Chapitre 22

68 13 57
                                    

Tressie entendit des pas en contrebas et se releva rapidement pour constater la présence de Sam, Edilio et Dekka. Quinn l'aida à remettre l'échelle en place et ensemble, ils descendirent les rejoindre.

La mine qu'ils affichaient tous transpirait déjà la défaite. Ils savaient que ça allait être difficile d'arracher une quelconque victoire à présent que Drake était dans la garderie avec une horde de coyotes et tenait ses occupants en otages. Caine avait juste détourné leur attention avec l'école et il se planquait désormais Dieu sait où dans Perdido Beach, sans doute en train de jubiler en voyant que son plan fonctionnait. En conclusion, ils étaient dans de beaux draps et la bataille n'avait même pas commencé il y a une heure...

Sam, voyant que le silence s'étirait, prit l'initiative de faire le tour de la garderie pour accéder à sa seule et unique fenêtre située dans la ruelle. Il revint cinq minutes plus tard, aussi pâle qu'un linge. Lui aussi, l'avait vu : ce bras tentaculaire sorti tout droit d'un cauchemar. Toutefois, il s'appliquait à conserver une certaine contenance.

– Les petits vont bien. Drake ne leur a fait aucun mal, pas plus qu'à Marie et son frère. Il les tient « juste » en otages.

– Il faut trouver un moyen de le faire sortir de là, remarqua Edilio, tout aussi livide que ses quatre compagnons.

– Et comment ? soupira Dekka, fataliste. Si on essaye de déloger Drake de la garderie, les coyotes attaqueront et, si par miracle on arrive à se débarrasser d'eux en un coup, c'est Drake qui sévira. On est piégés, comme Caine l'espérait. Qu'est-ce que je peux haïr ce sale...

Elle ne termina pas sa phrase pour serrer à la place les poings avec fureur.

– Il y a forcément une solution, assura Tressie, qui avait dans l'entrefaite repris ses esprits. Je ne sais pas encore quoi, mais j'en suis persuadée. Je refuse de laisser Caine et Drake gagner...

– Je suis d'accord, approuva Quinn, son bob à nouveau sur sa tête. Il doit y avoir une solution.

– La solution, ça aurait été de tirer sur Drake au moment où vous l'avez vu, leur fit remarquer Dekka, acide. Qu'est-ce qui vous a pris de le laisser passer ? C'était votre boulot de l'arrêter !

– Parce que t'aurais été capable de tirer de sang-froid sur un être humain, toi ? rétorqua la brune, piquée au vif. Désolée de ne pas avoir envie de tuer qui que ce soit !

– Qui a parlé de tuer ?! Une balle dans la jambe aurait été tout aussi efficace !

– Écoute, je sais qu'on a merdé, ok ?! Mais on n'a pas pu ! On n'a juste... pas pu !

– Résultat ? On va se faire laminer !

Edilio, inquiet à l'idée d'assister à l'explosion interne de leur faction, tenta de les apaiser :

– Les filles, du calme. Ce qui est fait est fait. Ça ne sert à rien de s'entre-déchirer. On a assez avec cette guerre contre Caine, inutile d'en déclencher une autre entre nous.

Sam, qui était également sur le point d'intervenir, approuva silencieusement ses dires. Quinn, lui, se contentait de regarder ailleurs avec gêne, les mains enfouies dans les poches de son short. Plus encore que Tressie, il se sentait coupable de ne pas être parvenu à arrêter Drake. Mais comme sa partenaire venait de le stipuler, ils n'avaient pas eu le cœur à tirer sur l'un de leurs semblables. Peu importe la raison ou son identité. Ils n'étaient tout simplement pas encore prêts à ça.

C'est à ce moment qu'ils remarquèrent la présence d'un garçon d'une dizaine d'années. Debout juste à côté d'eux, il portait un uniforme du pensionnat. Ses joues bombées constellées de taches de rousseur lui donnaient un air innocent. Mais la lueur fourbe qu'ils virent dans ses yeux noisette poussa immédiatement les enfants de la ville à se méfier de lui.

Gone [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant