Le début de la fin

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"A quoi pensez-vous commandant ?" demande le général anglais.

"Je pense qu'il faut à tout prix mettre un terme à cette guerre."

J'entends tout le monde soupirer.

"Comment veux-tu faire ?" me demande Margaux.

"En suivant mon plan. D'abord, il faut reprendre le front principal et redevenir maître de l'Europe."

"Pourquoi l'Europe ? Puisque l'Europe semble perdue, pourquoi ne pas concentrer toutes nos forces sur le clan ORAN, ici à Washington ? Après tout, si Guillaume meurt, c'est la fin de la guerre !"

"Absolument pas !" réponds-je sèchement, clairement agacée de tous ces généraux qui ne pensent qu'à la guerre et qui refusent de réfléchir un instant.

"D'accord, d'accord. Natalya expliquez-nous votre idée." dit mon supérieur en essayant de calmer tout le monde.

"Je connais très bien Guillaume et bien qu'il soit le chef du clan ORAN, il n'est pas celui de l'Allemagne néo-nazie. Il n'est qu'un pion sur l'échiquier. Pourtant il se considère comme le roi, donc il faut l'affaiblir. Si l'Europe tombe entre nos mains et retrouve la paix, les hommes qui le servent encore en espérant voir renaître l'Allemagne néo-nazie, n'auront plus aucune raison de se battre et l'abandonneront sans aucun doute. Seul Karl peut encore le suivre aveuglément."

"Et comment voudriez-vous reprendre l'Europe alors que la Grèce a été anéantie, que nos forces se retrouvent dos à l'Océan et que ni le Canada ni les Etats-Unis ne peuvent franchir le mur de destroyer."

"Déjà, qui a fait la connerie de déplacer les Russes à l'Ouest du front ?" crie-je totalement consciente de chacun de mes mots."

"Faites attention à votre langage et n'oubliez pas à qui vous parler !"

"J'assume pleinement ! Qui a eu cette idée de merde ? Vous n'avez fait que faciliter la vie aux Allemands et aux Autrichiens ! Nous savions que malgré tout son courage, la Grèce était trop faible pour résister seule à la Turquie ! La Russie aurait dû l'aider et laisser la France et le Royaume-Uni ouvrir un nouveau front contre l'Allemagne et l'Autriche !"

"Vous dites n'importe quoi ! Nous-"

"Je pense que pour une fois vous devriez l'écouter ! Elle est celle qui mettra fin à cette guerre mais seulement si vous cessez de jouer à qui a la plus grosse et que vous vous mettiez à réfléchir !" hurle Margaux à la grande surprise de toute la pièce, y compris la mienne.

Des grognements se font entendre mais les personnes présentes tournent leur attention sur moi.

"Bien merci Margaux. Je disais donc. Ordonnez à la Russie de revenir de son côté de l'Europe et d'ouvrir un front à l'Est. Passez par la Norvège ou je ne sais pas où mais faites-le et rapidement ! Pendant ce temps, la France, l'Irlande et la Grande-Bretagne devront tenir le front Ouest jusqu'à ce que les Russes réussissent à en ouvrir un à l'Est, comme elle l'a fait durant la Seconde Guerre mondiale. Quant à la Grèce, elle n'est pas anéantie ! L'armée terrestre l'est mais pas la marine. Je veux tous les bâtiments grecs vers le détroit de Gibraltar. Attirez les sous-marins et destroyers ennemis dans ce détroit, puis que les Canadiens et Américains les prennent à revers. Oui j'ai bien conscience du sacrifice et de l'exploit que devront réaliser nos armées. De plus, je ne suis que le commandant des agents secrets du clan Roskov et non celui des armées alliées. Mais à présent, vous connaissez ma stratégie, à vous de l'appliquer ou non. J'ai déjà assez de choses à faire et à penser pour retrouver Guillaume !"

Je quitte la pièce avec Margaux sur mes talons, laissant tous les généraux ruminer mes paroles. J'ai raison. Je dois retrouver Guillaume et la guerre officielle n'est pas la mienne. Nous regagnons les toits et entendons plusieurs coups de feu au loin. Nous comprenons qu'un combat à éclater entre les hommes de Guillaume et les nôtres. Les bruits proviennent de la direction du repère de Guillaume et de Karl.

Je me précipite vers le repère, Margaux derrière moi. Lorsque nous arrivons, je dois cligner des yeux pour être sûre de ce que je vois. Des dizaines d'agents d'élites se battent au poing et à l'arme blanche avec les hommes du clan ORAN. J'aperçois Karl et Guillaume au milieu de corps qui se battent.

Margaux et moi échangeons un regard. Le genre de regard qui ne trompe pas. Margaux m'embrasse avec toute la passion et l'amour qu'elle possède. Elle sait qu'une de nous deux pourrait y rester.

Nous ne perdons pas une minute de plus et sautons au milieu du carnage. La violence s'acharne sur nous aussitôt. Un coup de pommeau me frappe la tempe, me faisant tituber en arrière. Je siffle par réflexe et je suis heureuse de voir tous mes agents reformer les deux lignes d'attaque à mes côtés.

"En position !" hurle-je au travers du chaos.

Je dégaine mon épée. J'entends le même bruit métallique derrière moi.

"Nous en finissons ce soir ! Pour la Russie, pour l'Honneur, pour la Gloire et pour la Liberté !" crie mon clan à l'unisson.

Un long hurlement de rage jaillit de mes hommes alors que nous nous précipitons vers les hommes de Guillaume. Notre première ligne percute de plein fouet nos ennemis trop éparpillés ou trop jeunes et indisciplinés. Ceux qui ont été épargnés par la première vague, subissent la seconde quelques instants plus tard.

Les cris de rage et de douleur remplissent l'atmosphère tandis que l'odeur du sang et de la mort envahissent mes sens pour la énième fois.

Mes oreilles surprennent un discours venant des toits. Je lève la tête et aperçois des dizaines d'agents sauter vers nous, armes au poing.

"Battez-vous ! Pour tous ceux tombés par la haine et la folie d'un seul homme !" crie Herak avant de sauter à son tour.

La troisième vague prend à revers les lâches qui fuient. Guillaume a, comme moi, décidé d'en finir. Il a jeté toutes les forces qu'il lui reste dans cette bataille et le clan Roskov répond présent. C'est un carnage, un massacre. Les corps tombent et s'accumulent, mais notre clan parvient à prendre le dessus.

Même si je suis trop occupée à survivre et à me battre, je continue de me soucier de mes agents autour de moi. Pourtant, je n'arrive à distinguer Margaux ou Herak.

Un coup d'épée m'entaille le flanc et je hurle de douleur alors que mon sang vient alimenter la mare rouge sur sol. Je tente de voir ma copine, mais je suis ramenée à la réalité en parant le coup fatal de l'homme au-dessus de moi.

Je me relève dans un douloureux effort et enfonce ma lame dans son abdomen. L'homme tombe à mes pieds sans essayer de m'atteindre une dernière fois. Je vois Herak en très mauvaise position. Je sors mon couteau et l'envoie se planter dans le dos de l'ennemi sur le point de le tuer.

Alors qu'Herak me regarde avec gratitude, j'entends une voix familière hurler. Je sais que c'est Margaux. Mes yeux la cherchent avec frénésie alors que mon cœur s'emballe à l'idée de perdre la femme que j'aime.

Mes yeux se posent sur deux de mes agents emportant une silhouette ensanglantée vers le bâtiment derrière nous.

"Margaux !"

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant