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Dane, suite...

Nous nous figeons sur place, Chris et moi. Ce qui nous entoure, est désarçonnant. Je me doutais bien que cela allait arriver, que les femmes de mains de Gloria allaient être aux aguets. Eh bien, je dois admettre que cette dernière a réussi son coup.

Nous sommes échec, mais pas encore mat.

– On est foutu, Dane, panique mon ami d'une demi-tête de plus que moi.

Je comprends son désarroi soudain, mais nous ne devons pas nous laisser abattre aussi aisément. Lever le drapeau blanc, ce n'est pas mon style. Le Roi blanc a un dilemme face à la Reine noir, mais il ne s'estime pas vaincu pour autant.

– Garde ton calme. Nous devons montrer qu'on reste uni.

– C'est toi qui dis ça ? Je te préviens, Dane, susurre-t-il, ne me refait pas le coup de l'autre jour !

– Non, je te le promet. Cette fois c'est différent, il n'y a plus aucune échappatoire pour toi comme pour moi.

– Tu es vachement rassurant toi...

Je ne le sens pas satisfait de mes propos, mais je sais qu'au fond de lui il s'évertue à vouloir me faire confiance, quoi qu'il en coûte.

– Elles sont beaucoup trop nombreuses, tu as une solution sur la stratégie à suivre ?

– Honnêtement ? Je n'en ai aucune idée, cette fois-ci.

– On est foutu, réitère Chris, augmentant mon stress au summum.

Je ne peux absolument pas compter sur lui pour gérer une situation aussi angoissante que celle-ci. Je sens comme ma nounou du temps où elle me gardait : désemparé face à une situation qui me dépasse. Qui nous dépasse.

– Garde ton calme, répété-je à mon tour, excédé, mais compréhensif.

Elles sont tout autour de nous, elle nous fustigent des yeux. Des regards automates, qui agissent selon la volonté d'une seule et même personne. Cette femme a réussi à prendre le contrôle de toutes ces machines en si peu de temps. Qu'est-elle capable de faire encore ?

Comment l'Homme a pu être aussi bête pour se laisser envahir par un être fait de technologie, elle-même créée par ce dernier ?

Aussi idiot sue cela puisse paraître, ils ont perdu le contrôle sur ces robots qui dorénavant se vengent et veulent engloutir le monde. Tout cela en usurpant l'identité des anciennes femmes et anciens hommes, qui jadis étaient libre.

C'est dingue comme l'orgueil et la fierté a pu faire perdre beaucoup à l'Homme.

– Pourquoi elles restent plantée là, à nous regarder de cette façon ?

– Parce qu'elles attendent les ordres.

– Pardon ? Les ordres ? Elles ne sont pas censée savoir ce qu'elles doivent faire ?

– Non, pas elles. Elles agissent quand on leur demande. Je suppose que pour le moment, elles nous surveillent et nous tiennent en joue.

– Ça me fout les jetons. Tu crois que si on bouge, elles vont tirer ?

– Eh bien, très franchement je ne préfère pas tenter le Diable.

Soudain, dans un même mouvements, ces femmes baissent leurs multiples armes sans pour autant nous lâcher des yeux.

– Ah ! Elles ont sûrement reçue un ordre de l'au-delà ! commente mon acolyte du moment.

– Ne fais pas l'imbécile... soupiré-je, perdant peu à peu patience.

– Tu crois que je m'amuse ? J'essaye de me détendre, figure toi !

Il a les nerfs qui lâchent et ça ne sent pas bon. Ce n'est pas de cette manière qu'on peut tenir tête à l'ennemi. Notre faiblesse est notre perte. Cela a toujours été ma devise depuis que ma famille s'est effondrée.

– Nous n'attendions plus que vous, redit une voix dans notre dos.

Chris et moi nous retournons de conserve, surpris par cette nouvelle voix.

Je suis bien embêté lorsque je vois face à nous non pas Gloria en personne, mais nos amis Brian et Willy, le regard mauvais, mais surtout haineux.

Qu'a-t-elle bien ou leur faire croire pour les relier à sa cause ? Un avenir serein ? Les retrouvailles avec leurs familles ?

Ce qui est certain, c'est qu'ils ne sont pas ici pour discuter.

Ni une, ni deux, un voile noir m'obstrue la vue. Mes poignées sont liées entre eux, ainsi que mes chevilles.

Quelqu'un me pousse en avant et je m'effondre sur le gravier qui m'égratigne les genoux. J'entends Chris se débattre et crier non loin de moi. Quelqu'un me redresse brutalement et me somme d'avancer, le canon de son arme contre le bas de mon dos.

Je m'attendais à tout, sauf à ce scénario affligeant et humiliant à la fois.

La Bête HumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant