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Brian, dans les caniveaux de Gloria : 21:03

– Vous avez entendu ?

– Entendu quoi ? demande Chris, perdu.

– Il paraît qu'il y a eu la sélection d'un mec de la prison pour gagner sa liberté, expliqué-je à ce dernier, et à Willy.

– Ça existe ça ? braille le psychopathe, abasourdi.

– Apparemment, j'ai entendu les gardiennes en discuter tout à l'heure. Elles en parlent comme si c'était leur émission de télé-réalité de l'année, ça craint.

– Au fait, qu'est-ce que tu fabriques toi, depuis ce matin ? demande Willy, à Chris.

– J'essaie de tailler une clé. Je me débrouille comme je peux pour sortir de ce trou à rat !

– Je pensais qu'on devait faire en sorte de s'habiller en fille ?

– C'est vrai, mais ça prend du temps, donc en attendant je m'occupe. Ça pourra peut-être marcher, il faut tout essayer.

– Ça ne marchera pas.

– Qu'est-ce que tu en sais ? T'es cordonnier ? Pas besoin d'être dans la fabrique de clés pour savoir comment en fabriquer. Chacun sa spécialité, mec. Je ne te demande pas si ton père était électricien.

– Bien sûr que non puisqu'il était diplomate, le nargué-je, le sourire aux lèvres.

Willy sourit à son tour, l'ambiance est bonne enfant, mais nous restons focalisé sur notre objectif principal : sortir d'ici. Peu importe par quels moyens et quel qu'en soit le coût. Qu'on sorte avec une clé pré-fabriquée ou en tailleur, le plus important c'est d'être hors de danger et d'atteinte des sentinelles. Quitte à rester caché pendant plusieurs jours, histoire de se faire un peu oublier.

– Bon, du moment que tu réussis, ça nous faciliterait la tâche. Je préfère ça que de me travestir, ajoute Willy, en ricanant.

– Mets au moins la main à la pâte, il n'y a que toi qui n'a pas trouvé d'idée, lui lancé-je, afin de le titiller un peu plus.

– Tu veux que je fasse quoi ? Je ne suis spécialiste ni dans le bois, ni dans la métallurgie, ni dans la pierre. Les vieilles coutumes, ça n'a jamais été ma tasse de thé. Et puis, c'est pareil pour toi, tu as peut-être émis une idée mais tu n'as encore rien appliqué.

– Mais j'ai émis une idée, justement.

– Bon, ça va ! J'ai compris le message, je vais m'y mettre si ça vous tient tant à cœur.

– Vous croyiez que c'est du sérieux ce jeu ? interviens-je, soucieux de notre éventuel sort.

– Je n'en sais rien, soupire Willy. J'aimerais te dire que non, mais ça m'étonnerait. Je pense qu'elles font ça d'une pour s'amuser et deuzio, pour nous punir. Mais je ne pense pas du tout que c'est pour nous laisser une chance de partir. C'est impensable. Ce serait trop beau. Elles mettent le mec en scène pour distraire les foyers.

– Je pense aussi, opiné-je, elles font d'une pierre deux coups, elles divertissent et elles éliminent. Je crois que c'est aussi simple que cela.

– Ce qui est bizarre, c'est qu'on en n'ait jamais entendu parler, alors que ça pourrait nous dissuader de n'importe quelle idée saugrenue contre Gloria.

– Justement. Si elles dévoilent ce jeu, il n'y aura plus de candidats pour y participer au bout d'un moment.

– C'est sadique... commente Chris, horrifié.

– Ça vous fait peur ? nous demande Willy.

– Non, réponds-je du tac au tac, pas le moins du monde. Je n'ai rien à perdre, hormis Vaness, mais ce n'est qu'un détail.

– Ta copine est un détail ? pouffe Chris.

– Contente-toi de regarder le bon côté des choses au lieu de ne retenir que le mauvais côté. Elles n'en savent rien que j'ai une copine, si je n'ai rien à perdre, ça ne va pas les appâter. Enfin je pense.

– Crois-moi, intervient le psychopathe, elles sont à milles lieux de se préoccuper de tout ça.

– Et quand bien même elles s'en intéresseraient, elles ne feraient qu'une bouchée d'elle.

La Bête HumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant