Esgaroth (3/4)

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        Le Soleil commençait à décliner alors que les nains parlaient ensembles dans la maison. attendant la nuit pour sortir en toute discrétion. Bloquée au fond de ce lit, je repensais à ma vie dans ma montagne. Ma mère me manquait, elle m'avait tout appris et poussée à croire qu'un jour, la vie serait plus belle. Elle me disait qu'avec du courage, je pourrais voir l'extérieur, et c'était ce que j'avais fait. Je savais qu'elle voulait que je vive cette vie hors de la montagne, mais cela voulait malheureusement dire qu'on ne se verrait plus jamais. Je devais tout à cette femme forte, un jour nous nous retrouverons, ici où dans la mort, et alors je lui raconterais tout mes exploits. Je lui conterais la vie de dehors et je lui dirais tout ce qu'elle n'aurait pas eu la chance de voir.

-Mangez Kaya. Déclara Bombur en me tendant un bol que je pris. Il m'observa de bas en haut avec ce même air que dans la cité elfique, pourtant cette fois il avait surtout l'air d'attendre que je mange. Il vous faut vraiment reprendre du poids ou vous tomberez malade.

-Est ce que vous vous inquiétez de ma santé?

-Bien évidemment. Je m'inquiète de la santé de chacun des nôtres. Nous ne pouvons pas perdre l'un d'entre nous, encore moins pour une raison aussi absurde qu'un manque de nourriture.

-C'est sa façon de dire qu'il t'apprécie. Me souffla Fili en venant s'asseoir près de moi avec son frère alors que le nain roux repartait. Mais il a raison, tu n'as presque que la peau sur les os.

-Allez. Une cuillère pour Fili. Sourit le brun comme un enfant en me donnant la béqué. Une pour oncle Thorin... Une pour notre hobbit... Une pour moi, parce que je suis le meilleur des amis...

-Laisse moi le temps d'avaler. Je le grondai alors qu'il me donnait déjà une autre cuillère.

-Une pour Dwalin.

        Fili riait dans sa barbe alors que j'essayais de suivre le rythme. J'avais eu une cuillère pour chaque nain, puis il s'était mit à compter Gandalf et des gens que je ne connaissais même pas. Quand il manquait de noms, c'était Fili qui les donnait, et ça repartait pour toute une ribambelle de personnes. Dwalin avait finit par leur reprendre le bol et les avait fixés d'un air sévère en leur disant que j'allais m'étouffer si je mangeais trop vite. Je ne comprenais plus trop ce qu'ils pensaient tous de moi. Je croyais qu'ils m'en voudraient mais au contraire, ils se montraient... attentionnés? Je n'avais passé que quelques semaines avec eux, et la plupart étaient dans une forêt à l'air néfaste. Mais cela leur avait suffit à me considérer comme à part entière de la compagnie. Les deux frères s'étaient assis dos contre le lit et parlaient avec moi.

-Est ce que cela veut dire qu'il t'a tapé dans l'oeil? Je retins difficilement un rire alors que Kili fronçait les sourcils.

-Non... C'était un insecte. Comment il... Oh. Attend. Tu dis ça parce qu'il m'est rentré dans l'oeil. Il comprit alors que Fili explosait de rire.

        J'aurais bien voulut rire moi aussi, seulement rien que le fait de le retenir me faisait mal. Le sourire en coin de Kili se fana un peu alors qu'il appuyait sur son bras. Sa blessure devait le faire souffrir, son teint était gris et il semblait suer comme si une forte fièvre l'avait prit. Ce n'était pas bon signe. Pas bon signe du tout. Mais s'il ne disait rien, alors c'était qu'il se pensait capable de s'en remettre. D'un coup, Bard sortit de la maison sans rien dire. Nous n'y faisions pas attention, après tout il était chez lui, il pouvait bien aller et venir à sa guise. Fili et Kili me parlèrent encore un moment avant que Dwalin ne vienne vers nous. Le Soleil avait décliné, c'était l'heure.


        Ils étaient tous partis, me laissant allongée sur ce lit en compagnie des filles de Bard. Tilda me racontait des histoires pendant que Sigrid préparait le repas du soir. Je voulais aider, mais elles m'en avaient empêchée, me disant que je ne devais pas bouger. S'il fallait vraiment que j'attende plusieurs mois comme ça, je sentais que je n'allais pas le supporter. Surtout si mes amis devaient encore se battre sans moi. J'avais entendu l'histoire du dragon quand Balin l'avait racontée. Je la connaissais déjà, j'avais lu le livre qui en parlait quand j'étais encore dans ma montagne. Un sourire en coin prit place sur mes lèvres. Voilà plusieurs mois que je quittais ma maison avec comme résolution de ne plus jamais voir des nains. Je voulais voir Dale sans m'approcher d'Erebor et me voilà à maudire mes blessures dans un lit d'Esgaroth car je voulais accompagner une bande de nains à Erebor. Bard revint en hâte, visiblement peu heureux que mes compagnons soient repartis. Il ne me jeta qu'un regard coléreux avant de quitter les lieux. Je ne savais plus où me mettre, je n'étais pas la bienvenue pour lui et pourtant je ne pouvais quitter cette maison. Ne disant plus rien et restant discrète, j'attendis, puisque de toute manière je ne pouvais point faire grand chose d'autre. Quelques temps plus tard, l'homme était de retour. En colère qui plus est. Il se calma bien vite quand sa jeune fille lui demanda ce qui n'allait pas et la prit dans ses bras. De mon côté, j'observais cette famille d'un oeil nostalgique. Mon père n'avait jamais eu un tel comportement avec moi. Il ne me prenait pas dans mes bras comme le faisait Bard avec ses enfants.

Le voyage d'une naine libreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant