Des alliés inattendus

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Une fois sortie de l'aéroport Charles de Gaulle, je repère la voiture noire devant laquelle se tient un homme avec une pancarte. Je reconnais mon nom de code alors je me dirige vers lui. Il me salue chaleureusement en russe puis m'ouvre la portière.

Je m'installe et commence à examiner les dossiers confidentiels à côté de moi sur la banquette. Mon chauffeur démarre et roule la prochaine heure vers les bureaux français du clan Roskov.

D'après ce que j'ai pu lire, Guillaume est arrivé en France dans l'espoir de rassembler tous les extrémistes du pays et de les faire se soulever. Son objectif principal reste bel et bien de tuer le véritable Andrew.

Mon chauffeur me prévient que nous sommes arrivés et me conduit dans le bureau principal. Plusieurs agents d'élite venus de Russie m'attendent déjà.

"Quelles nouvelles de Guillaume ou du reste de la situation ?" demande-je.

"Comme vous le savez Guillaume est venu traiter en personne les affaires de son clan en Europe. D'après nos derniers rapports des espions, il semble agité et la confiance qu'il avait en lui semble avoir disparu. Depuis que vous avez révélé son plan et son identité, il n'est plus qu'un pion tentant désespérément de fuir la reine."

"Ne sous-estimez pas cet homme. Il est tout à fait capable de se faire passer pour un lièvre piégé dans l'unique but que nous nous précipitions sur lui."

"Pensez-vous que c'est le cas ?"

"Je ne sais pas. Mais nous devons rester prudents et ne pas agir dans la précipitation. Cela pourrait lui rendre une avance sur nous." Les agents hochent la tête, satisfaits de ma réponse. "Bien nous devons surtout nous concentrer sur la recherche d'Andrew Smith. Guillaume devrait nous mener à lui."

"Pourquoi devons-nous rechercher un Américain ?"

"Parce qu'avec lui, nous avons une chance d'avoir le soutien de la famille Smith. Sa famille est la plus importante des Etats-Unis. Elle peut nous être utile." dis-je sèchement.

"C'est vous le chef, commandant." dit un de mes agents.

Il baisse les yeux mais je peux voir le tiraillement entre la raison et le patriotisme.

"J'ai besoin de toutes les informations que nous possédons sur lui. Je ferai d'autres recherches par moi-même, pour savoir par où commencer."

Les agents sortent tous de la pièce pour se mettre au travail et je décide de me rendre aux archives afin de commencer les miennes. Je lis beaucoup de dossiers concernant le clan ORAN, dont ceux rassemblés par papa et oncle Sergueï.

Je passe les deux semaines suivantes à essayer de trouver quelques indices. Je me rends dans nos bureaux de toute les grandes villes de France en vain.

De retour à Paris, je me laisse tomber sur le fauteuil de mon bureau en laissant échapper un profond cri de désespoir. Soudain, j'entends une voix inconnue derrière moi :

"Je pense que nous pouvons peut-être vous aider." dit un homme assez grand, le physique parfaitement taillé.

Sa posture me fait penser à un militaire ou un homme des forces de l'ordre.

"Euh pardonnez-moi mais il ne me semble pas vous connaître. A qui ai-je l'honneur ?" demande-je.

"Vous pouvez me faire confiance Natalya. Nous sommes du même clan." dit-il en me souriant, sans pour autant répondre à ma question.

"Je-"

Je suis coupée dans ma phrase par l'entrée d'une femme. Je ne sais pas non plus de qui il s'agit mais lorsqu'elle commence à parler, l'évidence me frappe droit au cœur.

"Bonjour Madame O'Connor."

"Natalya. C'est un plaisir d'enfin rencontrer la femme qui a rendu mon fils si heureux et qui en a fait un homme. S'il vous plaît appelez-moi Ella."

Je lui souris timidement et tristement. Elle semble le remarquer mais choisit de détourner la conversation.

"Je pense que nous pouvons vous aider dans votre rechercher d'Andrew Smith, Natalya."

"Pourquoi le feriez-vous ?"

"Je sais pourquoi tu poses cette question. Puisque mon mari et mon fils sont tous les deux morts en défendant le clan Roskov, tu penses que je ne peux plus me battre ? Au contraire. Je dois le faire autant que toi, pour eux. Et puis nous avons tous les trois perdus des personnes qui nous sont chères à cause de Guillaume et de sa folie."

Je me retourne vers l'homme qui se tenait toujours devant moi.

"Vous avez également perdu votre femme ? J'en suis navrée."

"Pas mon épouse. J'ai perdu ma fille."

"Votre fille ?"

Je lève un sourcil en même temps qu'un faible sourire apparaît sur ses lèvres.

"Charles de Brynes." se présente-t-il enfin.

"Vous êtes le père de Clémence..." dis-je en rougissant d'avoir été si lente à comprendre.

Ella et Charles... Ces prénoms typiquement irlandais et Vieille France me font doucement sourire.

"Comme je l'ai dit. Nous devons le faire pour nos enfants. Nous avons des informations pouvant potentiellement mener à Andrew. C'est pourquoi nous sommes venus vous voir Natalya. Nous vous suivrons." dit Ella.

"Quoi ? Non ! Vos enfants sont morts à cause de moi, je refuse de mettre vos vies en péril !"

"Tom et Clémence croyaient tous les deux en vous. Pour leur mémoire, nous viendrons avec vous." enchaîne rapidement Charles.

Ella me tend un dossier avec les dernières localisations d'Andrew et quelles sections le séquestrent.

"Comment avez-vous eu ces informations ?"

Les deux se regardent d'un air entendu et amusé, alors qu'en ce qui me concerne je suis plus irritée et mal à l'aise qu'amusée.

"Vous avez devant vous, deux agents d'élites du clan Roskov. Nous commandons les filiales irlandaises et françaises, maintenant que Tom et Clémence ne sont plus là." m'annonce Ella.

Je comprends mieux comment Clémence semblait être au courant d'une vie que j'ignorais et pourquoi elle me cachait beaucoup de choses.

"Cela semble plus logique à présent."

"Oui. Revenons à Andrew. D'après nos espions, Andrew se trouve quelque part en Autriche, retenus par des néo-nazis. Ces ravisseurs sont les dirigeants européens du clan ORAN. Ils obéissent directement à Guillaume."

"La tâche s'avère plus compliquée que prévu... Mais nous avons quelques agents basés en Autriche. Ils peuvent peut-être nous confirmer la présence d'Andrew. S'il est là-bas, nous devrons aller le chercher. Je sais que nous pouvons le faire."

Je m'approche de la ligne téléphonique sécurisée et commence à composer le numéro de nos bureaux autrichiens. Après quelques sonneries, un de mes agents d'élite finit par décrocher. Je pose les questions dont je souhaite obtenir les réponses. Je ne m'attends pas à ce qu'Ella et Charles entrent dans la conversation, en russe...

Nous avons quelques échanges nous permettant de confirmer nos informations. Andrew est bel et bien en Autriche. Nous passons les prochaines minutes à mettre un plan sur pied.

Ella, Charles et moi ne perdons pas un instant de plus et rassemblons nos affaires. Une heure et demie plus tard, nous sommes dans un avion militaire qui nous emmène juste avant la frontière autrichienne.

Le plan est en marche.

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant