12 - Briser la glace.

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       Le bar est magnifique, occupant une cave sublime, il y règne une ambiance chic et chaleureuse. Pascal, assis à une table, se remémore amusé la dernière fois qu'il a invité le beau mécano au resto et la riposte de ce dernier.

Il se sent nostalgique ces dernier temps, il a mal pris les refus systématiques de Florent et l'anniversaire de sa rencontre avec son regretté amour l'a enfoncé un peu plus dans le marasme. Alors il l'avoue, l'appel du bel homme est tombé à point nommé.

Alors il a tenté sa chance et il a eu raison ! Ce soir il va enfin pouvoir profiter de la présence de l'homme qui stimule autant sa curiosité (et sa libido).

-Salut. La voix basse et rauque de l'homme si viril lui parvient alors que ce dernier s'installe face à lui.

Pascal lève la tête et l'admire un instant, il est évident que celui-ci a fait un réel effort vestimentaire. Coiffé impeccablement, petite barbe courte taillée à la perfection, jean noir sur boots en cuir avec chemise perle foncée, le tout complété par l'éternelle veste en cuir.

Il est carrément baisable, le fils l'a tenté mais le père l'a définitivement charmé !

Celui-ci plonge son regard bleu profond dans le sien, dis-donc, il fait chaud ici non ? Reprenant consistance, Pascal hèle un serveur.

-Un Gin Martini pour moi, Florent ?

-Un Nikka, sec et sans glaçon bien sûr.

Merde alors, une vraie boisson de mec ! Pascal masque sa moue amusée à ce constat.

-Ça roulait bien à cette heure non ? Il engage la conversation pour mettre à l'aise le militaire.

-Nickel, 20 minutes, c'était fluide ! Tu n'habites pas loin non ?

-Juste à côté, Rue de Rivoli, un duplex sympa, si tu veux je te ferais visiter ? Lui propose le psy de son ton le plus suave.

Florent ricane, dis-donc il va vite en besogne lui non ?

-On verra bien. Évasif, Florent est imperturbable, au grand dam du psy.

La soirée est agréable, les deux hommes discutent tranquillement et pour la première fois, Pascal se confie à propos de Thierry. Il n'entre pas dans les détails, mais il apprécie la sobriété de Florent, sa compréhension et son écoute. L'homme ne tente pas de le consoler ou quoi que ce soit, il ne juge pas non plus, il écoute et c'est tout.

Ce dernier a vécu les guerres, vu le sang couler et les morts tomber. Il comprend à la perfection ce qu'a vécu son alter ego.

Ce moment est hors du temps, Pascal a enfin trouvé une personne de valeur à qui se confier, Florent joue au psychologue et ça le satisfait pleinement. Il se confie également sur son mariage et son naufrage, son ton ironique et enjoué masque ses blessures. Il a fait le deuil de sa petit famille parfaite et tourner la page définitivement.

Malgré tout, comment ignorer la tension palpable qui règne autour des deux hommes ? Les longs silences, les effleurements discrets mais répétés de leurs mains ? Leurs longs silences remplis de non-dits ? Les non-dits flottent au-dessus de leurs têtes, tel un nuage sombre.

Enfilant sa veste Florent suit Pascal dans la rue, la soirée est fraiche et le givre recouvre le trottoir désert. Les deux hommes se contemplent, silencieux, ils savent tous les deux que leur relation prend un nouveau tournant ce soir.

Prenant son courage à deux mains, Pascal attaque le premier, sincère et fonceur.

-Florent, tu sais que je suis gay ?

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