Bree

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        Sentant enfin cette fraîcheur douce que portait le vent léger sur ma peau pâle, je fermais les yeux et savourais cette liberté dont j'avais tant rêvé. J'y étais, j'étais sortie, j'allais voir le monde et réaliser mes rêves. Mère m'avait toujours dit que je n'étais pas de celles qui restent à leur place, et elle avait raison. Je ne jetai même pas un dernier regard à ce lieu qui m'avait vu grandir. Quoique tout ce que j'en avais vu, c'était les quelques couloirs sombres que j'avais empruntés pour gagner ma liberté. Mon sac sur le dos, les cheveux cachés sous ma capuche, une bande de tissu compressant ma poitrine afin qu'elle disparaisse aux yeux des autres, ma féminité camouflée par ses vêtements que je venais allègrement de voler à mon père, je pouvais enfin quitter ce lieu de malheurs. Armée d'un arc trouvé en chemin, ainsi que de la dague prise sur la table de chevet de mon père, je me fondais dans la nuit éclairée par la pleine Lune. Ainsi commençait mon histoire, ainsi commençait ma vie.

        Je devais d'abord m'éloigner le plus possible de ce lieu. Ils lanceraient des recherches dès le levé du Soleil, à moins que mon père ait bu assez de limonade pour dormir jusqu'au midi. Oui, j'avais mis du somnifère dans la limonade. Mais c'était pour la bonne cause, je devais m'assurer qu'il ne se réveillerait pas au mauvais moment. Et maintenant, je me devais de prendre le plus d'avance. Je m'aventurai alors sur le chemin de terre et m'enfonçai entre les arbres. Dès que je fus hors de la vue des sentinelles qui veillaient sur la Grande porte, je déviai ma trajectoire et quittai la route pour me cacher parmi la végétation. Je suivrais le chemin à distance raisonnable pour pouvoir rester à couvert, sans me perdre dans la nature. Je marchai de longues heures et m'arrêtai pour me reposer. J'avais bien avancé, mais il ne fallait pas prendre de retard. Selon mes souvenirs, le Lhün était au Sud sur la carte de père. Si je descendais ce fleuve, je devrais trouver un moyen de traverser une branche puis partir au Sud-Est. Et je finirais par trouver un lieu habité. Je profiterais de la bonté des hobbits de la Comté pour me reposer un peu et je repartirais pour Bree.

        Le Soleil se leva et me réveilla environ deux heures après que je me sois assoupie. Bien qu'encore un peu fatiguée, je me remis en route. J'espérais ne pas rencontrer de personnes mal attentionnées en route, je serais bien embêtée de devoir me battre. Je savais me servir de l'arc et me battre, mais pour être honnête, j'avais appris à le faire dans la salle d'entraînement avec d'autres femmes, autant dire que je n'avais jamais été en conditions réelles. Je redoutais donc le jour où je devrais me servir de mes armes. Après plusieurs heures de marche je m'arrêtai pour manger un peu et repartis aussi vite. Ce rythme me convint durant plusieurs semaines, avant d'enfin voir la branche du Lhün que je devais traverser. Et tout ce que je vis était magnifique. L'eau coulait entre les arbres et la roche, le bruit se mêlait aux cris des quelques oiseaux qui se cachaient entre les feuillages, un petit vent venant du Nord faisait chanter les arbres et la nature. C'était beau, c'était magique, c'était encore mieux que ce que j'avais imaginé. Malheureusement je vis bien que le courant est trop fort là où je me trouvais, je ne pourrais jamais traverser ici. Si je vais au Sud-Ouest, j'allais vers le Lhün et je risquais de me retrouver avec un fleuve plus profond et plus large. De plus, je me retrouverais sur la route et je risquais de me faire prendre, surtout en plein jour. Et si je remontais au Nord-Est, je perdrais du temps et de l'avance et je n'étais pas sûre de trouver ce que je voulais. Mais d'un autre côté je n'avais pas le choix. Je me remis donc rapidement en route, avec un peu de chance je pourrais traverser rapidement.


        Il m'avait fallu deux jours pour trouver un endroit assez peu profond et où le courant ne semblait pas trop fort. Un tronc était tombé et j'avais pu traverser grâce à lui, bien que j'ai faillit glisser plusieurs fois. Après tout j'étais une naine, pas une elfe, je n'avais pas leur don pour tenir debout en toutes circonstances. Enfin je crois... Je n'avais jamais vu d'elfe de ma vie. D'ailleurs je n'ai jamais vu que mère et père, et les quelques nains dans les couloirs de notre montagne, quoi que j'avais la tête baissée et une capuche qui me cachait la moitié de la vue alors je n'ai pas vu grand chose... J'esperais pouvoir rencontrer des elfes, et des hobbits, et des hommes aussi ! J'avais lu un conte une fois, il se passait dans une cité humaine nommée Dale, et là bas toutes les espèces vivaient ensembles. Je voudrais tellement aller y vivre ! Mais c'est impossible, selon un livre de mère, un dragon aurait attaqué Er-... Era-... Ero-.... Un royaume nain, qui était dans la montagne juste à côté, et Dale a périt sous les flammes du cracheur de feu. Mais l'histoire de Dale a toujours été ma favorite ! Une cité où tous pouvaient vivre librement sans que personne ne leur disent quoi faire. C'était mon rêve, je voulais vivre dans un endroit où je pourrais voir tout ce qu'il y a de plus beau dans ce monde, et par dessus tout je voulais vivre dans un endroit où il me suffirait de sortir de chez moi pour voir le ciel. Je voulais le voir dans tout ses états, bleu et lumineux un jour de beau temps, gris et menaçant un jour de pluie, orangé et chaleureux sous le couché de Soleil, ou encore noir et enchanteur lorsque les étoiles et la Lune viennent remplacer le jour.

Le voyage d'une naine libreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant