Valse à Löwenstadt (T.3) [TERMINÉ]

1.

La tête de Wilhelm reposait sur son épaule depuis quelques minutes déjà quand Melek se décida à regarder le soleil couchant à travers le hublot de l'avion. Elle n'était jamais montée dans un avion privé auparavant et s'était imaginé quelque chose de plus extravagant. Non pas qu'elle n'avait pas été impressionnée par la propreté et les sièges en cuir de l'appareil et les costumes sur mesure des deux membres d'équipage. Une fois installée, le pilote était venu à leur rencontre pour les saluer et aussitôt reparti dans le cockpit, le steward s'était précipité pour assouvir le moindre de ses désirs. Elle avait attrapé du coin de l'œil un sourire amusé sur les lèvres de Wilhelm. Elle s'était ensuite rassie au fond de son siège, le rose de gêne lui montait au visage et Wilhelm s'était penché pour lui embrasser la joue. Elle lui avait attrapé la main et il ne l'avait pas pas relâché depuis. En dormant, il lui caressait parfois le dos de la main. Elle ne regrettait pas son choix d'avoir suivi Wilhelm mais elle avait du mal à calmer les battements de son cœur. Elle s'aventurait dans un monde inconnu, complètement à l'aveugle. Et elle avait peur de commettre des erreurs irréparables et d'humilier Wilhelm en conséquence.

Elle se força à regarder l'extérieur pour chasser ses pensées angoissées. La silhouette de Löwenstadt se dessina à l'horizon et elle eut l'impression de trahir sa mère quand elle songea que désormais, son chez-elle était là. Le pilote annonça l'atterrissage à venir et Melek souffla difficilement pour calmer son anxiété. Elle jeta un coup d'œil à Wilhelm à ses côtés. C'était pour lui qu'elle faisait tout cela. Il devait le deviner, il allait devoir s'armer de patience et d'amour pour supporter les prochains jours et mois avec elle. Mais sa présence la rassurait. Car elle ne se serait jamais infliger tant de doutes pour qui que ce soit d'autre. Il soupira discrètement, presque en silence. Il se réveillait tranquillement et Melek détourna le regard. L'avion avait entamé sa descente et le paysage de l'aéroport international de Löwenstadt avait remplacé l'horizon montagnard. Elle se demandait si des journalistes les attendraient sur le tarmac, s'ils seraient tenus éloignés ou si le couple serait assailli dès le premier pied posé. Elle soupira. Qu'elle détestait se jeter dans l'inconnu. Elle sentit Wilhelm se redresser et elle se tourna vers lui. Ses cheveux s'ébouriffaient et elle ne résista pas à l'envie de lui remettre une mèche particulièrement rebelle en place.

« Ça va aller, la rassura-t-il. »

Melek sourit. Elle lui faisait entièrement confiance.

Elle sursauta quand l'avion toucha terre et elle ne put s'empêcher de regarder à l'extérieur des deux côtés de l'appareil, à l'affût de la moindre présence. Wilhelm serra sa main pour attirer son attention et elle se tourna vers lui.

« Il n'y aura personne dehors, ne t'en fais pas. »

Melek détestait l'admettre, mais elle se sentit aussitôt soulagée. Sa bulle de confort n'avait pas encore éclatée. Il n'y avait qu'elle et Wilhelm.

Et le steward qui s'activait pour ranger ses affaires avant l'arrêt total de l'appareil. Wilhelm l'imita et se leva, entraînant Melek avec lui, pour récupérer leurs affaires. Un dernier virage déstabilisa le prince et Melek le retint de chuter. Derrière lui, elle vit le steward se figer, hésitant à venir proposer son aide. Wilhelm se redressa et rit de lui-même. Il souriait encore quand il se pencha pour déposer un léger baiser sur les lèvres de Melek. Elle remercia le ciel que Wilhelm s'occupe ensuite d'enfiler sa veste, car elle n'aurait pas apprécié qu'il la regarde rougir. Elle n'était pas encore habituée à que ces marques d'affection se fassent devant un public. L'agent de bord avait cependant eut la décence de leur laisser leur intimité.