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Département des assouvis

– C'est maintenant ou jamais, me souffle dans l'oreille Chris, au détour d'un couloir.

Je l'interroge du regard les yeux froncés. Je veux savoir plus précisément ce qu'il tente d'essayer de me dire.

– Les gardiennes et les sentinelles peuvent toujours nous surveiller, mais plus Gloria.

– Tu as hacké leur système informatique ?

– Dans le mille ! Elles l'ont sûrement déjà repéré, ça fait deux jours que leurs caméras ne marchent plus.

Déjà deux jours ? C'est du temps de perdu pour ma part, mais je n'en dis rien de peur de le buter.

– D'où ce remue-ménage. Je comprends mieux pourquoi je vois sans cesse des techniciennes depuis jeudi.

– Exactement, me confirme-t-il, alors ? Quand comptes-tu le faire ?

– Demain soir, le préviens-je, sûr de moi, tu seras prêt ?

– Moi oui, mais les autres, je ne sais pas. Il faut les prévenir au plus vite.

– On a déjà assez perdu de temps comme ça, alors je me charge de prévenir Charlène. Toi, essaye de faire passer l'info aux autres.

– Tu lui fais confiance au point de divulguer tes plans ? Tu es sûre de qui elle est vraiment ?

– C'est ma sœur. Alors, oui, je lui fais confiance, plus que quiconque même.

– Dans ce cas, on se revoie demain même endroit, même heure. Et le code ?

Je le regarde brièvement avant de lui répondre :

– Rien.

– Pardon ?

– Tu diras : rien.

– Je retiens. Je vais en toucher deux mots à Brian...

– Tu crois qu'il serait prêt à partir ? Je ne vais pas le forcer, mais s'il veut rester ici pour sa copine, c'est son choix.

– Mais Vanessa pourrait comprendre, non ? Brian ne partira pas pour rien. Elle le retrouvera un jour ou l'autre ! Et Willy ? Tu crois que lui est prêt ?

– Willy est un type louche, mais il en veut. Au fond, il est à cent pour cent dans le plan, j'en suis convaincu.

– Bon, très bien. Dans ce cas, on se revoit demain. Je vais aussi aller parler à Willy tout de même. Pour le reste, je te laisse faire. C'est toi qui gères ta sœur, après tout.

– Dès que je verrais Brian, j'en profiterais pour lui demander de m'aider pour les codes de sécurité. À part toi, c'est un pro en la matière. Et il vaut mieux que ce ne soit pas toi qui fasses tout ce boulot. On ne sait jamais au cas où elles repéreraient d'où vient le problème.

– À toi de voir, ça ne me dérange pas de le faire. Je suis habitué.

– Pour demain soir, ne ramène rien. Couvrez-vous le plus possible, des couleurs de préférence sombre pour passer plus inaperçu. À part ça, pas de nourriture, ni aucun gadget qui pourrait nous faire perdre du temps ou nous faire repérer.

– Compris. Et la tablette électronique ?

– Amène-la. Elle pourrait nous être utile pour produire un champ magnétique et créer des coupures de courant. Ou bien autre chose, on verra bien. Mis à part ça, le reste est inutile.

– Tu crois vraiment qu'on va réussir à passer les frontières de Gloria si facilement ?

– Chris, je n'ai jamais dit que ça allait être facile. Ça va juste nous demander du temps, de la discrétion, mais surtout de l'organisation et de la cohésion. On ne doit pas se faire prendre. Et si jamais ça arrive, il ne faut pas qu'elles nous attrapent tous ensemble.

– Faire imploser la capitale Gloria serait vraiment tripant si on était tous ensemble. La base centrale de Gloria, qui semble être dans la zone Nord, est celle qui est juste à la frontière d'Alibi. Après l'implosion, on aura juste à se réfugier là-bas. Elles ne pourront pas venir nous arrêter. On sera en zone libre et on aura vaincu Gloria.

– N'aie pas trop d'espoir pour Alibi, au fond, nous ne savons pas vraiment ce qui s'y passe là-bas. Ce ne sont que des rumeurs. Je veux aussi y croire bien sûr, mais mon instinct me dit que c'est trop beau pour être vrai. N'oublie pas que c'est dans cette zone qu'elles envoient les bannis, alors pose-toi les bonnes questions. Pourquoi elles y enverraient des prisonniers alors que c'est censé être une zone libre ?

– Laisse-moi espérer, c'est tout ce que je te demande. Ça me donne du courage à faire toutes ces préparations pour fuir cet endroit. Je préfère être à Alibi plutôt qu'ici, crois-moi. Je sais que tu n'as peut-être pas tort d'un côté, mais c'est ma façon à moi de me donner un objectif. Et c'est l'objectif de pas mal de mecs ici.

– Je comprends. Pour le moment, notre objectif commun est de sortir tous d'ici, sains et saufs. Si tu es prêt pour ça, c'est déjà un bon point.

– Compte sur moi.

Le plan est lancé, reste plus qu'à croiser les doigts pour qu'il marche le plus longtemps possible...

La Bête HumaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant