Réflexion

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Une semaine.

C'est le temps passé depuis que j'ai découvert mon héritage familiale et j'ai refusé d'entrer dans le clan russe. Je ne deviendrai pas un agent secret après avoir été une 'meurtrière', cela n'a aucun sens.

Alek et Camille sont entrés dans une profonde colère, me disant que je suis indigne de mon nom et de mon père. C'est peut-être vrai, mais trop de personnes que j'aimais sont mortes à cause de moi ou de leurs idéaux.

Après mon énième refus, ils a fait poster des agents tout autour de la maison de Maggy et de la villa des Smith. Même quand je me déplace en ville, je sens leur présence. Ils sont discrets certes, mais mes sens se sont considérablement développé depuis que le dernier passage à tabac d'Andrew.

J'ai d'ailleurs appris que c'était Alek qui l'avait empêché de me tuer lors de ce tournoi. Maintenant je reste sous la protection de Maggy et de Camille. Je ne sais pas pourquoi, puisque je suis toujours dans le clan américain. Tant que je le serai Andrew ne fera pas de mal à ma sœur, même si elle n'a probablement plus besoin de mon aide vu qu'elle est une agent secrète.

Je ne sais plus où j'en suis dans cette histoire, ni même quel est mon rôle exactement. Tout le monde semble attendre quelque chose de moi, mais quoi ? Et surtout pourquoi ? S'ils veulent un personne de sang Obliev, Sofia est encore en vie et est déjà formée à l'espionnage. Alors pourquoi moi ?

Mille questions se fracassent dans mon esprit. J'essaie tant bien que mal de passer à autre chose et de me vider la tête au travers des échecs. Je continue les concours sous le regard perplexe des hommes de mains d'Alek et des amis d'Andrew.

Un sentiment de guerre froide me glace la colonne vertébrale, car je sais que je suis impliquée jusqu'au cou contre mon grès. Mon sang et ma naissance me destine à quelque chose que j'ignore et dont je ne veux pas faire partie.

Je pense régulièrement à Clémence et comment j'aurais aimé qu'elle soit ici. Je n'arrive toujours à me faire à l'idée que ce n'était pas elle que j'avais vu le jour où j'ai été percutée par une voiture. Clémence est trop reconnaissable. Sa taille fine, ses cheveux blonds, son maquillage léger mais parfaitement ajusté et ses yeux bleus profond, s'incrustent dans votre esprit que vous soyez un homme ou une femme. Aimant lire, je l'ai souvent comparée à la championne de Beauxbâtons dans Harry Potter. C'est le même genre de femme, issue de l'aristocratie française.

J'ai vu le château exploser. J'ai vu les gros titres annonçant la mort de l'héritière de la famille de Brynes. Elle me manque.

Puis je pense à Sofia. Elle est partie sans se retourner, me laissant seule sans aucune aide de mon propre sang. Je ne sais pas comment réagir. Je lève les yeux vers le ciel en espérant un signe de papa ou de maman... Un seul petit signe sur ce que je dois faire. Mais il n'y a que le silence qui me répond et m'oppresse.

Je pousse un cri et frappe le mur avec mon poing de colère. J'attrape ma veste et veux sortir en courant de la maison de Maggy, mais je suis retenue par elle sur le pas de la porte.

"Où vas-tu Natalya ? Il est déjà très tard..." me demande Maggy, inquiète.

"J'ai besoin de respirer et de trouver qui je suis Maggy. Ne t'inquiète, tout ira bien."

Elle hoche la tête et me laisse partir. Je sens son regard glisser sur moi, tout comme ceux des agents d'Alek. J'ai emmené mon couteau, au cas où les amis d'Andrew voudrait jouer avec moi ce soir. Qu'ils viennent. Je suis prête à les affronter et à venger tout ce que j'ai perdu à cause d'eux.

Je décide de passer par les toits pour échapper à la surveillance des agents russes. Mon agilité les sème rapidement. Quand je suis sûre qu'ils ne me suivent plus, je m'assois près de la cheminée d'une maison. La lumière de la pleine lune me rappelle la beauté de maman sur son portait du médaillon qu'Andrew a détruit. Des larmes me montent aux yeux.

"Elle doit être tellement déçue de moi. Et papa et oncle Sergueï aussi..." me dis-je. "Et Clémence... J'ai fait tout le contraire de ce pourquoi elle m'avait si gentiment accompagnée lors de ma venue en Amérique... J'ai trahi tout le monde par égoïsme et aveuglement. Sofia est partie et je n'ai plus aucune nouvelle d'elle. Je suis seule. Seule sous l'éclat de la pleine lune.

Un petit bruit me fait tourner la tête. Juste un chat.

"Oh mon Baloo, qu'est-ce que tu me manques aussi toi... Tu serais tellement navré de voir ce que ta maîtresse est devenue..." dis-je pour moi-même dans un sanglot.

Après une heure ou deux à pleurer dans ma solitude, le vent légèrement glacial me convainc de retourner à la maison. Mon corps et mon esprit ne sont toujours pas d'accord. L'un voulait rentrer au chaud, l'autre était irrémédiablement attiré vers la villa des Smith.

"Pourquoi retournerais-je là-bas ?" grogne-je.

La villa apparait bientôt devant mes yeux. Toutes les lumières sont éteintes. Il n'y a aucun bruit. Mes jambes bougent avant ma pensée et me guident vers la porte du garage que je connais bien, puisque j'avais l'habitude de revenir de missions par là.

J'entre dans le salon, toujours silencieux. Les Smith ne doivent pas être là. Andrew doit être sorti lui-aussi. Je scrute la pièce en m'habituant à l'obscurité et en évitant toutes les grandes fenêtres. Réflexe ressortant des missions je suppose.

Ne sachant pas trop ce que je fais ici, je décide de partir avant que quelque chose de mal ne m'arrive et je n'ai définitivement pas besoin de cela maintenant. En m'éloignant, une toute petite lumière sur un mur attire mon œil. Une lumière dorée, qui n'avait rien du reflet de la Lune que je pouvais apercevoir un peu partout dans le salon.

Je m'approche lentement de cette lueur jaune puis en cherche l'origine. Je comprends qu'elle provient de la cheminée que Daniel a ramonée avant que je ne parte. Je prends le tisonnier près de la cheminée et fouille un peu les cendres incrustées dans la pierre. Je m'agenouille pour avoir une meilleure prise sur ce que j'essaie de retirer. Finalement j'attrape un objet que je ne m'attendais pas à revoir.

Mon médaillon...

Parmi les portraits présents à l'origine il n'en reste qu'un seul, lui-même presque disparu. Je reconnais la robe.

"Maman..." murmure-je en caressant précieusement ce qu'il reste de son portrait.

Je me tiens là à contempler le bout de médaillon quand mon doigt soulève involontairement le papier du portrait. Je fronce les sourcils en soulevant doucement le papier. Celui-ci s'enlève lentement mais facilement à ma grande surprise.

Au dos du portrait brûlé de maman, il y a ce que je cherche depuis des jours. Je lis et relis les mots qui sont gravés. Ils sont l'indice que j'attendais pour que tout s'éclaircisse en moi.

Je me relève plus déterminée que jamais à suivre ce que je viens de lire.

Je sors de la villa en prenant soin de tout remettre comme avant et retourne chez Maggy. Je ne suis pas choquée de la voir assise sur une chaise dans l'entrée. Elle a ce petit sourire sur le visage qui me montre qu'elle sait déjà ce qu'il vient de se passer. Si la plupart du temps, j'ai un coup d'avance sur les gens, Maggy en a deux sur moi.

Je m'avance vers elle puis arrivée à sa hauteur, je pose ma main droite sur mon cœur.

"Quel est ton choix ?" me demande-t-elle.

Un silence plane un peu entre nous, mais j'étais désormais sûre de ce que je devais faire.

"Apprenez-moi ! Je serai le plus puissant agent de la Sainte Russie."

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant