[Partie 1] Chapitre 4 :

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Raym découpa un énième article de journal et le colla précautionneusement dans un grand cahier gris. Collectionnant ainsi les quelques informations sur la Clé Ensorcelée, il avait recueilli de nombreux détails avant de songer à un élément important. Quelle était la raison de ce nom si particulier ?

Il y avait forcément une raison. Alors, il tenterait de la trouver. Pour cela, il se rendit à la grande bibliothèque de Natilma dans laquelle il entama ses recherches. Il imprima certains passages qui l'intéressaient et les colla à leur tour dans son cahier. Il passa ainsi plusieurs jours – voire plusieurs semaines – à œuvrer dans la bibliothèque, lisant encore et encore tout ce qui lui paraissait important. Cette activité lui permettait de ne pas penser à sa rupture récente encore gravée comme sur du marbre dans son cœur.

Le temps s'écoula lentement, tel du sable dans sa prison de verre. L'homme ne s'arrêta pas, poursuivant méthodiquement ses lectures.

Il arrivait tôt le matin dans la bibliothèque et lisait jusqu'à la fermeture. Alors, il empruntait ses lectures non terminées et achevait son travail tard dans la nuit. Il aurait préféré ne pas rentrer chez lui car rester seul dans son foyer lui était devenu insurmontable. Mais il n'avait pas le choix.

Heureusement, sa chère cousine avec qui il était très proche, remarquant son absence sur leur lieu de travail commun, passa lui rendre visite un soir sans prendre la peine d'annoncer à l'avance sa venue.

En l'apercevant juste sous ses yeux, Raym sursauta et parvint enfin à détacher son attention de ses occupations et s'exclama :

– Jamila ! Qu'est-ce que tu fais là ?

– Salut cousin ! Je n'ai pas eu de nouvelles ; je me suis inquiétée. Alors ça ne va pas mieux depuis ton coup d'appeleur de la semaine dernière ?

Un appeleur correspondait à un portable humain servant uniquement à téléphoner. Les messages ne passaient pas par ce biais. Pour cela, il fallait utiliser un papier magique nommé texteur.

– Ça va. Je m'occupe comme tu peux le voir.

La jeune femme aux cheveux sombres et toute vêtue de d'une étrange matière ressemblant à du cuivre adressa un regard aussi triste que blasé à son cousin avant de décréter en soupirant :

– Il faut que tu sortes de chez toi Raym...

– Je passe mes journées à la bibliothèque...

– Ça ne suffit pas ! Il faut que tu sortes, que tu reprennes tes activités, ton travail ; TA VIE !

– Ne crie pas s'il te plaît ; je suis fatigué. Et je sais tout cela.

– Mais je suis sérieuse Raym ! On a besoin de toi au bureau des Développalistes.

– Je sais.

– Bah oui mais tu ne te bouges pas le cul ! Agis !

– Ne t'inquiète pas. J'ai bientôt fini. Ensuite je sortirai. J'en aurais besoin de toute manière.

Sa cousine stoppa le flot énervé de ses pensées pour questionner, sceptique :

– Qu'est-ce que tu auras bientôt fini ? Sur quoi travailles-tu depuis toutes ces semaines ?

Sans prononcer le moindre mot, l'homme se contenta de lui mettre le grand cahier sous les yeux, fournissant ainsi toutes les réponses. Jamila s'assit en silence également et lut. Elle passa de longues minutes à feuilleter tous les articles, un par un, les yeux plissés.

Quand elle eut terminé, elle reposa le travail et demeura un moment silencieuse, les yeux grands ouverts, le regard fixé en face d'elle vers un point imaginaire. Lorsqu'elle se tourna enfin vers son cousin, sa voix avait prit un timbre rauque.

– C'est de la folie.

– Non, la contra Raym. C'est de la générosité ; de l'envie d'aider.

– Je...

Le son de sa voix s'éteignit dans un murmure. Elle inspira une large bouffée d'air avant de poursuivre :

– Il faut absolument que je te fasse rencontrer des personnes.

Une lueur horrifiée apparut dans le regard du jeune homme.

– Quoi ? Qui ? Pourquoi ?

– Calme-toi Raym.

– Tu me crois fou c'est ça ? Tu veux m'emmener voir quelqu'un ? Parce que tu crois que j'ai perdu la raison ? C'est ça ? Hein, c'est ça ?

– Calme-toi Raym. Je ne parlais pas du tout de cela. Arrêtes de voir le mal partout. Au contraire, je te trouve très motivé et généreux.

Le Développaliste ne répondit rien mais son regard demandait avidement la suite.

– Des personnes avec le même objectif que toi, expliqua la jeune femme. Sérieux. Peu disponibles à cause de leur cours mais sérieux.

– À cause de leurs cours ? releva son cousin.

– Ce sont des enfants, crut bon de préciser la jeune femme. Enfin, des adolescents plutôt. Ils sont aussi déterminés que matures. Je pense vraiment que tu peux leur faire confiance.

Jamila obtint alors toute l'attention de Raym.

Octo/ tome 2 • L'appelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant