Dane à Alibi : 12h12
Cela me parait étrange d'être tombé sur une ancienne amie de ma mère. La coïncidence est un peu troublante et j'ai du mal à avaler cette nouvelle déroutante.
Je ne connais pas particulièrement Xena, mais je sais que ma mère ne mélangeait pas ses connaissances avec sa famille. C'est pour cela que moi, je ne l'ai pas reconnue.
Je l'observe de loin. Après m'avoir révélé qu'elle me connaissait depuis bien plus longtemps que je ne le pensais, elle s'est éclipsée, prétextant un problème d'ordre interne. C'est bizarre, je pencherais plus sur le fait que cela la perturbe elle aussi. Mais après tout, je ne suis pas dans sa tête pour avancer de telles suppositions.
Je me lève de ma chaise et déambule dans ce lieu rempli de végétations et d'abris de fortune. Comment ont-ils fait pour vivre ici autant de temps ? Rien ne semble vivre, hormis eux.
Il n'y a pas de trace de vie animales. Pourtant nous sommes à Alibi, c'est une terre non contrôlée qui devrait regorger de beaucoup plus d'éléments naturels qu'à Gloria. Mais ce n'est pas du tout le cas, il n'y a rien ici.
Une voix me tire de mes pensées, celui qui me parle prétend se nommer Robbie, c'est un diminutif je suppose. Il s'assoit face à moi et me fixe, le regard moqueur.
– Excuse-moi ? lui demandé-je, n'ayant pas entendu.
– Je me posais une question, comment se fait-il que tu aies réussi à nous trouver ?
– Pardon ?
Que veut-il dire par là ? Je le trouve étrange et fourbe à la fois.
Le regardant sans rien ajouter de plus, il me toise le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Qu'est-ce qui le fait autant sourire ?
– Souvient-toi du comment tu es arrivé ici. Et pourquoi tu y es. Tu n'es pas là par hasard, Dane, ton inconscient essaye de te faire passer un message, essaye de ne pas passer à côté.
– Excuse-moi, mais je n'arrive pas à te suivre. Tu tentes de me dire quelque chose ?
– Je ne tente rien moi. C'est toi qui t'imagines ça.
– Mais tu es qui à la fin ? m'écrié-je, perdant patience.
– Je suis ta conscience refoulée, ricane le type, tu te créer cette discussion toi-même et tu me dessines sous les traits d'un mec que tu as sûrement déjà croisé durant ta vie.
– Tu es en train de me dire que rien ici n'est réel ? Que tout ce qui se trouve autour de nous n'existe pas ?
– Rien n'est tout à fait réel. Peut-être que tu es en pleine réflexion sur la façon dont tu vas te sortir de cette impasse. Ou bien tu essayes de survivre, en imaginant une conversation plus ou moins loufoque avec un type que tu ne connais même pas et que tu ne connaîtras probablement jamais.
– Alors si je comprends bien, je ne serais pas vraiment à Alibi ?
– Ça c'est toi qui le dis. Peut-être qu'elles veulent te faire croire ça dans le but de savoir comment tu réagirais et ce que tu compterais y faire surtout.
– Tu es complètement barge !
Je me lève en fracas de ma chaise qui se renverse en arrière. Ce type sort de je ne sais d'où et il veut me faire passer pour un fou à lier ! Qu'est-ce qu'il attend de moi ?
– Détends-toi, mon ami ! Ça ne sert à rien de t'énerver. Personne ne t'entend réellement ici. Tu es, si je peux me permettre, dans un monde parallèle, dans un entre-deux mondes. Tu as la vie réelle et tu as le jeu, m'explique-t-il en mimant avec ses mains, toi tu es au milieu, cherchant désespérément à te créer une faille dans le système pour ainsi échapper au sort funeste qui n'attend que toi.
– Je suis entre la vie et la mort ?
– Ce n'est pas ce que j'ai dit, pouffe Robbie en secouant la tête, tu es bien vivant. Mais dans un état de léthargie avancé. Elles peuvent faire de toi tout ce dont elles souhaitent. Mais ton moi intérieur se défend et continue de se débattre malgré la faiblesse qu'elles t'infligent. Tu peux contrer leurs agissements, mais il faut que tu reprennes le pouvoir et au plus vite. Sans cela, ton corps s'amenuisera de plus en plus et tu ne pourras plus reprendre le contrôle de toi même.
– Alors si je comprends bien, tout ceci, Alibi, Xena, tout cela est faux ? répété-je une seconde fois.
Robbie acquiesce, les lèvres pincées, comme s'il était désolé pour moi de me savoir dans cette condition affligeante.
– Je te souhaite bonne chance, mon ami. Tu reprends petit à petit conscience, continue de te battre, pense fort à ce pourquoi tu survis et tu n'en seras que plus fort.
– Et toi ? Existes-tu vraiment ?
– Je ne suis rien d'autre que ta propre imagination. Mais si un jour on se rencontre réellement, ne fais pas comme si on se connaissait. Le vrai moi ne comprendrai pas.
J'acquiesce, pas sûr de savoir où il veut en venir.
Ma vision se fait d'un coup très floue, le paysage autour de moi devient de plus en plus abstrait. J'ai mal à la tête, mes bras et mes jambes deviennent douloureux et flasques. Je me sens défaillir, mais je ne sais pas pourquoi. Ma vue devient noir, mes oreilles sifflent et mon odorat n'agit plus.
Je tente de hurler de toutes mes forces afin d'appeler de l'aide, mais aucun sons ne sort de ma bouche.
Et puis, petit à petit, mes yeux se ferment, je me sens partir. Mes jambes ne tiennent plus, elles me lâchent et je m'écroule au sol, comme drogué par quelque chose qui m'est inconnue.
Je ne peux pas expliquer ce qui m'arrive, tout ce que je sais, c'est qu'après ça le néant total s'abat sur moi.
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La Bête Humaine
Science Fiction2029 : Suite à de nombreuses crises fragilisant le monde, une révolte féministe renverse le régime patriarcal de Belgh en quelques années. Elle tend tout d'abord à laisser plus de pouvoir à la femme, pour ainsi la mettre sur le même pied d'égalité q...