Les jambes tremblantes et le souffle court, Tressie tentait de retrouver ses repères. Mais ce n'était pas simple avec le nombre d'informations venant embrouiller ses pensées. Elle était complètement déboussolée par ce qu'il venait de se passer. Drake. Elle venait de le frapper d'un éclair. Et... ils s'étaient battus. Pas comme quand ils étaient petits, non. Ils s'étaient portés de vrais coups dans le réel but de se blesser.
Couteau toujours en main, elle tourna dans un corridor dans l'espoir d'aboutir à une porte qui lui permettrait de sortir de ce bâtiment. La jeune fille avait fréquenté durant deux années entières l'aile des primaires, séparée du collège par une vaste cour. Pourtant, alors qu'elle y déambulait, rien ne lui paraissait familier. Moins elle trouvait et plus elle paniquait. Et plus elle paniquait et moins elle trouvait. Un cercle vicieux la rapprochant inexorablement de la crise menaçant de la rafler.
Passant une main sur sa bouche, l'adolescente s'étala le sang s'écoulant de sa lèvre sur toute la joue. Elle observa ensuite sa paume écarlate, les larmes aux yeux. C'était lui qui lui avait fait ça. Comment avait-il pu..? Certes, c'était elle qui avait porté le premier coup. Mais il ne lui avait pas laissé le choix ! Pourquoi avait-il fallu qu'il foute en l'air toute leur amitié longue de onze années pour un fichu manipulateur ?!
Cette question ne conserva pas son attention bien longtemps. Il fallait qu'elle s'enfuie, désormais. Qu'elle s'enfuie et se cache quelque part où personne ne pourrait la dénicher. Car Caine n'était malheureusement plus son seul problème. Il y avait également Drake, Maillet, Chaz, Orc et l'ensemble des shérifs qui, dès que l'alerte de sa fuite serait donnée, se lanceraient à ses trousses. Elle ne doutait pas un seul instant que ça ne saurait que tarder. Si ce n'était même pas déjà fait, d'ailleurs...
Lancée dans sa course effrénée, la brune vira à gauche au détour d'un corridor et percuta quelqu'un, ce qui faillit la faire tomber à la renverse. Heureusement, il la rattrapa de justesse par le bras. Une fois stabilisée, le premier réflexe de Tressie fut de le repousser violemment, les yeux écarquillés par la peur. Son couteau brandi, elle espéra que ce serait suffisant pour dissuader cette personne de lui chercher des ennuis.
– Holà ! Du calme ! Tu vas finir par me planter !
Cette voix associée à ce visage familier contraignit Tressie à sortir de son état d'affolement. Elle sentit ses muscles se détendre pendant qu'elle manquait de s'évanouir de soulagement. Le couteau se baissa sans avoir, par miracle, eu le temps de toucher quoi que ce soit.
– Howard ! J'ai jamais été aussi heureuse de te voir, dit-elle, entre rire et larmes.
– J'ai plutôt l'impression du contraire, moi ! Tu m'as déjà repoussé, mais c'est la première fois que t'essayes de me poignarder !
Malgré son trait d'humour, la cadette voyait que le garçon continuait de fixer sa lame avec un mélange d'inquiétude et de méfiance. Aussi, ne sachant qu'en faire d'autre, elle le remit à sa précédente place, soit entre son jean et sa peau. Ensuite, elle lui prit les bras et dit, ses yeux plantés dans les billes noisette de son interlocuteur :
– Howard, je t'en prie, il faut que tu m'aides ! Ils me veulent du mal !
– Quoi ? Qui te veut du mal ? Et qu'est-ce qui est arrivé à ta lèvre ? s'enquit-il en entreprenant d'essuyer à l'aide de sa main libre le sang sur son visage.
Sa seconde main, celle qui reposait le long de son corps, tenait une batte. Ce détail aida Tressie à se remémorer que lui aussi était un shérif. Il travaillait donc pour celui étant à l'origine de son enlèvement. Mais malgré ça, la jeune fille lui fit confiance. Elle avait l'étrange conviction qu'Howard ne la livrerait pas à l'ennemi. Elle avait refusé d'écouter son instinct, devant sa maison. Ça lui avait coûté cher. Alors cette fois, elle tâcherait de s'y fier.
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Gone [T.1]
خارق للطبيعةPerdido Beach, Californie. 14 novembre 2012. Toutes les personnes de plus de 15ans disparurent simultanément à 9h52 précise, plongeant le reste des jeunes habitants de la petite ville côtière dans la panique la plus totale. De plus, certains enfants...