Le tournant

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Je regarde Madame Smith, assise devant moi sur le canapé. Je peux voir la confusion et la peur sur son visage face à mon expression impassible et froide. Un bruit sourd provenant du jardin me fait réagir immédiatement.

Tout se déroule comme prévu.

Je saisis Madame Smith par le bras et la place devant moi, en plaçant mon révolver sous sa gorge.

Quelques secondes plus tard, Andrew entre dans le salon en courant. Son élan s'arrête net quand il m'aperçoit derrière sa mère.

"Bonjour mon amour." dis-je avec la même ironie que j'utilise à chaque fois que je rencontre mon ancien amant.

"Natalya ! "

Ses yeux se posent sur un couteau sur la table près de lui.

"Je ne ferais pas cela si j'étais toi, mon chéri."

Je tire dessus pour l'éloigner de la portée d'Andrew. Il me regarde stupéfait par la précision de mon tir.

"Comme tu peux le constater, j'ai fait quelques progrès."

Je sens Madame Smith frissonner d'horreur au son sarcastique de ma voix.

"Qu'as-tu fait à ma mère espèce de chienne !"

Je ne réponds que par un sourire en coin, ce qui a pour effet d'attiser encore plus la rage d'Andrew. Une seconde personne apparaît à son tour dans le salon.

"Que se passe-t-il ici ?" demande Monsieur Smith en voyant son fils les poings serrés. "Andrew ?"

"Monsieur Smith ! Je savais bien que si le chien était là, le maître ne pouvait pas être bien loin " siffle-je.

"Natalya !" dit Monsieur Smith avec surprise et peur en voyant sa femme devant moi. "Qu'avez-vous fait ?"

"Mais quelle belle photo de famille que voilà."

Mon sourire ne me quitte pas.

"Qu'est-ce que tu lui as fait !" crache Andrew."

"Oh mais la véritable question c'est ce que toi tu as fait Andrew !"

Madame Smith cesse de se débattre dans mes bras. La confusion qui l'habite en ce moment imprègne ma peau.

"Relâche ma mère Natalya, ou c'est ta sœur qui va en payer le prix."

"Me crois-tu encore si faible Andrew ? Je ne suis plus la petite fille méprisée par toi et ces deux enflures qui se prétendent tes parents ! J'ai appris à avoir la tête lucide grâce à vous trois. Oui Andrew, tu as lancé un jeu macabre en espérant que je reste seulement inférieure à toi. Mais c'est terminé !"

"Je suis le maître ici ! Je contrôle absolument tout ! Mon clan surclasse le tien ! Tu es toujours sous mon contrôle !"

"Oh non ne crois pas cela, mon cœur ! Je sais tout Andrew. Je connais tes moindres secrets et c'est moi qui mène la danse désormais ! Tu m'as provoquée toutes ces années et séparée des seules personnes qui m'ont aimée. Je ne joue plus avec toi ! Maintenant c'est toi, qui me sert de pion !"

"Personne ne me peut me manipuler, espèce de conne !"

"Ah oui ? Pourtant il me semble bien que tes hommes n'aient pu trouver les miens il y a quelques heures ?"

"Un léger contre temps." grogne Andrew.

"Un léger contre temps dis-tu ? Pourtant tu t'es précipité dans ce piège en leur rappelant que tu allais t'occuper toi-même de moi n'est-ce pas ? Tu y es allé en espérant en finir avec moi n'est-ce pas Andrew ?"

Une flamme traverse les yeux d'Andrew. Il se rend compte qu'il s'est fait avoir et que j'avais planifié exactement tout ce qu'il s'est passé.

Au début sûr de lui, il est de plus en plus instable, n'appréciant guère la direction dans laquelle se dirige cette conversation.

Monsieur Smith se tient derrière son fils, prêt à bondir pour le protéger si besoin. Il ne quitte pas sa femme des yeux et la même incompréhension peut se lire sur son visage.

"Ton clan est bientôt anéanti ! Tous vos chefs sont morts et lorsque j'aurais tué ta sœur, tu seras seule. A ce moment-là je pourrais terminer ce que j'ai commencé il y a quelques années."

"J'attends avec impatience l'instant où je me retrouverai en tête à tête avec toi et que je tirerai la balle qui mettra fin à ta folie !"

"Tu ne peux pas m'arrêter !"

"Oh je pourrais le faire tout de suite. Je pourrais te faire ressentir ce que tu m'as fait ressentir quand tu m'as forcée à assister au meurtre de deux personnes que j'aimais. Tu as tué mon père, je pourrais tuer ta mère sous tes yeux. Ensuite, je tuerais ton père comme tu as tué Clémence."

Monsieur et Madame Smith se figent à mes mots. Je chuchote quelque chose à l'oreille de Madame Smith pour qu'elle ne s'évanouisse pas dans mes bras.

"Tu as été un meilleur mentor que tu ne peux l'imaginer, Andrew. Avec toi, j'ai appris à être sans scrupule et à sacrifier mes agents pour satisfaire mon pays et mes objectifs. Mais sache qu'ils savent pourquoi je l'ai fait ! Maggy, Alek, Camille, Tom, Clémence ! Ils savent tous qu'ils ne sont pas morts en vain et que je vengerai leur sacrifice en mettant à un terme à ta folie et à ta chimère utopique !"

"Tu mourras ! Tout comme ton père est mort par ta faute ! Ta pute de sœur ne tardera pas à le rejoindre ! La Russie pliera devant moi !"

"La Sainte Russie ne se pliera jamais au pays auquel tu as prêté allégeance ! Ce pays intolérant et raciste ! Un pays fachiste fait de haine et de violence depuis sa création ! Tu t'écraseras devant l'alliance nouvelle !"

"Parfait ! Je pourrais vous anéantir tous ensemble !"

"La Sainte Russie, la Vieille France et les Anciennes Irlande et Angleterre, se sont allié et marqueront l'Histoire pour avoir infligées troisième défaite de rang à un néo-pays bâti sur la haine et peuplé des fantômes de plus de cinquante millions de morts !"

Andrew devient enragé au fur et à mesure que je révèle ses secrets.

"Je ne comprends pas ! Que voulez-vous Natalya ? Tuez-nous si vous le voulez !" dit Monsieur Smith, plus confus que jamais.

"Je ne veux pas vous tuer. Et je m'occuperai d'Andrew plus tard !"

"Non ! Réglons cela maintenant !"

"Pourquoi te sens-tu si impatient et inconfortable Andrew. Dis la vérité à tes parents."

"Quelle vérité ?" demande Madame Smith.

"Je ne sais pas mère !"

"Dis-leur la vérité Andrew ! Bientôt je te mettrai échec et mat... Guillaume !"

Échec & MatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant