Erebor (3/4)

139 9 1
                                    


        Ce que je craignais le plus venait de se passer. Bard était venu demander notre aide, celle promise par Thorin avant que le dragon ne vienne détruire Lacville. Et le roi avait choisit de tourner le dos aux hommes. Un mélange de déception et de colère sourde montait en moi. Comment pouvait-il oser? Ses gens avaient tout perdus à cause de nous, leur ville venait de brûler. Je revoyais encore cet homme sur le ponton, tenant son enfant dans les bras, ne cherchant même plus à fuir, résolu à la mort. Si les nains n'étaient pas entrés dans la montagne, les hommes auraient continué leurs vies, ils auraient vécut paisiblement encore un long moment. Alors comment Thorin pouvait-il leur refuser de l'aide? Bard ne cherchait pas même la guerre alors qu'il aurait eu toutes les raisons de nous en vouloir. Je me tournai vers Bilbo, cherchant une preuve que je n'étais pas la seule à penser ainsi. Et le hobbit décida de prendre la parole.

-Qu'est ce que vous faites? Vous ne pouvez pas déclarer la guerre.

-Cela ne vous concerne pas.

-Excusez moi mais au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, il y a une armée d'elfes là dehors. Sans compter les centaines de pêcheurs en colère. Nous sommes en infériorité.

-Plus pour longtemps. Releva le roi d'un air fier qui m'inquiéta.

-Qu'est ce que cela veut dire? Demanda Bilbo, pensant visiblement la même chose que moi.

-Cela veut dire, maître Saquet, que vous ne devriez pas sous-estimer les nains. Nous avons repris Erebor, maintenant nous le défendrons.

        J'échangeai un regard inquiet avec mon ami alors que le nain partait. La peur me prenait, allions-nous vraiment nous battre à treize contre des centaines? Thorin avait-il perdu le peu de raison que l'Arkenstone lui avait laissé? Et aucun nain ne comptait faire quoi que se soit. Ils restaient là sans rien faire alors que leur chef nous menait à la mort. D'un pas rageur je m'éloignai du groupe en direction de salles vides et calmes. J'avais besoin de retrouver un peu de solitude, de réfléchir aux événements. Il me fallait faire un point sur ma vie et le tournant qu'elle prenait. Les yeux dans le vague j'essayais de comprendre comment tout cela avait-il pu dégénérer ainsi. Une personne arriva dans la pièce, il s'assit à mes côtés sans rien dire. Nous restions dans le silence, réfléchissants à ce qu'il se passait.

-Tu sais, cette bataille n'est pas la tienne. Tu pourrais partir si tu le voulais, les autres ne t'en voudrons pas.

-Ce n'est pas la tienne non plus à ce que je sache. Je tournai le regard vers Bilbo qui souffla. Ils sont mes amis, et bien qu'ils ne m'en voudrons pas de partir, moi, je ne me le pardonnerais pas. Pas en sachant qu'une mort certaine les attends. Ils ne m'ont pas tourné le dos alors que j'étais blessée et qu'ils venaient d'apprendre que je leur avais caché la vérité. Je ne leur tournerais pas le dos, quand bien même cette cause n'est pas la mienne ou que je trouves les raisons stupides. S'ils y croient assez pour se battre, alors je les aiderais.

-Mais il y a un "mais". Je me trompe?

-Non, Bilbo. Il y a effectivement un "mais". Et c'est le même que celui qui vous retient ici vous aussi.

-Thorin n'est plus lui-même. Je... Je m'inquiète pour lui.

-Moi aussi, Bilbo.

-Si nous trouvions l'Arkenstone... Crois-tu que cela changerait quelque chose?

-C'est même certain, seulement... Nous savons tout les deux que trouver cette pierre rendra les choses bien pires. Son existence même est en train de détruire notre ami, alors l'avoir en main... J'espère sincèrement ne jamais la voir. Ni elle, ni son même son ombre. J'ai déjà peur de voir son pouvoir sur un nain aussi droit que Thorin.

Le voyage d'une naine libreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant