Chapitre 9

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« N'importe laquelle d'entre vous peut être choisie par le Saint et devenir une Servante, alors écoutez attentivement ce que je vais vous dire. »

L'Honorée Mère Danielle faisait des allers-retours face à nous. Moi et mes Sœurs étions chacune à une table, toutes espacées d'un mètre cinquante pour que nous ne puissions pas communiquer entre nous sans nous faire repérer.

« En devenant une Servante, vous servez le Saint et uniquement le Saint. Vous ne devrez rendre de compte à personne si ce n'est la Mère qui vous sera affiliée dont le rôle est de vous guider dans les pas de la Dame, la première Servante qui donna au Saint dix fils. Votre géniteur vous est inférieur, ne l'oubliez pas, car vous êtes les Servantes du Saint. Il n'y a qu'une seule exception, celle qui servira un fils de gouverneur, descendant du Saint. Alors vos rangs sont identiques. Néanmoins, si jamais l'une d'entre vous est amenée à servir un futur gouverneur, votre Mère affiliée ne sera plus la seule personne à qui vous devrez obéir. Le gouverneur lui-même aura des droits sur vous ainsi que sa propre Servante. Si votre Mère vous guidera durant votre grossesse, le gouverneur et sa Servante vous apprendront à être une digne représentante de la Nation et de la Cité que vous servez. Beaucoup vous sera demandé et vous ne devrez rien faire d'autre qu'exécuter les ordres en gardant le sourire. N'apportez pas la honte sur votre cité mesdemoiselles, ne faîtes pas regrettez Sa décision au Saint. »

L'Honorée Mère Carmen s'était levée pour se mettre au bord de l'estrade, portant fièrement la tenue violette de son rang.

« Tout ce que vous apprenez ici vous servira forcément lorsque vous sortirez du Temple. En vous comportant de la mauvaise manière, vous n'apporterez pas la honte uniquement sur votre personne, mais aussi sur nous les Mère, su le Temple qui vous a accueillit et élevé, sur votre cité et même sur la Nation. Personne ne souhaite devenir un paria, personne ne souhaite être envoyé au-delà du mur mais c'est ce qui vous arrivera si jamais vous faîtes un pas de travers. Le Saint a bâti un rang, restez-y et tout se passera bien pour vous.

–C'est faux. »

Tout le monde s'était tourné vers la Sœur qui venait de parler, un silence de mort c'était installé alors que les Mère la dévisageait avec colère. Mon regard avait croisé celui d'Estel qui m'avait fait comprendre que cette Sœur ne durerait plus très longtemps.

« Nous te demandons pardon ? »

L'Honorée Mère Georgia s'était levée à son tour et s'était postée à la droite de Mère Carmen, la mâchoire crispée et le regard assassin.

« Le Saint n'a pas créé qu'un seul rang, il en a créé deux. » La Sœur, dont je n'arrivais pas à me souvenir le nom, semblait beaucoup trop calme. « Celui vers la Nation et celui vers au-delà du mur. Mettre un pied en dehors de celui de la Nation nous amène dans celui vers le mur, mais ça ne marche que dans un sens. Si le Saint est miséricordieux et que nous l'avons servi toute notre vie durant, alors pourquoi avoir créé ce deuxième rang ? Pourquoi n'avoir tout simplement pas guérit les malades pour les amener dans le rang de la Nation ? Pourquoi devrions-nous consacrer notre vie à un dieu qui ne tend pas la main à ceux qui en ont besoin ? Je n'ai pas envie de porter ses enfants, ni de devoir tout mettre en œuvre pour ne pas le rendre honteux de ma personne, parce que si moi je ne ressens pas cette honte alors ça ne me dérange pas. Le Saint nous a certes libéré de la maladie mais il nous a enfermé ici et parfois je me demande si tout ne se passerait pas mieux pour moi si j'étais de l'autre côté du mur.

–Et bien vous aurez tout le loisir de répondre à cette question là-bas. » Mère Carmen était devenue extrêmement froide et son regard avait dévié vers les soldats à l'entrée de la salle. « Emmenez cette traîtresse, ne lui faîtes aucun cadeau. »

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