Chapitre 4

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« La Cérémonie est le commencement du travail divin. Le Saint a fait de certaines femmes les réceptacles de la vie. Lorsque la maladie a frappé le monde, le Saint s'est élevé et a bâtit une cité, Sanctum. Pour protéger cette nouvelle ville, Il l'a entouré d'un mur et seuls les personnes assez pures pouvaient entrer dans ce sanctuaire, alors que les malades, impurs à Ses yeux, ne méritaient pas de connaître ce bonheur. S'ils étaient malades c'était uniquement pour expier leurs pêchers et si la nature le voulait, ils étaient graciés et guérissaient. Après Sanctum, Il bâtit Prioratum, l'endroit où Il a construit le premier sanctuaire où Son image serait priée et célébrée, reliant les deux villes sous terres. D'autres villes ont suivi mais bientôt, les bâtiments manquèrent d'habitants.

« Afin d'obtenir l'excellence, les enfants devaient naître de deux parents à la génétique parfaite et compatible. Mais le Saint aimait une femme dont la génétique ne correspondait pas à la Sienne. Alors Il la quitta pour Sa génitrice qui lui donna autant de fils qu'Il avait bâtit de cités, chacun prenant un nom de famille différent et gouvernant sur ces villes. Mais la femme qui détenait autrefois Son amour fut prise de jalousie et tenta de mettre fin aux jours du Saint pour qu'Il n'aime personne d'autre qu'elle. Dans toute Sa puissance Il l'arrêta et la maudit, l'envoyant au-delà du mur pour qu'elle expie ses pensées impures et son péché. Mais, refusant d'être séparée de l'homme qu'elle aimait, elle se jeta du haut de ce même mur.

« Si le Saint a banni l'amour les filles, c'est uniquement parce qu'il sème le malheur. Vous ne pouvez servir le Saint si vous aimez quelqu'un d'autre que Lui ou vous-même, Sa création. La Cérémonie n'est pas un mariage, elle n'est faite que pour vous lier à un géniteur et pour que de ce lien naisse la perfection. Il ne nait que le péché dans l'amour et quiconque sera prit à aimer sera considéré comme impur. Le mariage est la chose la plus horrible qui soit les filles, il vous oblige à penser à quelqu'un d'autre que le Saint, à quelque chose d'autre que Son travail divin. Aimez et vous serez perdues à jamais parce qu'un cœur brisé ne se répare pas. Ne l'oubliez jamais. »

Combien de fois on nous a répété cette même chose au Temple ? J'aurais sans doute dû les compter. Les Mères nous parlaient de l'amour comme d'une chose immonde dont il fallait absolument se débarrasser, qu'aimer était un sentiment impur. Mais en y réfléchissant durant mes insomnies, j'en étais venu à une conclusion : il était impossible de contrôler ses sentiments, et donc l'amour. Mais comment savoir lorsqu'on commence à aimer ? Je ne savais même pas ce qu'était l'amour. L'affection oui, j'avais de l'affection pour Estel, Rohan, peut-être même Joana. Mais comment se protéger de l'amour en ne sachant pas ce que c'est ?

Je me souviens avoir posé la question à Estel, nous devions avoir peut-être onze ou douze ans.

« L'amour c'est ce qui te détourne du Saint.

–Mais n'est-il pas possible d'aimer le Saint et quelqu'un d'autre ?

–Le Saint devrait être le seul dans ton cœur Lénore, et de toute façon Il y prend bien trop de place pour que quelqu'un d'autre s'y installe. N'oublie pas l'histoire de celle qui avait aimé notre Saint. L'amour ne lui a apporté que la mort. »

Si l'amour était synonyme de mort alors c'était en effet une chose monstrueuse. Et c'est en repensant à tout ceci que j'ai pu affirmer que le pincement au cœur et l'adrénaline, que j'avais ressenti lors de la Cérémonie, n'étaient pas de l'amour. L'amour fait souffrir, alors que cette chose dans mon ventre était plutôt agréable. Même aujourd'hui je sais que ce n'était pas de l'amour, pas encore.

Alors c'est en oubliant cette chose étrange au creux de mon ventre que je suis devenue l'Honorée Servante Lénore. Un titre que je détestais déjà. Les gens allaient prier pour moi et pour que je donne un héritier à Connor Blademow au plus vite. Après la Cérémonie on m'avait complimenté de tous les côtés, bien plus que les autres Servantes.

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