Chapitre 16

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Je me suis souvent demandé ce qu'il se serait passé si j'avais obéi, si je n'avais jamais enfreint les règles. J'ai tenté, maintes fois, de m'imaginer cette vie qu'aurait eu la Lénore sage, en vain. Je me suis toujours dis que j'aurai eu davantage de libertés, si seulement j'avais su marcher dans le droit chemin.

Le Saint est un bien étrange dieu parfois. Il demande de nous tellement de choses mais j'ai la terrible impression qu'il ne nous donner jamais rien. Mère Georgia me dirait qu'il nous a donné la Nation, moi j'appelle ça des chaînes. Doit-on remercier son geôlier parce qu'il nous accorde un regard de temps en temps alors que nous croupissons au fond d'une prison ? C'est ainsi que je vois les choses. Le Saint a érigé cette cage dorée et Il venait, en m'assignant un chaperon, d'y rajouter un barreau.

Mary est arrivée tôt le lendemain, si tôt que j'étais encore en train de dormir, perdue au pays des songes. Elle a débarqué dans ma chambre, prenant tout de même soin de frapper avant de débouler.

« Bonjour Honorée Servante Lénore, je suis Mary, votre nouvelle domestique. L'Honorée Mère Georgia m'a donné ordre de rester avec vous et de vous aider à avoir une meilleure hygiène de vie. »

J'avais à peine ouvert péniblement les yeux qu'elle ouvrait déjà les rideaux et les volets.

« Et tout ceci commence par un réveil tôt afin de pouvoir faire le plus de choses possibles durant la journée, continua-t-elle. Avez-vous bien dormi madame ? »

Je me redressais en cachant mes yeux de la lumière du soleil qui commençait déjà à pointer le bout de son nez au loin, entre les bâtiments. Mes cheveux étaient en bataille et rempli de nœuds et je n'avais qu'une envie : me rendormir.

« Pas assez, répondis-je a voix enrouée.

–Alors c'est que vous vous êtes couchée trop tard hier soir. Mais ne vous inquiétez pas, nous allons corriger tout ça. Il est important pour le bon développement du bébé que vous ayez un rythme régulier. »

Je la détestais déjà. Elle portait le même uniforme gris que Gianna et avait attaché ses cheveux dans un chignon si serré que son visage avait l'air tiré. Lorsqu'elle se déplaçait, son dos restait parfaitement droit et son menton relevé. Elle avait l'air inhumaine.

Elle se planta devant mon lit et me fixa, les mains croisées devant elle.

« Madame, je sais que je peux paraître un peu brusque mais il faut que vous vous leviez. Rester ainsi dans votre lit est contre-productif et ce n'est pas bon pour votre corps.

–Ne pouviez-vous pas venir un tout petit peu plus tard ? Avais-je demandé. Ni Gianna, ni Connor ne sont levés pour le moment.

–J'ai personnellement réveillé mademoiselle Gianna il y a de cela une heure, lorsque je suis arrivée, et nous vous avons préparé votre petit déjeuner. Pour ce qui est de monsieur Blademow, vous n'êtes pas obligée de vous lever après lui. Au contraire, il sera plus que ravi de voir que vous faites des efforts pour rester en pleine et ainsi avoir davantage de chance de lui donner un héritier en bonne santé. De plus, j'ai reçu des ordres très stricts de la part de l'Honorée Mère Georgia. »

Si je ne savais pas qu'elle faisait un rapport quotidien à Mère Georgia, j'aurai le vé les yeux au ciel et lui aurait répliqué que Connor se fichait bien de l'heure à laquelle je me levais.

Elle frappa vivement dans ses mains, ce qui me fit sursauter, et se dirigea vers le placard pour en sortir une robe blanche.

« Allez, dépêchez-vous madame, nous devons aller faire une marche d'une heure ce matin, marcher à l'air frais fait toujours du bien. »

ServanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant