Revivre

7 - Guerre froide

Avertissement: Langage grossier...

      Florent rentre du garage et se pose enfin sur son tendre canapé, seul il ressasse. Une semaine est passée depuis la « surprise » de son cher fils, une semaine de tension et rancunier, le père compte bien faire durer les hostilités ! Aucune raison qu'il s'excuse, il se sent trahi et exige que Lucas s'explique, et bien entendu, aussi fier que son père ce dernier ne desserre pas les dents ! En effet chez les Durez, on est butés, alors chacun campe fermement sur ses positions.

Donc à la maison c'est climat de guerre froide, et pour l'avoir vécue, Florent sait ce que ça veut dire! C'est au premier qui craquera, mais avec ses nerfs d'acier, le plus vieux a une longueur d'avance, il va laisser mariner Lucas, après tout c'est ce dernier qui a besoin de lui et non l'inverse !

Non content d'avoir assisté à une scène "classée X" jouée par son fils, il fallait que le protagoniste soit un superbe mâle dominant. Florent revit chaque instant de cette surprenante rencontre et sa colère n'est pas retombée. Comment Lucas peut-il accepter de coucher avec un homme de son âge? Franchement il n'a pas trouvé mieux? Bon c'est vrai que le fameux Pascal n'est pas désagréable à voir. Le prof aux cheveux poivre et sel a un sourire de tombeur et un corps harmonieux, bien entretenu et c'est bien le souci.

Florent est très en colère, contre Lucas mais aussi contre lui-même, ce gars lui a retourné le cerveau ou quoi?

Et le voilà le fond du problème, clairement, que fait ce mec dans ses pensées depuis cet instant ? Que fait ce mec dans ses rêves pornos hein ? Voilà qu'à presque 60 balais, Florent doute d'une chose depuis sept longues journées. Est-ce normal de se repasser en boucle l'image du torse vigoureux de ce fameux Pascal? De repenser encore et encore à son regard dominateur et arrogant ? De s'imaginer à la place de Lucas, mais sérieusement! Il enrage littéralement, au fond du trou, il déprime à ces pensées, si décadentes.

Franchement ! Il en a vu des torses et des hommes virils dans sa carrière, l'armée c'est LE repaire de beaux gosses en tout genre, pas de place pour la pudibonderie dans les douches ou au dortoir...il ne compte plus les "culs nus" et les queues de tout genre qu'il a observés tout le long de sa carrière! Jamais de gêne ou d'attirance particulière pour lui à ce moment-là. Et pour la première fois, il n'est pas indifférent à la vue d'un homme, un mec comme lui. Il ne comprend pas cette fixation pour le « connard », la remise en question est très déstabilisante pour le quinqua.

Son fils l'aurait-il contaminé ? Ce serait drôle non ? Comme si l'homosexualité était une maladie, il en ricane tout seul, bien sûr que non !

Alors pour se rassurer, l'homme a passé ses soirées en charmante compagnie, féminine bien entendu, des petites parties de baise sans problèmes avec des amies de longue date et toujours prêtes à rendre service au beau militaire. Histoire de voir si tout va bien dans son pantalon de petit hétéro pépère.

Le constat est positif et pourtant, au final il bande bien, oui c'est ça, il bande pour ces femmes mais aussi pour le « connard » ! Le voilà le problème, pour la première fois de sa vie, Florent est sincèrement intéressé par un homme, un vrai, un gars avec une queue comme lui!

Bon il ne va pas se mentir, seul loin de chez lui très souvent, il a déjà eu des gestes «hygiéniques» avec des compagnons dans les rangs quand il était plus jeune, une petite branlette par ci, par là...

Rien d'important n'est-ce pas ? Et puis dans l'armée c'est mal vu les « tapettes », au risque d'avaler son bulletin de naissance.

À qui ment Florent?

***

Lucas passe la plupart de son temps à la fac désormais, ça tombe bien, dans deux semaines il a ses partiels. Bon la vraie raison c'est que l'ambiance à la maison le déprime au plus haut point, il aime trop son père pour continuer ainsi et il le sait. Il va craquer, mais d'abord il veut s'affermir, parler avec son géniteur sans se justifier. A 22 ans, il comprend enfin qu'il est temps de se prendre en main, oui il veut parler avec son père mais d'homme à homme, en tout cas il va tenter!

Avec Gabriel c'est compliqué, le blond ne lui adresse plus un seul signe et Lucas est très déçu. Dépité, il le regarde s'enfoncer dans la débauche, entouré d'un véritable harem, il a même eu vent de soirées « orgies » organisées par sa fraternité. Le jeune homme se demande ce que cache le beau et mystérieux blond, mais il ne se sent pas le courage de l'approcher, pour le moment.

Concernant Pascal, l'ambiance est bon enfant, surtout depuis qu'il n y a plus d'enjeux amoureux ou sexuel, les deux hommes se découvrent bon amis et ils échangent beaucoup. Lucas adore entendre l'ainé parler de sa vie, bien remplie, de toutes ses péripéties mais aussi de ses doutes parfois.

Il le remercie surtout, derrière les apparences, Lucas découvre un homme fragile et brisé, en colère suite à la perte d'un conjoint aimant. Même si le plus vieux ne lui dit pas tout, Lucas ressent sa solitude et son manque, quel Amour si puissant a-t-il pu vivre pour souffrir autant? Même deux décennies plus tard.

Un détail le chiffonne cependant, ahuri il constate que régulièrement la conversation dévie vers son père, et oui Pascal l'a mauvaise ! Rancunier, il tente souvent la critique mais Lucas contre toutes ses joutes, on ne touche pas à son papa.

Avec le recul, le plus jeune commence à douter, c'est quoi toutes ces foutues questions sur son paternel ? À se demander si le plus vieux n'a pas un crush, comme une gamine il en bave sur son papa militaire ou quoi ?

Lucas sourit à cette idée, puis se fige d'un coup et une ampoule apparait au-dessus de sa tête. Abasourdi, il se renfrogne sur son siège de la bibliothèque, et si c'était ça ? Son prof a craqué pour son père et il prépare littéralement un plan d'attaque! Il se demande s'il doit s'inquiéter, en réfléchissant aux deux personnalités, il en conclut que oui.

De toute façon, son papa c'est un pur hétéro, pas le genre à virer homo non? Lucas rigole sincèrement à cette idée, saugrenue.

***

Encore merci pour vos commentaires, j'adore! C'est un vrai plaisir.