Cela faisait un mois que Laëticia avait renoué avec Natilma. Elle avait revu ses parents, malgré l'interdiction du gouvernement et tentait encore de quitter le Pensionnat afin de les retrouver entièrement. Elle venait de faire sa rentrée à l'école pour la première fois de sa vie, les Sortilistes de moins de dix ans n'y ayant pas accès. Comme les adolescents de son âge, elle avait intégré la classe des cinquièmes années et tentait de faire face à ses lacunes. Peu de gens ne savaient réellement qu'ils avaient affaire à une Ménas, le gouvernement ayant préféré dissimuler l'information, du moins pour le moment.
La jeune fille avait également repris contact avec son amie d'enfance, Léa, avant de rapidement s'en éloigner. Léa était devenue tout ce que la société avait voulu qu'elle soit. Comme si tous les clichés de la gente féminine lui avaient été attribués. Faisant partie d'un groupe de filles toutes plus égocentriques et mièvres les unes que les autres, elle semblait parfaitement à sa place et à son aise.
Laëticia passait donc le plus clair de son temps à coller Megan, que celle-ci se trouve avec Playi et les autres ou avec Ioan. Il s'agissait d'ailleurs des temps qu'elle préférait, considérant le beau Ioan avec respect mais surtout, avec admiration. Mais il arrivait parfois que l'Éolikinésiste la délaisse sans la moindre explication, retrouvant sans doute les bras d'une quelconque conquête avec qui elle passerait de merveilleux moments. La Ménas traînait alors avec Fleur, sa deuxième colocataire – Playi lui ayant laisser la place pour aller vivre avec sa famille biologique.
La bande des trois filles l'avait plutôt bien intégrée bien qu'elle demeure généralement silencieuse. Elle apprenait à aimer ces moments où tous rigolaient ou bavardaient joyeusement. Et elle trouvait toujours quelqu'un avec qui se retrouver – lorsque les couples se formaient par exemple – afin de ne pas rester seule.
Il n'y avait que Zachary qu'elle ne parvenait réellement à cerner. En effet, le jeune homme paraissait plus que méfiant vis-à-vis d'elle et ils n'avaient échangés tous les deux que très peu de mots.
Elle s'était également quelque peu rapprochée d'Illian avec qui elle travaillait en cours de Sorts. Leur professeur avait été plus que conciliant en apprenant le véritable don de l'adolescente et avait promis de garder le secret. Il ne pouvait néanmoins pas l'aider à le travailler et elle passait donc la plupart de ses après-midis à combler ses lacunes scolaires auprès de Mademoiselle Penny, son institutrice d'antan. Et lorsqu'elle se rendait réellement en cours de Sorts, elle se contentait d'analyser les méthodes des Mentalistes, eux qui étaient les Opposés de ses ancêtres.
Un beau jour de début septembre, alors que le soleil illuminait le ciel, le rendez-vous était à la plage. Les cours avaient terminé à midi et le week-end commençait. Tous s'y trouvaient, même Ioan. Et une fois que le repas fut expédié, les vêtements valsèrent et tous coururent se baigner.
Laëticia ne resta que très peu avec les autres, guère habituée à cet effet de masse. De plus, elle n'était pas très à l'aise avec son corps – pourtant d'une minceur admirable. Elle s'isola donc de quelques pas, gouttant à la pression de l'eau sur sa peau.
Elle ne s'était pas vraiment baignée, sur Setchâ, sauf de nuit et de façon très très occasionnelle. Pour sa toilette, elle se contentait de se frotter avec ses anciens vêtements servant de chiffons à l'aide de l'eau recueilli dans un quelconque récipient. Parfois, elle avait eu droit à un morceau de savon, les subtilisant au village des Ménas lors de ses quelques excursions nocturnes.
Sur la plage, les autres adolescents lui jetaient un œil de temps à autre mais préféraient ne pas la brusquer quant à sa sociabilisation. À un moment donné, l'un d'entre eux constata avec effroi que la jeune Ménas semblait s'être évanouie.
Après la brise de panique, les garçons la ramenèrent sur la terre ferme et tous se séchèrent furtivement en tentant de la réveiller. Lorsque la jeune fille, au centre de l'attention, papillonna enfin des paupières, la première chose qu'elle vit fut le visage du beau Ioan et elle manqua de défaillir à nouveau. Elle prit donc le temps de s'asseoir en respirant calmement alors que huit paires d'yeux la fixaient.
– Je... L'île m'a appelé, commença Laëticia d'une voix blanche.
– L'île ? l'interrogea Natan.
– Comment ça « appelé »... ? renchérit Fleur.
– Je l'entends dans ma tête.
– Tu l'entends ? L'île ?
– Oui. Elle m'appelle.
– Natilma ?
– Non. Piekrah.
– Pie... Piekrah ?? Mais il n'y a rien là-bas.
– Aucune idée. Mais oui, Piekrah.
– Comment sais-tu que c'est l'île ?
– Ce n'est pas un langage Sortilien. C'est une intuition, une pensée, qui me revient en boucle. Elle... Elle a besoin de moi. Je le sais.
– Mais... Besoin pour quoi ?
– Je n'en sais rien. Mais je ressens son manque.
– C'est chelou un peu nan ?
– Ce n'est pas la première fois que ça arrive, reprit Laëticia sans prêter attention à la remarque du Luméniste.
– Comment ça ?
– Et bien j'ai déjà ressentis ce genre d'appels. De nombreuses fois même.
– Depuis quand cela t'arrive-t-il ? la questionna Playi, très intéressée.
– La première fois, c'était lorsque j'ai guéris Eraflu, mon jaguar. Je venais d'avoir dix ans. Et depuis, je ressens cela régulièrement ; chaque fois un peu plus fort. Et là, l'appel était tellement puissant que...
– Que tu es tombée dans les pommes, termina la Pyrokinésiste.
– Voilà.
– Et donc, on fait quoi avec cet appel, là ? demanda Sloum avec une pointe de sarcasme.
– On y va, lâcha subitement Laëticia. Enfin, moi j'y vais.
– Mais euh... Pour quoi faire ?
– On verra. Mais j'en ai marre d'entendre cette voix dans ma tête.
– Et puis il y a forcément une raison derrière cet appel, éluda la fille de Fred Wills. Peut-être même est-ce en lien avec la Clé de Gué...
– Qui vient ? questionna alors Zachary. Playi je suppose...
– Évidemment ! s'écria celle-ci. On ne va pas la laisser seule à Piekrah !
– Mais euh... Vous pensez que le gouvernement va nous autoriser à y aller ? s'inquiéta Natan.
– En soit, suggéra l'Éolikinésiste. Ils ne sont pas obligé de le savoir...
– OK. Oui il y a moyen de trouver de quoi nous couvrir.
– Et... Pour la puce ? s'interrogea la jeune Ménas.
– Ils ne la regardent pas, assura Megan. La puce ne sert que si tu disparais ; afin que l'on puisse savoir où tu es détenue.
– Et qu'allons-nous faire là-bas ? demanda à nouveau le Télékinésiste.
– On avisera sur place, s'interposa Playi en adressant un sourire complice à Laëticia.
Cette dernière la remercia en inclinant la tête puis tous se levèrent afin de se disperser et de rentrer au Pensionnat ou dans leur foyer. L'affaire était close ; ils iraient sur Piekrah.
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Octo/ tome 2 • L'appel
ParanormaleTome 2 ⚠ ATTENTION, risque de spoil ‼️ OCTO TOME II : L'APPEL Nos huit héros ne sont maintenant plus que sept. Face à eux, la Clé Ensorcelée, munie d'objectifs plus flous les uns que les autres, est prête à tout pour parvenir à leurs fins. Le somb...