Dès l'instant où Tressie émergea, elle fut assaillie par une avalanche de sensations désagréables : une souffrance terrible lui vrillait le crâne, sa tête tournait atrocement, une irrépressible envie de vomir lui secouait l'estomac, ses bras étaient engourdis et son dos lui faisait mal. En fait, la moindre parcelle de son corps était, d'une façon ou d'une autre, douloureuse. À croire qu'elle était passée sous un rouleau compresseur !
Encore à moitié dans les vapes, la jeune fille n'essaya pas de remuer. Elle se concentrait simplement pour ne pas être malade, le visage étiré en une grimace. Impossible de savoir combien de temps elle était restée inconsciente. Ça aurait pu être deux minutes comme deux heures. Elle n'en savait rien.
Les derniers événements ne tardèrent pas à lui revenir en mémoire et, maudissant Caine tout bas, elle parvint à repousser le trou noir menaçant jusque-là de l'aspirer une nouvelle fois. Il fallait qu'elle reste réveillée. Peut-être était-elle en danger. Cette possibilité l'aida à mobiliser toutes ses forces afin d'ouvrir les paupières. Il faisait sombre. Horriblement sombre. Elle tenta de discerner quoi que ce soit dans l'obscurité, mais peine perdue.
Une fois totalement revenue à elle et ses nausées combattues, Tressie voulut porter ses mains sur l'endroit de sa tête lui causant tant de souffrance. Seulement, elles ne répondaient pas. La peur fit son grand retour et, en s'agitant, elle eut le loisir de constater que ses poignets étaient piégés dans son dos. Encore. Un pic de douleur plus puissant que les autres la fit gémir alors qu'elle manquait de laisser une larme lui échapper. Garder son calme. Il fallait qu'elle garde son calme.
Se forçant à se détendre un maximum, l'adolescente, dans l'espoir de trouver une quelconque issue, se concentra sur son environnement : elle se trouvait allongée dans un réduit d'environ un mètre cinquante sur un mètre qui ne lui permettait pas d'étendre totalement ses jambes. Le ronronnement familier d'un moteur de voiture était discernable, de même que l'odeur coutumière d'un pot d'échappement. Ces éléments combinés aux légers cahots de son petit sarcophage l'aidèrent à en conclure qu'elle se trouvait dans le coffre d'une voiture lancée à environ cinquante kilomètres à l'heure. Ceux de Coates l'avaient enlevée pour la seconde fois. Excepté que ce coup-ci, ils l'avaient emmenée en dehors de Perdido Beach...
Tressie, essayant de ne pas céder à la panique, ferma les yeux pour prendre de petites bouffées d'oxygène. La situation précaire dans laquelle elle se trouvait n'était pas la seule en cause : le noir la terrifiait. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours dormi avec sa lampe de chevet allumée.
Les seules nuits où ce n'était pas nécessaire, c'était celles d'orage. Les éclairs qui déchiraient le ciel en illuminant tout sur leur passage pour dispenser le monde de leur grondement si furieux avaient toujours fasciné Tressie. La puissance de ces zébrures d'un bleu électrique jurant sur les épais nuages noirs l'avait toujours captivée. Elle pouvait passer des heures à observer le ciel lorsqu'il était déchaîné...
Avec quelques difficultés, elle réussit à se tourner sur le ventre. Dans cette position, elle put soulever son débardeur et atteindre le manche du couteau toujours calé dans sa ceinture. Par miracle, il était encore là. Couchée dessus depuis tout ce temps, la pointe aiguisée lui avait entaillé le bas du dos. Mais c'était le cadet de ses soucis.
Comme plus tôt dans la classe, la jeune fille parvint à couper la corde et arracha ce fichu papier aluminium lui couvrant les paumes. Enfin libre, elle se remit sur le dos et posa une main sur son crâne. Ses doigts entrèrent en contact avec la zone douloureuse et, avec un sifflement de douleur, elle s'empressa de rompre le contact. Ses cheveux à cet endroit étaient collés ensemble par une épaisse croûte de sang séché. Pas étonnant qu'elle ait aussi mal, l'entaille devait être fameuse.
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Gone [T.1]
ParanormalPerdido Beach, Californie. 14 novembre 2012. Toutes les personnes de plus de 15ans disparurent simultanément à 9h52 précise, plongeant le reste des jeunes habitants de la petite ville côtière dans la panique la plus totale. De plus, certains enfants...