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Chris, au même moment

Depuis des heures nous marchons, Dane et moi. Enfin, je n'ai pas l'heure exact, mais dans ma tête notre parcours s'avère long et fastidieux. Mes nerfs qui sont mit à rude épreuves et Dane en a fait les frais.

Tout le temps ou je déambule dans ces tunnels sans fin, je cogite beaucoup sur mon camarade. Mon instinct me dit de me méfier de lui, mon cœur me dit que c'est la fatigue qui m'embrouille l'esprit. Néanmoins, j'ai du mal à mettre de côté les paroles de Willy en ce qui le concerne. Cela me frustre d'autant plus que je ne sais plus à quel saint me vouer. 

S'il faut gérer les trahisons d'untel et untel et en plus de ça éviter les sentinelles et les gardiennes de Gloria, ce n'est pas une mince affaire. C'est difficile de tout contrôler en même temps.

Dane traîne derrière moi, on vient de se quereller à cause de mes doutes, justement. Or, je trouve que ces explications ne tiennent pas la route, peut-être bien qu'il agit sans réfléchir, mais cela ne me prouve pas qu'il puisse être de mèche avec Gloria. Si cela se trouve, je cours tout droit dans un piège, orchestré par lui-même et la Reine.

Enfin bref, je n'arrive plus à penser correctement. Tout se bouscule dans ma tête, je prie pour qu'il soit réellement franc envers moi et les autres garçons.

 – Hey ! s'écrie Dane, dans mon dos. Chris, viens voir ça.

– Qu'est-ce qu'il y a ? soupiré-je, en traînant des pieds jusqu'à lui.

– Jette un œil à ça.

Il me montre du doigt le plafond où se trouve enfin une autre plaque d'égout. Cela faisait un bon moment qu'on n'en avait pas vu.

– Ce n'est pas croyable ! Enfin !

– Je vais aller y jeter un œil, on ne sait jamais.

– Non, j'y vais, m'interposé-je, n'ayant plus totalement confiance en lui.

– Je regarde juste, au cas ou il y a quelqu'un.

– Tu veux encore jouer au héro, c'est ça ?

Il soupire. Je sais que je l'agace, mais je trouve qu'il reste très calme face à mes réactions et mes critiques.

– J'y vais, lancé-je, déjà un pied sur l'échelle.

– Fais attention, on ne sait jamais.

– C'est ça, oui !

Je grimpe petit à petit et essaye autant que faire se peut de déplacer la plaque. 

– Elle est super lourde !

Malgré tout, je continu de m'acharner n'ayant pas vraiment envie que Dane reprenne le flambeau. Après quelques efforts, j'arrive à la soulever et à l'enlever de sa place.

– Je vais regarder ce qui se passe là-haut.

– Attend ! Tu ne peux pas y aller comme ça ! On va se faire prendre !

Je n'entends qu'un écho de ce que mon acolyte me dit, je monte les derniers barreaux de l'échelle et me hisse sur l'asphalte dur et froid.

Mes yeux ont du mal à se faire au jour, étant habitué à l'obscurité du sous-sol. Après quelques secondes d'adaptation, ce que je remarque face à moi me subjugue. Il y a de la verdure tout autour de moi, partout se dresse des immeubles plus ou moins haut ainsi que des maisons par-ci par-là.

Par contre, ce que je trouve étrange et suspicieux, c'est que je ne vois personne à l'horizon. Pas une femme, pas une gardienne, pas une sentinelle. 

Rien. Le désert le plus total. 

Dane me rejoint et admire ce qui nous entoure. Il n'a pas l'air aussi surpris que moi. C'est plus fort que moi, mais à la moindre expression, à la moindre parole venant de lui je la décortique. 

– Tu n'as pas l'air emballé, lâché-je, encore plus méfiant.

– C'est bizarre, mais c'est en tout point ce que j'imaginais de cette partie de la ville. La seule chose qui me paraît extraordinaire, c'est la présence de toute cette verdure. Je n'aurais jamais cru qu'il y en avait autant. Mais le calme me rend méfiant...

– Ta sœur ne t'a jamais décrit Gloria ?

– Pas en profondeur.

C'est toujours la même chose lorsque je lui pose des questions, il répond brièvement et sans donner de détails. Ça commence fortement à m'agacer.

– Peut-être bien, mais elle t'a quand même parlé de cette ville, non ?

– Un peu, ce n'est pas le sujet qu'on abordait le plus.

– Ben voyons !

Sans crier gare, j'entends des pas s'approcher non loin de nous. Je me retourne, apeuré par le fait de me faire surprendre et de me faire attraper par ces maudites sentinelles, ou autre.

– Ce n'était pas trop tôt, lance une voix féminine et froide face à moi, nous n'attendions plus que vous ! Nous sommes enfin tous réunis ! chantonne la femme qui s'impose à nous.

La Bête HumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant