Le calme était revenu dans la maison. Tauriel parlait doucement avec Kili, Tilda et Sigrid tentaient de remettre de l'ordre alors que Fili et Oin s'étaient éloignés. J'avais mal, la douleur de mes côtes me tiraillait et je commençais à revoir flou. Bouger autant n'était pas une bonne idée en fin de compte. Ma tête tournait de plus en plus alors que j'avais du mal à garder les yeux ouverts. J'avais si mal. Je voulais ma mère, je voulais me blottir dans ses bras et l'écouter chanter jusqu'à ce que ma douleur s'envole avec les paroles. Je voulais sa chaleur et sa douceur. Je voulais revoir son visage souriant et ses yeux rieurs. Je la revoyais dans mon esprit, elle était là, elle me prenait dans ses bras, je pouvais m'endormir en sécurité.
-Kaya! S'écria une voix juste avant que je ne me laisse sombrer. Des pas pressés se firent entendre et je sentis une réelle étreinte autour de moi. S'il te plaît Kaya, reste avec nous! Ne t'endors pas.
-Fili, j'ai mal...
-Oin, il faut faire quelque chose!
-Que lui est-il arrivé? Questionna l'elfe alors que j'avais de plus en plus de mal à rester consciente.
Cette fois, je me laissais porter par les bras de ma mère. Elle chantait rien que pour moi. Une chaleur se propagea dans mes côtes alors que je me sentais de mieux en mieux. Elle était dans le fauteuil, celui à côté de l'âtre de la cheminée. Elle avait encore un peu de suie sur ses vêtements alors qu'elle fredonnait sa chanson d'un air paisible. Souriante, je vins m'agenouiller près du fauteuil, posant ma tête sur ses genoux pour l'écouter alors qu'elle passait doucement sa main dans mes cheveux. J'étais chez moi, j'étais aimée, j'étais au calme et en bonne santé. Tout allait pour le mieux. Les yeux rivés sur le feu qui dansait, je ne vis pas le temps passer, jusqu'à ce que la porte s'ouvre.
-Athóos, éloigne toi d'elle tout de suite! Ordonna mon père d'un air furieux alors que nous nous redressions d'un coup.
-Fóvos, non! Ce n'est qu'une enfant! Ma mère se plaça devant moi comme rempart face à l'homme.
-Ce n'est qu'une bonne à rien! Elle ne peut même pas me préparer un repas digne de ce nom pour le midi! Maintenant pousse toi de là!
-Ne lui fait pas de mal! Elle ne sait pas encore comment faire, mais elle apprendra!
Ma joue me brûla d'un coup alors que mon père venait de me frapper. Je ne comprenais pas, père ne m'avait jamais frappée. Il me criait dessus, il déchirait mes dessins, il jetait mes jouets à la poubelle, mais il ne me frappait jamais. Même lorsqu'il était dans de très grosses colères, il ne levait pas la main sur moi. Pourtant ce Fóvos qui me faisait face leva encore une fois la main, ma deuxième joue se mit à brûler alors que j'avais l'impression que le choc avait fait trembler la maison. Puis la température de la pièce monta en flèche, comme si le feu de cheminée nous enveloppait maintenant tout entier. Ma mère cria de peur mais c'était comme si des centaines de voix s'échappaient en même temps de ses lèvres. Mon regard descendit sur ma main, elle était vide et pourtant j'avais l'impression que quelqu'un me la tenait. Je fermai les yeux fortement, j'avais peur, je ne comprenais plus ce qu'il se passait. Pourquoi est ce que tout était si étrange? Gardant mes paupières closes, je sentis une nouvelle secousse, mais pas comme si la terre tremblait, c'était plus doux comme lorsque j'étais dans ce tonneau à descendre la rivière elfique... La rivière. Je n'étais pas censée être à la maison! Je l'avais quittée il y a pratiquement un an et j'étais maintenant bien loin de celle ci. J'étais à Esgaroth avec les nains. Une nouvelle secousse se fit sentir, et les cris s'intensifièrent. J'ouvris difficilement les yeux et vis un ciel noir, éclairé par de grandes flammes qui brûlaient sur les maisons. Puis le visage inquiet de Sigrid dont les genoux me servaient d'oreiller. Me tenant la main et serrant Tilda contre elle de l'autre, elle tentait de réconforter la plus jeune alors qu'elle-même était en proie à la peur. Petit à petit, je me repris et je redressai en grognant. La douleur de mes côtes avait disparue mais je me sentais si fatigué, comme si je n'avais plus aucune énergie. Alors que Sigrid m'aidait à me redresser, une grande ombre passa au dessus de nous. Etait-ce... un dragon? Un dragon venait de nous survoler. Un... Par tous les Valars, nous allions mourir. Il nous fallait quitter les lieux au plus vite. Kili, Fili, Bofur, Tauriel et Oin ramaient pour tenter de quitter la ville, mais je ne voyais pas Bain sur notre embarcation.
-Sigrid? Où est Bain? Je m'inquiétai et elle me regarda tristement.
-Il a quitté le bateau. On a pas pu l'en empêcher. Elle semblait sur le point de pleurer alors je lui souris doucement et la pris dans mes bras. L'heure n'était pas à la questionner, elle avait déjà trop à faire entre réconforter sa soeur et s'inquiéter pour son frère.
