Forest River (3/3)

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        Le silence régnait en maitre dans ces lieux. Parfois, un nain se plaignait, mais en somme notre courage s'évanouissait. Personnellement, j'observais les barreaux. Ils étaient serrés mais j'avais la place de faire passer ma tête entre les barreaux. La question était, est-ce que le reste de mon corps passerait? Et une fois dehors, que faire? Aider les nains, il me faudrait aider les nains à sortir. Je me détaillai et remarquai que les vêtements de mon père, qui étaient déjà amples alors que je quittais ma montagne, flottaient maintenant littéralement sur moi. Et oui, mais marcher sans cesse et avec des réserves aussi maigres de nourriture faisait perdre du poids. D'abord je m'approchai des barreaux et les détaillai. Normalement, je devrais passer, mais mes vêtements sont trop épais... Tant pis, qu'à cela ne tienne, ce ne sont pas des vêtements qui allaient m'empêcher de sortir. Je reculai d'un pas et commençai à retirer le lourd manteau.

-Fóvos? Mais que faites-vous? S'étonna Ori depuis sa cellule en face de la mienne.

-Je crois que je peux passer entre les barreaux.

-C'est trop serré, tu ne passeras jamais. Lança la voix de Fili à quelques cellules de là. Pas que tu soit épaisse, mais personne ne pourrait se faufiler par là.

        Sans l'écouter, je me retrouvai en chemise et pantalon, pieds nus puisque mes chaussures auraient été trop volumineuses avec mes pieds dedans. Je passai d'abord une jambe, puis mon bras et ma tête. La bande qui aplatissait déjà ma poitrine m'aida beaucoup même si le frottement contre la barre m'arracha un gémissement de douleur. Le plus difficile fut ma hanche et mon postérieur. Heureusement que je n'avais pas hérité de l'arrière train de ma mère, sinon ça ne serait jamais passé. Elle qui disait que je n'étais pas assez en chair, me voilà bien contente d'être ainsi. Une fois la moitié de mon corps passé, je fis une petite pause. Les barres passaient entre mes seins et mon postérieur, j'étais en sandwich et ce n'était absolument pas confortable. Un dernier effort et je passais de l'autre côté de la porte. Je croisai le regard sidéré de Bofur et Ori poussa une exclamation de surprise. Ceci mes amis, c'est pourquoi il faut toujours avoir une femme dans une compagnie. 

-Qu'est ce qu'il se passe? S'inquiéta Kili qui ne pouvait rien voir. Ori, raconte nous.

-Elle est passée. Souffla le plus jeune sans en revenir.

-Si c'est le cas alors nous devrons lui donner beaucoup à manger car elle ne doit avoir que la peau sur les os. Considéra un autre, sûrement en observant ses barreaux.

        Sans rien dire, je m'accroupis et passai mon bras à travers les barreaux pour attraper mes vêtements restés de l'autre côté. Mes chaussures misent à la vas vite et mon manteau jeté sur mes épaules, je pris mon gilet et commençai à me demander par où aller. En toute logique, monter m'amènerait vers la sortie. Mais surtout vers les gardes, et je n'avais pas vraiment envie de voir les gardes. Et puis le gardien des clefs était descendu je crois bien. Sauf que descendre revenait à s'enfoncer encore plus dans le royaume... Incapable de choisir je regardai Bofur qui haussa des épaules. Lui non plus ne savait pas où je devais aller. Soufflant je lui passai mon manteau et mon gilet avant de bien fermer mes chaussures. Quitte à partir en lieu inconnu, autant être sûre de pouvoir s'enfuir vite ou se défendre. Je commençai la descente mais à peine quelques marches plus bas, je vis Bilbon monter.

-Bilbon? Quelle heureuse surprise que de vous voir, nous nous inquiétions pour vous. Je lui souris alors qu'il me détaillait sans comprendre. Fóvos, je suis Fóvos. C'est une longue histoire que je vous raconterais peut-être si nous arrivons à sortir d'ici. Auriez-vous vu des clefs, ou au moins des elfes en bas.

-Oh euh... J'ai mieux que cela. Il me montra fièrement le trousseau dans sa main et je hochai la tête en souriant.

-Finalement ma sortie n'aura servit à rien puisque vous étiez déjà en chemin.

        On remonta et libéra tout le monde. Certains regards avaient encore trainé sur moi, surtout celui de Bombur qui souffla d'un air déçut. M'en veut-il tant que cela? Bofur me rendit mes affaires et je le remercias timidement en remettant mes vêtements. Il me fallait maintenant me faire petite. Bofur avait eu l'air de toujours vouloir de moi dans la compagnie, mais je croyais bien que le roux n'avait plus confiance et c'était sûrement le cas des autres. Je suivis donc la troupe sans rien dire, fixant mes pieds comme un enfant prit en faute. Arrivés dans une salle tout en bas, ils commencèrent à se plaindre car le hobbit nous avait menés aux caves et qu'il n'y avait aucune issue visible. Pourtant Bilbon ne se démonta pas et nous montra des tonneaux en nous disant de nous installer. Mon regard oscilla entre le hobbit et les tonneaux. Son idée était la bienvenue, mais en toute honnêteté, je doutais que cela fonctionne. Les elfes nous remarqueraient bien avant que nous soyons sorti et nous n'avions pas le tant d'attendre de quitter les lieux, les gardes trouveraient bientôt nos cellules vides. Mais Thorin trancha et nous dit d'obéir. Je n'allais pas me mettre ces nains plus à dos que cela alors je me glissai dans un des tonneaux du haut.

-Et qu'est ce qu'on fait maintenant? Questionna Dwalin.

-Retenez votre souffle.

        Par réflexe, j'obéis et heureusement puisqu'un instant plus tard, nos embarcations de fortune roulaient par une trappe et plongeaient dans l'eau. Nous flottions dans un courant d'eau sous la cité elfique et devions nous tenir aux murs de pierres pour attendre que notre ami arrive. Chose qu'il fit un instant plus tard, s'agrippant au bois de l'un de nous. Le courant nous emporta rapidement, et je devais avouer que c'était plutôt exaltant. Je n'avais encore jamais fait ça et le ballotage de l'eau qui nous faisait virer à toute allure m'amusait beaucoup. Notre escapade s'arrêta bien vite malgré tout puisque les elfes fermèrent les grilles qui laissaient passer l'eau sous un pont. Bloqués sous le pont de pierres, nous n'avons rien pu faire quand une flèche vint transpercer un garde. Il s'écroula et bouscula les tonneaux en plongeant dans l'eau. D'un regard vers le haut, je vis des orcs affluer de tout les côtés. Certains moururent rapidement, tués par les elfes, et nous avions récupéré les armes des corps qui tombaient près de nous pour pouvoir nous défendre. Les événements devenaient incontrôlables, les orcs ne cessaient d'arriver de toutes part, et la garde elfique était venue en secours à ceux qui nous avaient fermé le passage. Il nous fallait nous sortir d'ici, nous étions pris au piège et incapable de bien nous défendre dans cette position. Kili bougea à côté de moi, il sorti de son tonneau et je le suivis. Il n'était pas question qu'il sorte tout seul. Je remassai une dague sur un cadavre d'orc et tranchai la main d'un autre qui allait s'en prendre au nain. Le chaos régnait, on ne savait plus trop ce qu'il se passait. Les orcs déferlaient sur notre position, le courant et les chutes de morts dans l'eau la rendait des plus agitées, les coups de haches et d'épées pleuvaient tout autant que les flèches. En parlant de flèches, un archer orc prit Kili pour cible, et sans réfléchir je me jetai sur le brun pour le coucher à terre. La chute me fit grimacer, tout autant que j'entendis Kili gémir à côté de moi, la flèche lui avait entaillé le bras mais c'était déjà mieux que s'il avait été touché au torse. Une nouvelle flèche en ma direction me força à rouler sur le côté pour l'éviter mais je tombai du ponton et atterris sur le coin d'un tonneau, le bois me frappa les côtes et une douleur fulgurante me fit crier seulement l'eau m'étouffa. Une main me tira à la surface et je recrachai le liquide en toussant alors que les grilles se rouvraient. Dwalin m'aida à grimper dans un tonneau vide alors que nous repartions pour un tour de bateau non-voulut. Je ne voyais pas grand chose, le coup m'avait assommée mais je voyais à peu près les armes que nous avions être lancées de mains en mains pour que nous puissions nous défendre. D'un coup, je crus voir un tonneau passer au dessus de moi avec un nain dedans. Des jambes dansèrent au dessus de ma tête et il me fallut toute ma concentration pour comprendre qu'un elfe était en équilibre sur les têtes de Dwalin et Dori, chacun d'un côté de moi. Le mouvement ne s'arrêtait pas, j'entendais les cris des orcs qui mourraient et le bruit de l'eau qui frappait contre mon tonneau. Mais la douleur me laissait me blottir au fond de la caisse de bois pour essayer d'avoir moins mal. Ma tête tournait, je bougeais de partout sans comprendre où j'allais, mon embarcation se cognait dans tout les sens, ma vue devint floue. Les bruits se firent plus lointains et le mouvement saccadé qui m'entourait me dérangea moins alors que je fermais les yeux sous la douleur de mes côtes.

Le voyage d'une naine libreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant