Séduction Dangereuse

Chapitre 29

Jennifer ne cacha pas sa surprise lorsqu'elle vit débarquer dans la villa Gennio au lieu de Jamis. Elle s'attendit à obtenir le consentement de son employeur afin de pouvoir congédier Osman, ainsi Vekki se retrouverait seule à nouveau, accablée. Mais ses désirs semblent loin de se réaliser. On aurait plutôt dit d'après ce qu'elle a pu en déduire que la situation enchantait particulièrement Jamis. Mais, en quoi Vekki faisant la compagnie d'Osman qu'elle connaissait à peine pouvait-il bien profiter à son patron ? Jennifer n'y comprenait plus rien.
Gennio n'avait pas remis les pieds à la villa depuis des lustres, pourquoi réapparaissait-il soudain ? Jennifer en était encore à s'interroger sur les motivations de ce dernier quand il demanda à voir Vekki.

- Mademoiselle se repose dans sa chambre et monsieur a donné l'ordre qu'on ne dérange jamais ses siestes, répondit cérémonieusement Jennifer.
- Réveillez-la et faites-lui savoir que je suis là. J'attendrai dans le salon.
- Mais, monsieur...
- Ne me faites pas perdre mon temps ! Gronda Gennio qui n'admettait pas que l'on contredise ses ordres.

Prise de panique, Jennifer s'exécuta. Elle entra dans la chambre de Vekki et la réveilla tout doucement pour lui annoncer qu'elle avait une visite des plus inattendues.

Vekki hésita longtemps avant de se décider à sortir de sa chambre pour aller à la rencontre de l'homme qui l'avait tristement abandonnée puis rejetée.

- Je suis là, qu'est-ce que tu veux ? L'interrogea t-elle en croisant ses bras sur sa poitrine en un geste de défi.
- Je suis venu pour te sortir d'ici. Vekki...

Gennio ne put poursuivre car il eut brusquement l'impression d'avoir perdu sa langue. Elle avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir, de le mépriser mais il ne pouvait pas supporter le fait qu'elle puisse s'intéresser à un autre homme que lui.

- Je ne peux et je ne veux pas te laisser dormir ici une nuit de plus, finit-il par déclarer en redevenant maître de ses émotions. Je ne permettrai à personne de se mettre entre nous.

Vekki eut un ricanement.

- Tu viens beaucoup trop tard, lui répondit-elle du tac au tac. Je ne veux aller nulle part avec toi, Gennio. Tu peux retourner d'où tu viens.
- Non, Vekki, attends ! Je reconnais avoir mal agi. Je n'aurais jamais dû partir comme je l'avais fait mais je m'y suis senti obligé pour que Jamis comprenne une bonne fois pour toutes...
- Une bonne fois pour toutes que tu n'en as rien à faire de moi ? Qu'il peut faire de moi tout ce qu'il lui passe par la tête ? Ton frère est un détraqué, bon à enfermer avec ses semblables !
- Tu as malheureusement raison...
- Si tu estimes que j'ai raison alors pourquoi ne fais-tu rien ? Tu vas encore longtemps laisser ce fou à lier continuer par semer la terreur tout autour de lui ? Enfin, Jamis est un assassin ! Il a tué votre père ! À défaut d'un hôpital psychiatrique il mérite de finir ses jours dans une prison ! Tu comptes rester là à le regarder détruire toutes les personnes de ton entourage sans lever le petit doigt pour l'arrêter ? Figure-toi qu'il est résolu à faire de moi son esclave.
- Jamis s'en est pris à son père pour me sauver la vie, Vekki. C'est quelque chose que tu ne peux pas comprendre...
- Tu n'es qu'un pauvre imbécile, Gennio ! Va t-en et ne reviens plus jamais me voir ! Nous n'avons plus rien à nous dire.

Vekki ne voulait et ne pouvait pas se laisser attendrir. Elle en avait déjà beaucoup trop enduré à cause de lui et de sa faiblesse.

- Vekki, j'aimerais tellement que tu comprennes les choses telles que je les ressens ! Se défendit Gennio se sentant comme pris entre deux murs. On est entrain de parler de mon frère, il s'agit de mon frère, bon sang ! Jamis a toujours été là pour moi et il a sacrifié beaucoup plus que tu ne peux jamais l'imaginer pour que je ne sombre pas. Il est prêt à tout pour moi et il serait prêt à donner sa vie pour moi... Nous sommes frères, ne peux-tu pas comprendre ça ? Le même sang coule dans nos veines... Je ne peux aller le dénoncer aux autorités, c'est au-dessus de mes forces et si je le faisais enfermer comme tu le suggères, je lui ferai plus de mal que de bien, il en serait anéanti... Je suis sincèrement désolé..., je te demande pardon, Vekki... Je te demande de me suivre et c'est comme cela seulement que je peux être à même de te protéger de Jamis.
- Je rêve-là ! Dites-moi que je rêve ! S'emporta Vekki dépassée par les propos de Gennio. Il est clair que ton frère a besoin d'aide ! De l'aide d'un professionnel ! En ne faisant rien, tu ne lui donne que l'occasion de s'enfoncer chaque jour un peu plus dans sa souffrance ! Je ne peux aller nulle part avec toi, Gennio et même si je le voulais, ce serait impossible ! En tout cas pas tant que Jamis représentera une menace pour moi et pour mes proches. Il est capable de me traquer où que j'aille et il me l'a parfaitement bien fait comprendre.
- Non ! Il t'a fait des menaces ? Il t'a fait du mal, Vekki ? Réponds-moi !

Le silence de Vekki lui révéla beaucoup plus qu'il ne l'eût souhaité. Jamis avait-il perdu ses facultés mentales à ce point-là ? S'enquit-il avec amertume. Il se dirigea d'un pas nonchalant vers le minibar et se servit deux gouttes de vodka dans un verre qu'il expédia d'un trait.

- Jamis ne supporte pas l'enfermement, grommela t-il ensuite. Il a vécu un traumatisme qui remonte à son enfance et il ne s'en est jamais remis. Je suis incapable de le dénoncer à la police ou bien même de vouloir l'interner pour son bien comme tu sembles vouloir le croire.
- Je comprends l'affection que tu portes pour ton frère, Gennio, marmonna Vekki les yeux remplis de larmes. Et moi ? Qui diable se soucie de moi ?

Attendri par ses larmes, Gennio fit le geste de se rapprocher d'elle mais elle lui opposa fermement sa décision de rester éloignée de lui. Sur ce, elle prit la fuite tandis que d'autres larmes venaient pour lui brouiller la vue. Gennio ne l'aimera jamais autant qu'elle l'aimait, réalisa t-elle avec douleur. Elle avait eu tort de le croire même un court instant.

Un peu tard dans la soirée, Jamis arriva et manifesta le désir de lui parler. Il voulait surtout qu'elle lui raconte dans les moindres détails ce que son frère était venu faire dans la villa en son absence. Convaincue qu'il avait installé des caméras dans chaque coin, Vekki ne tenta même pas de lui cacher la vérité.

- Il voulait m'amener avec lui, lâcha t-elle. Mais j'ai refusé.
- Voilà qui est excellent ! S'en réjouit Jamis en se servant un verre de cognac derrière le minibar.

Il en proposa à Vekki mais celle-ci le déclina.

- Brava ragazza ! La félicita t-il une nouvelle fois avant de porter son verre au lèvres d'un air satisfait. Alors, raconte-moi un peu comment avance ta formation.
- Que je sache, Mama Afelika n'a pas à se plaindre de moi.
- Non et bien heureusement pour toi. Elle m'a dit que tu apprends vite.
- C'est uniquement parce que je désire plus que tout au monde être libérée de toi et de l'enfer que tu m'imposes le plus vite possible. Je suppose que tu me laisseras retourner chez moi lorsque j'aurai accompli ce que tu attends de moi ?

Jamis eut un rire cynique.

- Voyons voir... il se pourrait bien, pourquoi pas ? En attendant, laisse-moi t'annoncer qu'il y a un de mes amis qui organise une soirée à laquelle je suis convié et je veux que tu m'y accompagnes.
- Je suppose que Gennio viendra également ?
- Oui, tu supposes bien sinon quel intérêt ? Je te présenterai à tout ce beau monde comme étant ma petite amie du moment. C'est inutile de te rappeler ce que tu devras dire ou faire, n'est ce pas ?
- Je connais mon rôle.
- Parfait ! Tu vois qu'on peut quand même arriver à s'entendre si tu t'en donnes la peine ?