-Ne t'en fait pas, il reviendra. Il doit avoir retrouvé votre père, il est en sécurité.
-Kaya, tout va bien? Kili venait de me voir éveillée.
Je hochai simplement la tête et attrapai une rame qui flottait dans l'eau au passage. J'usais des forces que j'avais pour aider mes amis à nous tirer d'ici. Les hommes et les femmes de la ville criaient autour de nous, certains avaient trouvé des bateaux et faisaient, comme nous, route vers l'extérieur, tandis que d'autres pleuraient déjà des morts et courraient dans toutes les directions pour tenter de s'enfuir. Je vis un homme, au bout d'un ponton, il nous observait tous d'un oeil vide, le corps d'une enfant dans ses bras. Il ne bougeait pas... il n'allait plus se battre. Le désespoir dans ses yeux le montrait, il ne se battrait plus pour sa survie, il était résolu à mourir. Nous passâmes des maisons qui le cachèrent à ma vue, mais le craquement du bois et le dragon passant dans le ciel me donnèrent toutes les réponses quand à son sort. Ramant comme nous pouvions malgré tout les obstacles dans l'eau, l'entrée de la ville se dessina enfin entre les flammes et les débris. Une femme se tenait au bord du ponton et semblait demander de l'aide aux passants. Alors que nous nous en approchions, une vague nous souleva fortement, un fort courant d'air souffla dans notre dos nous avançant de quelques mètres et le bruit de plusieurs dizaines de maisons s'écroulant retentit dans la nuit. Le dragon était tombé, son corps sans vie reposait au milieu de la ville en flammes. Mais nous ne pouvions pas rester ici pour autant, il nous fallait quitter les lieux avant que l'incendie ne nous en empêche.
-S'il vous plaît! Aidez moi, s'il vous plaît! La femme qui criait se rappela à moi.
Elle était seule, en pleurs, pleine de suie et de poussière. Du sang s'écoulait d'une plaie à sa tête et elle tenait un livre fort contre sa poitrine. Sans réfléchir je posai la rame dans le bateau et tendis une main vers elle. Quand elle l'aperçut, elle s'empressa de la prendre pour monter et je repris ma rame. Nous quittions Esgaroth, dans le feu et le sang d'une ville innocente. Smaug avait détruit Dale pour venir vivre à Erebor, il était repartit en réduisant Esgaroth en cendre.
Nous attenions la rive du lac au petit matin, quand les premières lueurs filtrèrent par les nuages. Au loin, Lacville finissait de brûler, la lourde fumée noire flottait au dessus de la ville. Les survivants criaient de douleur, pleuraient leurs morts, retrouvaient avec joie leurs familles... Tilda et Sigrid cherchaient leur père alors que Oin nous faisait assoir. Il vérifiait que nous n'avions rien et s'exaltait de l'efficacité des remèdes elfiques. Kili avait reprit des couleurs, il semblait au meilleur de sa forme et je ne sentais plus rien au flanc. Je pouvais respirer et bouger sans problèmes bien que l'adrénaline de l'attaque descendant, la fatigue reprenait le dessus. Bofur avait trouvé de quoi manger et nous nous nourrissions en silence, au milieu des hommes et des femmes qui mettaient déjà en ordre la place. Bard avait été retrouvé et il semblait avoir prit en main l'avenir des survivants, il donnait des directives pour améliorer leur organisation, les blessés étaient soignés, les nécessiteux trouvaient couvertures et nourriture, les familles se rejoignaient. Les hommes se relèveraient, ils avaient plus de ressources que ce que je croyais et cela me rassurait. Après un instant de repos, Fili déclara qu'il était temps de rejoindre notre compagnie. Si le dragon était arrivé à la ville, cela voulait dire qu'il s'était d'abord retrouvé face à nos amis. Nous ne savions pas dans quel état nous les retrouverions et c'était effrayant, pourtant le blond resta calme et nous disait quoi faire pour repartir. C'était réconfortant, après tant de chaos, retrouver des directives claires et précises nous empêchait de nous éparpiller et de nous perdre. Nous remettions une barque à l'eau alors que Kili restait en retrait. Il parlait à cette elfe qui nous avait sauvés et je souris. Ils avaient cet air que mère me décrivait lorsqu'elle me lisait mes livres. Celui de deux amants qui se retrouvaient. J'avais quitté ma maison pour voir cela et j'étais heureuse de le contempler sur le visage de mon ami. Seulement elle fut rappelée par son ami blond et Fili fit de même avec Kili. Ils devaient se quitter mais je n'avais pas peur de leur avenir. Dans mes livres, l'amour se retrouvait toujours, alors pourquoi serait-ce différent aujourd'hui?
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Le voyage d'une naine libre
Fiksi PenggemarEn 2941 du troisième Âge, Thorin Ecu-de-Chêne parti en compagnie de 12 nains, 1 hobbit et 1 magicien à la reconquête du royaume perdu d'Erebor. Mais ce n'est pas leur histoire que je vous conterais aujourd'hui. Au Nord de la Terre du Milieu...