Chapitre XV :

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Ama lâcha un gémissement digne d'un adorable chaton, elle venait à peine d'apprendre une merveilleuse nouvelle que sa mère venait lui gâcher la fête ! Elle lâcha Ace à contre cœur et se tourna vers sa mère, croisant les bras sur sa poitrine le regard froid. Sa mère ne lui rendit, étrangement, pas, ses cheveux blonds volant au rythme du vent, ses yeux bleu électrique évitant le regard de ses enfants, elle n'avait plus rien de la noble posture qu'elle avait autrefois devant eux. Autrefois elle aurait fusillé ses enfants du regard pour tant d'insolence, elle se serait tenue noblement et n'aurait pas permis que ses cheveux soient détachés, elle trouvait que cela faisait trop « rebelle ».

— Que voulais-tu donc ? demanda Ama trouvant le temps long.

— Vous parlez de votre père biologique, enfin, pas grand-chose, mais au moins deux informations essentielles, expliqua Caeta en s'asseyant sur les genoux., invitant Ace et Ama à faire de même.

— Donc ? fit Ace lorsqu'ils furent installés.

— Je ne vais pas faire de grands détours, Erso n'était qu'une parure, un mensonge, disons, que votre père était un ennemi directe des Invisibles et moi entre les deux. Bref, lorsque j'ai choisi de suivre votre père, Erso qui était mon supérieur, ne l'a pas agréablement pris, donc pour donner suite à deux ans de fuite, nous avons finis par être rattrapé, Ace tu étais trop jeune pour comprendre et Ama encore un nourrisson. Donc, ce jour est venu ou Erso nous a retrouvé, nous avons tenté tant bien que mal de nous en sortir, mais le seul moyen était de faire un échange, votre vrai père, contre Erso disons, expliqua Caeta de manière concise.

Ama se récapitula le tout dans la tête, son vrai père était donc ennemi des Invisibles, sa mère entre les Invisibles et le Conseil, mais lorsqu'elle a choisi son père ils se sont fait poursuivre, puis ils ont été retrouvés son père avait donc été emprisonné et Erso avait pris sa place de mari. Si elle avait tout compris c'était cela.

— Et donc ? demanda-t-elle.

— Donc Erso vous a élevé, je me devais de rester en retrait car, il me surveillais, le moindre faux pas aurait conduit votre père à la mort, j'étais obligée d'agir ainsi, expliqua Caeta.

— Et quelles sont les deux informations essentielles ? demanda Ace, il avait l'air de légèrement se ficher de tous les détails.

— Votre père se nommait Hunter Arialsom et... Il est décédé il y a quelques mois, soupira Caeta d'une voix brisée.

Le ciel sembla tomber sur Ama et Ace, bien heureusement ils étaient assis. Quelle injustice ! Ils venaient enfin d'apprendre qu'ils avaient la possibilité d'avoir un père aimant et il était mort ? Mais, le nom disait quelque chose à Ama... Elle n'avait aucun doute, ce nom, elle l'avait déjà entendu.

— Hunter Arialsom c'est l'homme qu'on devait sauver lorsqu'on t'as retrouvé ! s'écria-t-elle les yeux écarquillés.

— Exactement. Mais à ce moment là j'ai préféré ne rien vous dire, les murs avaient des oreilles, expliqua Caeta.

— Parce que tu crois qu'on va garder le silence peut-être ? cracha Ace avec rancœur.

— Non, ça je le sais bien, mais prenez garde, une oreille attentive peu être une bouche qui trahit, répondit Caeta en se levant d'un geste gracieux. Je me dois de me retirer, ils ont dû retrouver ma trace, mais nous nous reverrons je n'en ai aucun doute, reprit-elle avant de s'éloigner d'un pas raide, à l'opposé de la maison.

Ni Ama, ni Ace ne chercha à la retenir tous deux étaient trop choqués par ces nouvelles. Leur père était mort, sans le connaitre Ama ressentait un léger vide se creusait dans son cœur, elle n'avait jamais compris Harry lorsqu'il lui avait dit que ses parents étaient morts lorsqu'il était un nourrisson et que, pourtant, il en restait attristé chaque jour, désormais, elle savait ce qu'il ressentait. L'Hypnotiseuse soupira et posa sa tête sur l'épaule de son frère qui semblait tout aussi paralysé qu'elle.

— Quelle triste vie on mène, souffla-t-il dans un murmure en fermant les yeux.

Ama opina d'un très léger mouvement de la tête, elle ferma également les yeux, cherchant à se débarrasser du nouveau déluge de questions qui arrivaient. Trop tard. Comment son père était-il mort ? Aurait-il été ravi de les voir grandir, de les élever ? S'il avait été là tout se serait-il passé différemment ? Bien sûr que oui ! Elle n'aurait pas fuguer, n'aurait pas rejoint le Cygne Noir, n'aurait pas rencontré les sorciers.

— Tu connais l'expression le malheur des uns fait le bonheur des autres ? demanda Ama à Ace.

— Oui... ?

— Bah c'est vrai, sans toute cette histoire avec nos parents je ne serai jamais partie, je n'aurai jamais rencontrée Fred, George, Ginny, Luna, Neville et tout les autres. Donc c'est vrai, leur malheur à fait une partie de mon bonheur, confia-t-elle.

— C'est vrai, si tu n'avais pas fugué je n'aurais pas rencontré Ashley, ma petite amie, renchérit Ace soudainement songeur.

Ama ne rebondis pas sur le sujet et se contenta de sourire d'un sourire triste, malheureusement et heureusement ce dicton était vrai, la malheur des uns, faisait réellement le bonheur des autres.

Ama ne savait pas combien de temps elle était restée là avec Ace, à contempler le sol les yeux vitreux, ce fut seulement lorsqu'elle vit le soleil qui commençait à décliner à l'horizon qu'elle jugea qu'ils étaient en fin d'après-midi.

— On est resté toute la journée ici, planté comme des buissons, fit alors Ama à son frère en se redressant, chancelante.

— On aura éviter la curiosité des autres au maximum au moins, bougonna Ace en se levant à son tour.

— Je compte sûrement en parler à Ginny, je parlerai à Lise et Silver peut-être demain ou dans la semaine mais pas aujourd'hui, reprit Ama songeuse.

Elle n'avait pas le courage de confronter les humeurs maussades de Silver et Lise, elle avait plutôt besoin d'un fort caractère qui l'aiderait à mieux gérer le fouillis de son esprit, son frère acquiesça et ils purent retourner au Terrier où ils furent accueillis par Molly qui était visiblement inquiète.

Mais Ama était tellement dans son monde qu'elle n'écouta pas une seule phrase des réprimandes de Molly, lorsque cette dernière les eut finies Ama monta vite dans la chambre qu'elle partageait avec Ginny, cette dernière était assise sur son lit en train de lire un livre.

— Ginny j'ai besoin d'une oreille à l'écoute, déclara Ama en s'asseyant sur le lit, face à son amie.

La jeune rousse releva la tête de son livre et ferma ce dernier qu'elle posa au sol, elle ancra ensuite son regard brun dans celui bleu d'Ama, signe qu'elle avait toute son attention, l'Hypnotiseuse prit une grande inspiration et lui raconta tout.

— Je ne suis pas une excellente conseillère, tout ce que je peux te dire c'est que tu dois aller de l'avant, garder la tête haute, tu ne dois pas oublier non, mais tu dois vivre avec ce vide. Ce n'est pas facile je m'en doute, mais tu pourras toujours compter sur nous pour t'épauler, déclara finalement Ginny d'une voix brusque, mais douce.

— J'espère que tu as raison, c'est sûr que je vais avoir besoin d'aide pour le coup, avoua Ama.

Ce fut l'explosion pour Ginny qui se leva d'un bond en criant de joie.

— Ama a avoué qu'elle aurait besoin d'aide ! Ama a avoué qu'elle aurait besoin d'aide ! se mi-t-elle à chantonner en faisant une ronde dans la chambre.

L'Hypnotiseuse explosa littéralement de rire, un rire de nervosité se mêlait à son rire de joie, ses nerfs décompressaient et Ginny la faisait sourire ce qui lui faisait le plus grand bien. Quelques minutes plus tard, les jumeaux, Harry et Ron arrivèrent, assistant à une Ginny en train de danser et chanter.

— Elle a avoué qu'elle avait besoin d'aide ! Elle a avoué qu'elle aurait besoin d'aide !

Fred et George échangèrent un regard avant de regarder Ama, ils durent remarquer le léger éclat de tristesse qui brillait dans son regard bleu, car l'instant d'après ils dansaient et chantaient avec Ginny ce qui ne fit que créer l'hilarité générale.

Ginny avait raison, elle pourrait compter sur eux, s'ils savaient la faire sourire, mieux rire, dans un moment qu'elle qualifierait de critique, c'est qu'ils étaient des personnes de confiance. Ama le connaissait assez pour en avoir la certitude. Elle ne serait pas seule.

La Magie du Silence. Tome III : A la lisière de la guerre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant