Le retour d'Andrew

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Après moultes péripéties me voici avec Andrew, dans un avion en direction des Etats-Unis. Nous avons laissé Charles et Ella lorsque nous avons quitté la France.

"Nous nous reverrons bientôt." m'ont-ils dit chaleureusement avant de partir.

Pourtant, notre départ pour les Etats-Unis a failli ne jamais avoir lieu. Alors que nous roulions vers la frontière italienne, des échanges de coups de feu ont eu lieu. Les agents qui nous couvraient, se sont enfui le plus loin possible de nous pour nous permettre de partir et à notre grande surprise les hommes de Guillaume les ont traqués eux. Nous nous sommes vraiment sentis en sécurité que lorsque nous sommes arrivés en France.

Quoi qu'il en soit, nous sommes maintenant partis pour Washington. Les médecins militaires présents à bord s'occupent d'Andrew et de moi. J'ai quelques blessures mais rien comparé à Andrew. Philippe, le médecin qui est en train de me recoudre la tempe et l'épaule, me félicite pour mon plan assez ingénieux.

"Diviser pour mieux conquérir. C'est la base de toute stratégie militaire, quand nous sommes en infériorité numérique." dis-je en souriant.

"Je vois que vous êtes très au courant des méthodes d'espionnage et d'actions."

"Je viens d'une famille d'agents secret. J'ai eu pour amant et pour meilleure amie, deux agents d'élite. Donc que vous voulez que je sois ?"

"En effet." répond Philippe en riant. "Mais je suis surpris de votre connaissance en matière de stratégie militaire."

"Pendant que je faisais les basses besognes de Guillaume, j'ai commencé à lire plusieurs œuvres de chef de guerre. Puis Maggy m'a poussée à lire celles de Sun Tzu, Machiavel et Clausewitz. Puis j'ai étudié les plus grands stratèges de l'Histoire."

"Qui sont ?"

"Alexandre III de Macédoine, Hannibal Barca, Napoléon Ier de France et Võ Nguyên Giáp. Et bien sûr, les deux grands héros et stratèges russes : Mikhaïl Koutouzov et Gueorgui Joukov."

"Impressionnant." dit Philippe les yeux écarquillés.

Je souris poliment en attendant qu'il termine de me soigner. Mes yeux sont posés sur Andrew. La ressemblance avec Guillaume est frappante. La copie est pratiquement conforme. Guillaume a dû masquer leurs différences en étudiant attentivement Andrew avant de l'enlever. La torture a dû être un excellent moyen pour Guillaume d'apprendre ce qu'il voulait.

Je finis par m'endormir sous l'effet des anti-douleurs. Je ne me réveille que lorsque nous avons atterri. Deux voitures viennent nous chercher. L'une me conduit au Quartier Général et l'autre emmène Andrew dans un lieu à part pour recevoir les derniers soins et pour éviter qu'ils ne voient nos bureaux.

Une fois dans mon bureau, je fais un bref point de toilette et me change rapidement. Je reprends mes armes et me rends dans la salle de debrief. J'apprends que Sofia est occupée à traquer les hommes de Guillaume et qu'elle a fait du bon travail durant mon absence. Apparemment, elle a fait des ravages au sein du clan ORAN en éliminant la majorité des hommes plus importants et des plus puissants de Guillaume. Markus a été obligé de faire venir des hommes de Los Angeles, de Chicago, de New-York et de San Francisco pour pallier les pertes.

Je pense que savoir pourquoi ils se battent, a totalement galvanisé mes agents. A mon tour de faire échec au Roi.

Ces bonnes nouvelles me mettent de bonne humeur. Je décide qu'il est temps de ramener Andrew chez lui. Je sors du Quartier Général et monte dans ma voiture. Je passe le chercher puis conduit vers la villa des Smith.

Je jette des coups à d'œil à Andrew de temps en temps. Cela fait plus de six ans qu'il n'est pas rentré. Plus je me rapproche de la villa plus je peux le sentir se raidir. Je ressens un curieux mélange de colère, de déception et de tristesse. Il sait que ses propres parents n'ont pas vu et fait la différence entre Guillaume et lui.

Il passe le temps du trajet à regarder le paysage. Je finis par arriver à la villa et je me gare dans la rue attenante.

Andrew sort après moi et reste derrière pendant que je sonne. Daniel ouvre la porte et sa mâchoire touche le sol lorsqu'il aperçoit Andrew derrière moi. Sa bouche s'ouvre et se ferme mais aucun mot ne sort. Il s'écarte pour nous laisser entrer et s'éloigne pour aller chercher Monsieur et Madame Smith.

Andrew se tient là, debout au milieu du salon. Il analyse le moindre recoin de la pièce avec autant de soulagement que de rancœur. Pendant qu'il fait le tour du salon, je me place dans un coin loin de toute fenêtre et des tirs de snipers.

"Rien n'a changé ici." marmonne Andrew pour lui-même et je fais semblant de ne pas avoir entendu.

Les minutes passent. Je suis sur le point de dire quelque chose mais je suis interrompue par les parents d'Andrew, se précipitant dans le salon. Andrew redresse son menton et gonfle sa poitrine en signe de défi.

"Mère."

Madame Smith, en larme, court vers lui pour le prendre dans ses bras. Son fils reste de glace malgré une forte envie de pleurer lui aussi. Monsieur Smith, quant à lui, n'a pas bougé d'un pouce. Je peux voir l'hésitation et la culpabilité dans ses yeux.

"Père." dit froidement Andrew.

"Andrew." murmure-t-il en s'approchant d'un pas tremblant.

"Je ne vous remercie pas pour votre inaction et votre incapacité de reconnaître un usurpateur de l'identité de votre propre fils." répond sarcastiquement son fils.

Madame Smith est partagée entre sa culpabilité et sa joie de retrouver son fils.

"J'ai été sauvée par une femme que vous avez méprisée. L'argent semble plus important que votre propre sang. Mais je n'attendais rien de moins de vous."

Andrew continue sa cinglante diatribe et ses parents ne peuvent contrer ses arguments puisqu'ils sont vrais.

"Mon fils, je-"

Monsieur Smith tente de parler mais Andrew l'arrête d'un seul geste.

"Je ne veux rien entendre de vous. Je suis seulement venus vous dire que votre fils est en vie malgré vos inactions. Maintenant, si vous voulez nous excuser tous les deux, mais Natalya et moi avons un combat à mener !"

Sur ces paroles, Andrew tourne les talons et se dirige vers la porte d'un pas décidé, en m'attrapant le bras au passage. Il me pousse devant lui et avant de partir, il s'arrête et sans se retourner crache à ses parents :

"Si vous voulez me revoir un jour, vous devrez mériter mon pardon. Les Etats-Unis, mais aussi désormais le monde entier, ont besoin de vous. La guerre est déclarée, alors montrez que vous pouvez servir à quelque chose pour une fois."

Andrew sort de la villa à son tour et plante ses parents, foudroyés par tant de froideur de la part de leur fils tout juste retrouvé.

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant