[Partie 1] Chapitre 10 :

24 3 8
                                    

Raym n'avait eut pas le choix. Il avait été traîné de force hors de chez lui par sa cousine, Jamila. De ce qu'il avait compris, cette dernière tenait absolument à lui présenter des gens. Mais qui ? Pourquoi ? Il n'en avait aucune idée.

Il avait cessé de ronchonner depuis quelques minutes déjà, en constatant que la Développaliste n'avait cure de ses grognements. Le trajet se déroulait donc silencieusement, les questions de l'homme n'obtenant aucune réponse. Chaque information viendrait en temps voulu, et pas avant. Il ne servait donc à rien de multiplier les demandes.

Ce trait de caractère de laisser les demandes sans réponses tant qu'on ne l'avait pas décidé semblait assez fréquent chez les Développalistes. Comme si cela provenant de leurs études ou de leurs enseignements.


En arrivant sur la plage, Raym râla une énième fois, pestant contre le sable s'infiltrant dans ses chaussures. Sa cousine ne réagit pas, lassée, et leva les yeux au ciel en signe d'exaspération par ce comportement puéril. Elle se contenta simplement de souffler un discret :

– Nous sommes bientôt arrivés.

Malgré tout ce qu'il semblait démontrer, l'homme ne fut pas satisfait par cette déclaration. Bien au contraire, il aurait préféré que le trajet s'éternise, ou même n'aboutisse jamais. Il aurait préféré ne pas aller là où le traînait sa cousine, ne pas rencontrer ces personnes, et rester terré chez lui. Et tant pis pour la « solution » à ses problèmes.

Ce n'était pas tant qu'il redoutait cette rencontre, car cela ne l'importait peu. Mais il ne voulait pas mettre le nez dehors. Oui, il aurait préféré rester dans son trou, et ne pas risquer de croiser son ancien entourage.

Il ne voulait pas sentir leurs regards ni s'obliger à prendre des nouvelles ou à sourire, par politesse. Il ne voulait pas qu'on lui demande comment ça allait, pourquoi n'était-il pas sorti ces derniers temps. Il ne voulait pas entendre parler d'Alen, qu'il avait enfin réussi à chasser un minimum de ses pensées. Il ne voulait pas entendre ni répondre aux questions à son sujet ; où était-elle – il l'ignorait –, que se passait-il entre eux, pourquoi s'étaient-ils séparés.

Et bien qu'il ne l'aurait jamais avoué – il peinait à l'accepter lui-même –, il s'agissait d'une peur, grandissante de jour en jour, une peur des gens et des relations sociales. Et c'était cette peur qui le poussait à rester confiné dans sa maison.


Au bout d'un moment, ne regardant pas devant lui, le Développaliste percuta sa cousine de plein fouet. Cette dernière lui jeta un regard noir avant de s'écarter. Ce fut alors que Raym réalisa qu'ils étaient arrivés.

Ils venaient d'atteindre une terrasse, au bord de la plage, sur laquelle une multitude de chaises et de tables s'étaient sous ses eux. Et juste devant eux, un groupe de six adolescents les dévisageaient. Enfin lui n'était pas mieux qu'eux après tout.

Il y avait deux filles et quatre garçons, tous âgés d'une quinzaine d'années.

– Hey ! s'écria Jamila. J'ai besoin de votre aide.

Leurs interlocuteurs les saluèrent à leur tour de bon cœur, ne parvenant néanmoins pas à cacher leur surprise de voir la Développaliste ici et leur parler avec autant de franchise.

– Comment savais-tu que nous serions ici ? l'interrogea l'un des garçons à la chevelure aussi noire que le pelage d'un corbeau.

– J'ai échangé avec Fleur, raconta Jamila en désignant une blonde assise non-loin.

Celle-ci esquissa un petit sourire en se tournant vers les deux adultes.

– Elle ne m'avait pas dit de quoi il se retournait, se morigéna-t-elle avant que son visage ne se fende d'un immense sourire visiblement sincère. Je savais seulement que nous devrions illuminer de nos génies d'importantes questions qui ne cessait de triturer les méninges de son cousin.

Octo/ tome 2 • L'appelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant