Chapitre 24

19 4 1
                                    

S'étant de nouveau retrouvée seule et enfermée dans la chambre suite au départ de Jamis, Vekki avait laissé son chagrin prendre le dessus. Elle eût l'envie d'en finir avec sa vie. Jamais elle ne laisserait ce sale brute poser la main sur elle une fois de plus. Pour qui se prenait-il ? Ce n'était pas parce qu'il était à la tête d'une grosse fortune qu'il pouvait s'octroyer le droit de l'invectiver de la sorte !

Vekki se refugia après cela dans la salle de bain. Elle se saisit ensuite d'un rasoir et voulut tout d'abord se couper les veines puis se ravisa. Il lui aurait fallu beaucoup de courage pour aller jusqu'au bout mais en ce moment, elle n'en avait que très peu. Elle parvint ainsi à la juste conclusion que si elle avait assez de cran pour intenter à sa vie, elle devrait en emmagasiner davantage pour pouvoir lutter contre son ennemi et le vaincre. Et comment ? De quelle arme disposait-elle ? D'une rasoire électrique... et même si elle parvenait à le blesser, elle n'était pas sûre de pouvoir sortir vivante de cette chambre après cela. Aux primes abords, Jamis était beaucoup trop grand et beaucoup plus fort qu'elle, la grande question demeurait néanmoins en suspens : tenait-elle à ce point à la vie pour laisser cet homme exécrable, cet assassin démoniaque la déposséder de sa virginité? Et contre quoi d'abord ? De l'argent ou bien sa liberté ou même les deux ? Pourquoi elle ? Pourquoi pas une autre ? Vekki se tuait à vouloir répondre à chacune des questions que lui imposait son mental sans pour autant y parvenir.
Gennio... Son nom revenait souvent sur ses lèvres. Elle ne pouvait s'interdire de penser à lui et de vouloir excuser son attitude. L'affection et la violence de l'amour qu'elle éprouvait pour lui était désormais proportionnelles à la déception et à la souffrance née de cette déception qui la détruisait de l'intérieur. Pourquoi avait-il pris le parti de l'abandonner à son sort ? Quel sorte d'accord avait-il choisi de passer avec son frère ? Pourquoi ne ressentait-il pas la moindre compassion à son égard ? Si seulement elle pouvait cesser de l'aimer, si seulement elle pouvait juste commander à son coeur de ne plus rien ressentir pour cet homme sans scrupules mais Vekki savait que c'était impossible. Vouloir lutter contre cet amour qui emprisonnait son coeur d'une bien triste façon revenait à vouloir empêcher son coeur de continuer de battre. Rien à faire, elle était atteinte, en vint Vekki à conclure avec regret.

Les doigts tremblants, étouffant d'autres sanglots, Vekki passa la rasoire dans ses cheveux qui tombèrent instantanément sur ses épaules. Elle continua le manège sans s'arrêter jusqu'à ce qu'elle se retrouva le crâne chevelu. Ses longs cheveux frisés doux comme une masse de coton fraîchement cueillis s'étalaient à présent sur le carrelage. Reposant la rasoire, elle se passa une main toujours tremblotante sur la tête. Elle inspira un bon coup puis se redressa afin d'admirer son chef d'oeuvre dans le miroir. Sa jolie frimousse lui apparut avec une tête sans une once de poil mais contre toutes attentes, cela lui arracha un sourire satisfait.

<< Nous allons bien voir comment il va t'être possible de m'introduire dans ta société avec ce crâne-là ! >> Grommela t-elle en pensant à Jamis.

Vekki décida après cela de retourner dans la chambre à se tourner les pouces. Mais à peine avait-elle rejoint le lit qu'elle entendit le retentissement du programme de la porte qui venait de se déverrouiller de l'extérieur. Jennifer entra avec son déjeuner sur un plateau mais lorsque celle-ci croisa la silhouette de Vekki, elle pâlit sous le choc et ne put retenir un cri de stupéfaction. Instantanément, le plateau chavira d'entre ses mains et tout ce qu'il y avait dessus glissa à terre provoquant ainsi un grand bruit.

- Que vous est-il arrivé, mademoiselle ? Qu'avez-vous fait ? Monsieur va rentrer dans une colère épouvantable...
- Épargnez-moi vos commentaires et allez-vous en ! La gronda Vekki irritable. Je vous ai dis de sortir, laissez-moi donc tranquille !

Elle se recroquevilla ensuite sur elle-même puis ramena la couverture entièrement sur elle. Pourvu que tout ceci ne soit qu'un cauchemar ! Se disait-elle. Pourvu qu'elle se réveille... mais au fond d'elle elle restait consciente qu'il ne s'agissait pas que d'un vilain rêve. Tout était malheureusement réel, bel et bien réel.

Jamis rentra effectivement dans une grande colère lorsque Jennifer l'informa par téléphone de la bêtise qu'avait faite Vekki. Cette petite ignorait encore à qui elle avait à faire, ragea t-il. Pensait-elle qu'il allait lui laisser le champ libre pour arriver à contrecarrer ses plans en agissant de la sorte ? C'était ne pas connaître l'ampleur de son obsession. Elle allait devoir apprendre à lui obéir et cela risquait fort bien de lui coûter très cher.

****

Vekki s'attendit presque à voir surgir Jamis pour la seconde fois de la journée. Elle ne se trompa pas car même s'il ne se présenta pas, Jennifer lui assura qu'il était arrivé et qu'il désirait s'entretenir avec elle dans son bureau. Cela signifiait-il qu'elle avait l'autorisation de sortir de cette maudite chambre ? Bien que l'idée ne lui déplut pas, Vekki ne fit montre d'aucune émotion à l'annonce de la nouvelle.

- Suivez-moi, je vous y conduis. Pressez-vous un peu, mademoiselle car il est dans votre intérêt de ne pas faire attendre monsieur.

Et pour qui donc se prenait cette fille ? S'énerva Vekki. De quel droit s'adressait-elle à elle sur ce ton ? Elle ne perdait rien pour attendre !

- Vous venez ou pas ? Insista Jennifer comme elle remarquait Vekki hésitante.
- Je ne retrouve pas mes sandales, laissez-moi d'abord les enfiler et arrêtez de me regarder avec ces yeux-là ! Répliqua Vekki avec agacement.

Elle se baissa pour extirper les sandales en question d'en-dessous de la table puis les enfila avec une certaine nonchalance, ce qui ne fit qu'accentuer l'impatience de Jennifer. Sans paraître la remarquer, Vekki la devança afin de l'obliger à suivre son rythme. La porte fut déverrouillée, Jennifer prit aussitôt un couloir, Vekki la suivit sans rechigner. La villa lui parut bien immense tout à coup avec une multitude de portes et d'interminables allées. Tout en avançant, la jeune femme ne pouvait s'empêcher d'attarder son regard sur l'ensemble du mobilier qui de par leur aspect désignait l'oeuvre de talentueux artistes dont Vekki ne soupçonnaient même pas l'existence. Tout d'un coup, elle se sentit insignifiante devant tant de luxe et de perfection.

- Le bureau de monsieur est par ici, mademoiselle, la rappela à l'ordre Jennifer tandis que sans s'en rendre compte, Vekki poursuivait son petit bonhomme de chemin.

La jeune femme revint donc sur ses pas alors qu'elle parut ne pas avoir remarqué que l'intendante de la villa s'était arrêtée devant une porte sculptée dans du bois de chêne avec des ornements digne d'une oeuvre d'art.

- Entrez, je vous prie ! L'invita Jennifer en ouvrant brusquement la porte pour elle.

Vekki hésita un peu mais finit par s'exécuter. Aussitôt elle fut frappée de plein fouet par le luxe qu'offrait le bureau ovale de par son architecture et elle eût de nouveau la désagréable sensation de se croire minuscule et d'être enfermée dans une espèce de cage dorée. Les baies vitrées ornées par des rideaux dont les étoffes furent rapportées d'Inde attirèrent brusquement son attention car elles offraient une merveilleuse vue des jardins qui délimitaient l'ensemble de la propriété. Les premières lueurs d'un magnifique soleil d'été filtraient à travers ces mêmes baies et le spectacle ajoutait beaucoup de charme à cet ensemble.

Séduction DangereuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant