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Suite...

La stupeur doit se lire sur mon visage. Hébété, pris de court, une sorte d'angoisse commence à envahir ma poitrine et me fait l'effet d'une vague me submergeant entièrement.

Je dois me reprendre, faire comme si cela ne m'atteint pas. Après tout, peut-être que le destin en a décidé autrement, j'aspire soit à la prison à vie, soit à la mort. Ou...

OUI ! Ce serait là pour moi une faille où m'engloutir pour réussir à mettre au moins un pied dehors. J'aviserai sur le moment, mon plan n'étant pas encore établi, je ne sais même pas ce qui m'attend derrière ces immenses portes qui conduisent sûrement à une autre partie de la prison.

Je m'approche, droit comme un I, ne voulant montrer ma faiblesse à la Reine. Elle, me voyant arriver, perd durant un millième de seconde son sourire assuré, mais retrouve à la seconde d'après toute sa hargne et son air condescendant.

– Bien, bien, bien, voici notre gagnant ! s'écrit-elle, hypocritement enjouée. Ne t'avise pas à faire un pas de travers, mon grand, me menace-t-elle en murmurant, ce serait fâcheux pour toi, comme pour moi.

– Je n'ai absolument rien à perdre, lui réponds-je sur le même ton, tout en gardant les yeux rivés sur la foule toujours face à nous.

– Oh, mais au contraire tu as tout à perdre, mon chérie. Tu as tes amis, ta sœur...

– Comment osez-vous parler de ma sœur...?

– Moi ? Je peux tout me permettre. Tu as peut-être réussi à la retourner contre moi, tel fut ton choix et tu l'as payé. Et elle aussi par ta faute. Je vous souhaite une bonne journée ! braille-t-elle de nouveau, à la foule.

Elle m'empoigne le bras, et m'embarque dans un couloir énorme entouré de dizaines de sentinelles. Comment faire pour trouver un plan dans une pareil situation ?

– Je sens bien que tu cogites à la façon dont tu vas te sortir de cette mauvaise passe. Crois-moi, je ne te lâcherai pas d'une semelle et qui plus l'est, le fait que tu sois le gagnant sera d'autant plus pratique pour moi de garder un œil sur toi, en permanence. Tu ne le sais pas, mais tu m'as rendu grandement service en ayant fui l'Académie de Culpa, car j'ai été très gentille, je n'ai dit à personne qui tu étais après m'être débarrassé de ta mère. J'espère que tu en as fait de même ?

Malgré moi, j'ai suivi son souhait, peut-être parce qu'au fond j'espérais que ma mère revienne de cette mauvaise situation dans laquelle elle s'était mise, et qu'elle reviendrait me chercher.
Baissant la tête, je me sens honteux d'appartenir à une famille de ce rang. D'un faux rang. Comment se sortir d'une famille si noble, d'un sang royal qu'on n'a pas envie de porter ?

– Je le savais. Tu es un garçon intelligent, au fond. Tu sais comme moi que si cela devait se savoir, tu serais non pas le plus populaire, mais le paria de tout ton lycée et de Belgh tout entier.

Je sais que si j'en parle, plus personne ne me verra en tant que Dane le lycéen, mais en tant que Dane, héritier du trône. Peut-être même me verront-ils comme un traître. Enfin, en théorie.

Descendant un long escalier en colimaçon, je me pose mille questions sur la finalité de tout ça, est-ce que ça va vraiment mal finir pour moi ? Est-ce qu'il va falloir que ça se finisse en bain de sang ? Est-ce que je dois sortir d'ici où ma sécurité vaut plus que tout et je reste dans ce trou à rat ?

C'est impossible pour moi de rester moisir ici. Peu importe comment ça se termine, je ne crèverai pas là. J'en oublie même ma règle première : le pacifisme, il sera pour plus tard.

– Bien, nous y sommes. Installez-le ici.

C'est une petite pièce, comme un petit studio d'enregistrement. Qu'est-ce qu'elles me préparent ? Elles m'installent de force sur une sorte de chaise haute pas vraiment assise, des fils tombent de partout, la pièce est entourée d'écrans noirs.

Elles m'attachent fermement à la taille, aux poignets, aux chevilles et au cou. Comment je suis censé m'échapper d'ici maintenant ? Aurais-je loupé l'occasion que j'ai eu un peu plus tôt dans les escaliers ? Je n'ai pas le temps de m'en vouloir, elles branchent toutes les prises jack à chaque recoin où j'ai été attaché, des aiguilles s'enfonçant chacune à leur tour dans ma peau, m'arrachant plusieurs grimaces au passage. 

Enfin, elles me posent un casque horrible sur la tête, ressemblant à un casque de moto de l'époque où il y avait encore des voitures, des camions et où tout cela a été éradiqué ici à présent.

Précisément, j'ai un casque virtuel à haute réalité.

La Bête HumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant