Valse à Löwenstadt (T.3) [TERMINÉ]

15.

Quand Melek se réveilla, elle mit quelques secondes avant de réaliser qu'elle se trouvait bien dans sa chambre chez sa mère, avec Wilhelm dans ses bras. Le dos en boule, il dormait encore à poings fermés, se blottissant, s'accrochant aux bras chauds de Melek. Son bras était coincé sous la nuque de son amoureux et elle hésita à essayer de le retirer.

Les volets fermés de sa fenêtre filtraient la lumière du jour. Ils avaient à l'évidence dormi au-delà qu'à l'habitude. Melek tendit l'oreille. Pas un bruit dans l'appartement. Sami ne reviendrait que ce soir quand il amènerait leur oncle, leur tante, Lale, leur cousine et Ercan son mari. Dürdane devait donc être sortie.

Wilhelm grogna dans son sommeil et se remua. Melek saisit l'occasion de tirer son bras et se redresser dans le lit. Wilhelm frissonna, car elle avait tiré sur la couverture et Melek se décida alors à se lever complètement pour lui rendre l'entièreté de la couette. Wilhelm soupira en serrant la couverture autour de lui.

Elle fit attention à ouvrir la porte sans la faire grincer pour s'éclipser dans le reste de l'appartement. Un rapide tour lui confirma l'absence de sa mère. Sur la table de la cuisine, une note avait été laissé pour Melek. Dürdane avait été appelée par une collègue malade qu'elle avait accepté de remplacer aux derniers moments. Ainsi, sa fille et Wilhelm pouvaient profiter d'un semblant d'intimité. Aussi, elle avait laissé des pâtisseries au frigo pour eux deux.

Melek sourit. Wilhelm avait raison, sa mère était exceptionnelle.

Se sachant seule pour le reste de la journée, Melek retourna dans sa chambre. En relevant la couette, Wilhelm se retourna, mécontent, aux portes de l'éveil. Melek s'engouffra dans ses bras pour profiter de cette journée au lit qu'elle pourrait vivre.

Ils émergèrent seulement quelques heures plus tard, mangèrent leur petit-déjeuner dans la minuscule cuisine. Melek s'émerveilla face au visage fripé et mal réveillé de Wilhelm. Même son café n'arriverait pas à le faire émerger.

Dehors, il pleuvait.

Ils restèrent la journée dans l'appartement, alternant entre le canapé, la cuisine et la chambre. Melek en profita pour lancer une machine pour sa mère et Wilhelm s'occupa de l'étendre. Hormis cela, ils restèrent blottis l'un contre l'autre.

Et instinctivement, ils s'écartèrent quand ils entendirent le verrou de la porte s'ouvrir sur Dürdane qui soupirait de fatigue. Wilhelm resta assis sur le canapé, ne sachant pas vraiment comment réagir. Melek se leva et rejoignit sa mère dans l'entrée. Celle-ci retirait difficilement son épais manteau et quand elle réussit à s'en dégager, elle dut faire rouler son épaule pour l'étirer.

« Plus jamais je ne ferais de remplacement, jura-t-elle en regardant sa fille. »

Melek passa devant elle pour aller dans la cuisine.