La Bête Humaine

45.

Chris, suite...

 – Oui, c'était un mot très court avec seulement des initiales, réitère-t-il, un brin méfiant.

 – Ah ! Je viens de comprendre. Désolé, mais j'avais la tête ailleurs, je pensais à...

Je m'arrête dans mon élan. Comment lui avouer que Moi et Brian avons été dérouté de notre objectif commun ? Ce serait pour moi un gros fardeau à porter sur mes épaules, si jamais j'apprends que Brian a été surprit par les sentinelles, ou bien même les gardiennes, je me sentirais coupable.

 – Oui ? Tu disais ?

 – Je, je disais juste que...

 Ses yeux rivés sur moi, je me dois de tout lui dire, maintenant et non après. Ce serait peut-être un problème pour moi ou lui si jamais je ne le mets pas au courant.

 – Brian et moi avons été séparé.

 – Pardon ?

 – On s'en enfuit tous les deux. Willy n'a pas voulu nous suivre, car il se fichait pas mal de nous. 

 – Mais qu'est-ce que tu racontes enfin ?

 – Je te dis simplement que Willy en a rien à foutre de notre pauvre et stupide expédition ! Il nous a trahit, Dane. Tu entends ? Il nous a trahit ! Si ça se trouve, elles nous ont immédiatement recherché parce qu'elles savaient d'avance que nous allions nous enfuir ! 

 – Ce n'est pas possible. Willy est renfermé, voire louche quelque fois je l'admets, mais pas de là à nous sacrifier.

 – Je t'assure, Dane. Brian pourra te le confirmer.

 – En parlant de lui, où est-il ?

 – J'allais te le dire, seulement je n'en sais pas plus que toi à l'heure actuelle.

 – Comment ça ? Il n'y a rien de grave j'espère ? s'écrie-t-il, les sourcils froncés par l'inquiétude.

 – On s'en enfuit ensemble, reprends-je posément, on a trouvé trois tunnels sur notre chemin. On a suivit notre instinct et on a eu tout faux. Brian était loin devant, moi je n'en pouvais plus, j'étais à bout de souffle. Il me disait qu'il voyait une lumière au bout du tunnel qu'on avait choisi. Malheureusement, on a dû faire face à un éboulement absurde ! C'est ce qui nous a séparé. 

 – Donc si je comprends bien, Brian est seul ? Willy aussi ? 

J'acquiesce sans mot dire. Je me sens coupable de tout cela. Si je n'avais pas fait de sermon à Willy, on n'en serait probablement pas là. J'ai été égoïste et idiot.

 – Je m'en veux, on aurait dû rester soudé, mais c'était beaucoup trop difficile avec le caractère de chacun. Malgré ça, je me sens totalement coupable de cette débâcle.

Il réfléchit, je le vois bien. Il a les yeux dans le vide, peut-être outré par l'histoire que je lui raconte. Comment pourrais-je me rattraper après toutes ces erreurs ? 

 – Je suis désolé, répété-je une nouvelle fois, sincère.

 – Ce n'est pas de ta faute. Premièrement, c'est de la mienne. Cette fuite a été mon idée et je vous ai incité à vous joindre à moi...

 – Absolument pas ! Je t'ai suivi de mon propre chef !

 – ... deuxièmement, Willy a sa propre par de responsabilité, certes. Il nous a dénoncé. À qui ? Je ne sais pas, mais cela ne nous a probablement pas aidé. Troisièmement, Brian n'aurait jamais dû te laisser en arrière plan. Le mot maître dans notre équipe, c'était la solidarité. Pour terminer, tu n'as rien à te reprocher. C'est vrai, tu n'aurais jamais dû remettre en cause l'intégrité de Willy, mais je pense que c'est ton cœur qui a parlé, tu t'es senti trahit et je peux comprendre ce que cela fait, crois en mon expérience.

 – Ton expérience ? 

Dane baisse la tête, comme s'il avait honte de quelque chose, mais de quoi donc pourrait-il avoir des remords ?

 – Je n'ai pas toujours été franc avec vous, alors je ne peux pas vous jeter la pierre aussi facilement et cruellement.

Il a l'air si touché par ce qui le hante que je n'ose pas lui en demander plus. Sans doute cela ne me concerne en rien.

 – YOLO. C'était le mot de passe. Nous n'avons qu'une vie. Pas vrai, Dane ?