Chapitre 2

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Quelques minutes plus tard, l'adolescente était déjà bientôt arrivée sur la grande place de Perdido Beach. Se trouvant dans le prolongement de sa rue, elle constituait le cœur de la toute petite ville de trois-mille-cinq-cents habitants. On pouvait y trouver la majorité des commerces et des lieux communautaires, comme l'église, la quincaillerie, l'hôtel de ville, la supérette, etc.

D'après Tressie, ce serait le premier endroit auquel les enfants penseraient pour se rassembler. Et au vu du nombre de personnes suivant le même chemin qu'elle, c'était effectivement le cas. Ils semblaient toujours aussi sonnés, mais tout comme la jeune fille, ils avaient repris leurs esprits. La même soif de comprendre les habitait. La même volonté de découvrir où étaient passés les disparus.

Tressie, sans cesser sa progression, sortit son téléphone de sa poche. Toujours aucune barre de signal. Ses yeux coulissèrent vers l'heure : 10h30. Ça faisait donc trente-huit minutes que Mr. Tanner s'était envolé, ainsi que l'ensemble des autres adultes de la ville. Il fallait se rendre à l'évidence, ils n'étaient pas en train de leur jouer une farce. Auquel cas, elle serait incroyablement bien réussie !

Le nombre de voitures accidentées était impressionnant. Les alarmes ne tarissaient pas et devenaient au contraire de plus en plus stridentes à mesure que le temps passait. Par curiosité, la brune s'approcha de l'une d'elles, encastrée dans un feu de signalisation. Elle tenta d'ouvrir la portière : sans succès. Elle mit quelques secondes pour en comprendre la raison tant ça semblait invraisemblable : c'était toujours verrouillé de l'intérieur, comme si le conducteur s'était volatilisé alors qu'il était au volant. Au final, Quinn n'était pas si loin que ça de la réalité ! Ils avaient véritablement fait « pouf ».

Des cris de panique venant de la place alertèrent Tressie, qui sortit de son observation. Après une courte hésitation, elle délaissa la voiture et se mit à courir dans cette direction. Elle ne mit pas longtemps avant d'arriver à destination et eut le loisir de constater que déjà beaucoup d'enfants étaient réunis à cet endroit. Ils fixaient un immeuble de deux étages situé à côté de la quincaillerie. Seule une petite ruelle séparait les deux bâtiments.

Levant les yeux vers le dernier étage, l'adolescente put voir ce qui causait autant d'émoi dans la foule : des flammes impressionnantes jaillissaient d'une fenêtre ayant explosé à cause de la chaleur. L'appartement était en proie à un incendie. Mais pire encore : Tressie se souvint que le couple vivant là avait une petite fille de l'âge de son frère, Lisa Spencer. Étant très amie avec Daniel, elle avait attrapé sa varicelle. En ce jeudi matin, elle non plus n'avait donc pas été en cours.

À l'instant où elle arrivait à la terrible conclusion qu'une enfant était piégée là-haut, une voix aiguë s'éleva depuis l'appartement :

– Maman ! Papa ! Au secours !

Cet appel, débordant d'épouvante, figea tout le monde sur place. Ils ignoraient quoi faire pour aider la fillette.

– On doit appeler les pompiers ? demanda timidement un petit garçon de 8ans, perdu quelque part au milieu de l'assemblée.

– Et comment ? On n'a pas de réseau, il n'y a plus d'adultes ! lui fit remarquer ce qui semblait être son frère. On est seuls.

Un nouvel appel à l'aide leur parvint, plus déchirant que le précédent. S'ils ne faisaient rien, Lisa allait mourir étouffée, voire pire ! Brûlée vive. Il fallait absolument la sortir de là. Mais comment..?

Plus loin, Orc imita le cri de l'enfant d'une voix nasillarde. Il se moquait de la scène avec ses complices habituels, Cookie et Howard. Le premier était aussi massif et idiot que son ami et le second, bien plus fin et réfléchi, était de loin le moins stupide du trio. Il ne semblait d'ailleurs pas trouver ça drôle du tout, mais, de peur de s'attirer les foudres du meneur, se forçait à rire nerveusement.

Gone [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant