Échec & Mat

Une mission autrichienne

*Avertissement violence*

"Préparez-vous à sauter !" nous prévient notre pilote.

Nous sommes sur le point d'être largués au-dessus la frontière entre l'Italie et l'Autriche, mais du côté italien. Ella, Charles et moi ajustons nos parachutes en même temps avant que la porte de l'avion ne s'ouvre. Je ne suis pas tellement rassurée mais je ne le montre pas.

L'agent qui supervise le saut se tient devant la grande porte ouverte de l'avion. L'air frais de haute altitude me glace le sang. Charles saute en premier. Au signal, je prends mon élan et saute dans le vide. Ce n'est pas mon premier saut en parachute militaire mais cela fait toujours une drôle de sensation.

Une fois dans l'air j'essaie de me diriger et de suivre Charles en-dessous de moi. Je ne peux pas lever les yeux pour voir si Ella a bel et bien sauté. Je me laisse tomber en chute libre alors que la terre italienne se rapproche un peu trop vite à mon goût.

Au bout d'un moment, je tire sur la corde et ouvre mon parachute. L'ouverture provoque un arrêt brutal de ma descente. J'entends un bruit similaire au-dessus de moi, donc j'ai désormais la preuve qu'Ella a sauté.

Je foule enfin l'Italie, à une centaine de mètres de Charles et d'Ella. Pendant que je défais mon parachute et ajuste mon uniforme et mes armes, j'examine rapidement mon environnement. Plusieurs signes sont accrochés un peu partout et je les reconnais parfaitement. Ce sont les symboles secrets du clan Roskov. Donc je sais que nous avons atterri pile dans la zone contrôlée par les membres de notre clan ou du moins nos alliés.

Une jeep s'approche de nous. Je pose la main sur mon révolver par réflexe. Je vois Charles faire de même. Deux hommes sortent de la jeep et l'un d'eux commence à nous parler en italien. Je lève un sourcil. Il se rend alors compte de son erreur et recommence sa phrase dans un russe au lourd accent italien. Je ne comprends pas tous les mots mais je parviens à saisir les grandes lignes.

Charles, Ella et moi montons dans la jeep. Durant les deux heures suivantes, nous roulons en direction de l'Autriche et de la dernière localisation connue d'Andrew. Nos deux coordinateurs nous informent des dernières nouvelles. Andrew est retenu en otage dans une forêt à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche, dans une petite cabane gardée par une quinzaine de gardes.

Guillaume est plus naïf que je ne le pensais.

"Je me demande pourquoi il a choisi cet endroit précis..." chuchote Ella.

"L'Autriche est la grande alliée de l'Allemagne nazie. Guillaume doit penser qu'en cas de problème, il pourrait transférer plus vite son précieux otage en Allemagne." répond Charles.

"Mais pourquoi en Autriche ? Pourquoi ne l'a-t-il pas gardé en Allemagne ?"

"S'il avait été découvert plus tôt et par quelqu'un d'autre que moi, tous les regards auraient été tournés vers l'Allemagne. Le retenir en Autriche est un moyen de ne pas avoir ce prisonnier gênant sur le sol allemand en cas d'intervention officielle. Mais Guillaume sait aussi qu'en le transférant d'Autriche en Allemagne, il faudrait des mois de pour-parler ou une déclaration de guerre officielle. Les Etats-Unis ne peuvent rien faire sans provoquer un scandale diplomatique et la France encore moins." dis-je.

"L'Autriche a oublié qu'elle fut autrefois dans le camp du bien et une puissante alliée de la France." marmonne Charles.

Je baisse les yeux et porte attention à la carte que j'ai sous les yeux. Elle m'indique précisément les reliefs, les zones de guerre, les tournées des gardes, les points forts et les points faibles de la cabane.

"Il va falloir jouer serrer. Nous sommes cinq contre quinze."

"Nous ne sommes pas Guillaume ou son clan. Essayons de ne pas être des bourrins !" rit Ella.