait du mal à même prononcer son nom. Son coeur se tordait de douleur dès qu'elle le prononçait mais elle devait savoir.
Le regard de Miiko trahissait son embarras, elle aurait aimé éviter le sujet mais il était impossible de ne pas évoquer le cas du dragon.
— Lance Valent demeure prisonnier d'Eel et à ce titre, il est retenu dans les prisons de la cité.
— Attendez, je pensais qu'en acceptant toutes vos conditions, vous pourriez revoir son cas.
— Il reste un traitre à Eel et il a tué son second...
— Qui avait tué son frère sérieux... se révolta Mélina. Vous voulez peut-être revenir sur ce sujet ?
Le regard noir de la kitsune vint fusiler la sorcière qui ne flancha pas.
— En aucun cas il n'était stipuler que la libération de Lance Valent entrait dans les négociations et son sort est entièrement indépendant de ce traité, clama le Général Hôjo. Mais si vous souhaitez revenir dessus, il peut être révoqué sur le champ.
Les tensions s'accrurent soudainement et les regards inquiets zieutaient la configuration des lieux, la position des amis et ennemis et les mains étaient prêtes à saisir les armes.
— Il est inutile de s'emballer.
C'était la voix douce de Leiftan qui usa un peu de sa magie aengelique pour calmer les esprits échauffés.
— Il sera encore bien temps de discuter de cette affaire.
— Il a raison Florelle, le traité est signé, pondéra Cléan. Partons.
Tous quittèrent la tente, chacun de leur côté, accueillis par une bise salvatrice mais qui ne faisait pas oublier le dernier point de tension.
— Qu'est-ce qu'ils lui ont fait ? questionna Florelle d'une voix blême.
— Lors de sa capture, il a reçu une flèche à l'épaule, l'informa Leiftan. En plus de la lui retirer sans ménagement, il n'a reçu aucun soin médical. Quand je pouvais, je lui faisais parvenir un peu de nourriture et de l'eau mais maintenant que je suis transféré à Cierna, je ne sais pas ce qu'il adviendra de lui.
— C'est-à-dire ?
Cléan et Mélina entouraient une Florelle de plus en plus fébrile.
— Je crains qu'ils ne l'oublient tout simplement en espérant que l'inanition fasse son oeuvre.
— Les enfoirés... jura Mélina qui tenait la main de sa cousine.
— Il y a quelques gardiens en qui j'ai confiance et qui n'apprécient pas plus que moi le sort réservé à un ancien chef de garde. Je leur demanderai de l'aider mais leurs actions risquent d'être limitées.
— Merci Leif'.
— Le mieux serait de demander une audience pour que son sort soit statué dans un tribunal de garde, intervint Nevra.
— Je n'en ai pas une bonne expérience, se souvint Cléan. J'ai moi-même failli passer par l'exécution.
Le renard faisait référence à son propre cas, accusé à tort de trahison, il avait été jugé. Il serait mort si Florelle n'avait pas convaincu Lance de le faire évader. Cette même option n'était pas envisageable sur ce coup là puisque Cierna saurait immédiatement où chercher et Leiftan et Huang Hua se trouveraient dans l'obligation de les dénoncer. L'accord fragile de paix serait alors bafoué et les conséquences seraient désastreuses, voire même, pourraient mener à la guerre.
— Que pouvons-nous faire ?
— Attendons déjà que les choses reviennent à la normale, proposa l'Aengel. D'ici quelques jours, les gardes de Tengoku et de Garancia vont quitter Eel. Miiko sera débarrassée d'un poids et nous reaborderons le sujet. N'oublie pas que nous avons encore des alliés à Eel.
— Mais nous avons aussi des ennemis...
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[Eldarya] [Lance]Le Sang des Sorcières
FantasyFlorelle est une sorcière sans pouvoir qui vit avec sa famille sur Terre. Les Blackhill constituent l'une des lignées de plus anciennes et puissantes d'Europe, et dont les légendes racontent la création du monde d'Eldarya. Entraînée par sa cousine...