Chapitre 41

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Vekki luttait incessamment contre ses émotions pour ne pas avoir à faire exploser les flammes de sa rage au nez de Jamis. Si elle s'écoutait, elle se servirait à son tour d'un couteau pour lui faire une grosse entaille dans le visage. Il aurait alors de quoi resté enfermé chez lui pour le restant de ses jours n'osant plus jamais se montrer en public avec une cicatrice d'une telle envergure...

- Inutile de chercher à dissimuler tes sombres pensées, ma petite Vekki, le ridiculisa t-il sans une once de gratitude après le service qu'elle venait de lui rendre. Je lis en toi comme dans un livre ouvert, ajouta t-il sarcastique.

Une fois de plus, Vekki détourna subrepticement son regard. Décidément, elle ne s'y fera jamais à la présence de cet homme, en vint-elle à conclure. Il y avait en lui quelque chose qu'elle ne parvenait pas à saisir comme si toute sa personne toute entière demeurerait à jamais une énigme pour elle. Au-delà de cette apparence du grand méchant loup assuré d'être craint par tous, Jamis se révélait par moment être un homme des plus tourmentés. Il ne semblait avoir personne en qui il pouvait placer son entière confiance, il était surtout très seul et malgré les apparences, il donnait l'air de beaucoup en souffrir. Il aurait pu mieux s'entendre avec son frère s'il ne faisait pas tout ce qui était en son pouvoir pour compliquer la vie de ce dernier ; c'était comme s'il voulait absolument prendre sa revanche mais sur quoi ? Que lui avait fait Gennio pour mériter un tel acharnement ? Que lui reprochait-il au juste ?

- J'aurais souhaité connaître les raisons qui te poussent à vouloir détruire ton frère avec un tel acharnement, déclara Vekki en finissant par exprimer le fond de sa pensée. Qu'a t-il bien pu te faire pour que tu mettes un point d'honneur à le frapper là où ça fait le plus mal ? Es-tu conscient que Gennio risque de t'en vouloir à mort si jamais il venait à tout découvrir ?

Jamis s'esclaffa au nez de Vekki ce qui eut l'effet souhaité. Elle se pinça les lèvres pour ne pas avoir à prononcer des paroles peu avenantes.

- Tu vas courir pour aller tout lui déballer si je comprends bien, ne cessa t-il de ricaner.
- Je ne vais pas te mentir, répondit Vekki du tac au tac.
- J'apprécie ta sincérité. Y a-t-il autre chose que tu comptes lui apprendre me concernant et que je devrais savoir à l'avance ?
- Va te faire voir, espèce de malade !

Irritée, Vekki le planta-là et s'en alla sans se retourner tandis que son rire résonnait encore dans ses oreilles à lui donner l'envie de se les boucher une bonne fois pour toutes. Elle donnerait tout pour ne plus jamais avoir à entendre la voix de Jamis, pour ne plus jamais avoir à croiser son regard... Il n'était rien d'autre que le diable personnifié, un monstre sans cœur !

*****

Jamis se décida à sortir de sa voiture dès le moment où il aperçut Salsa Quinn sortir du restaurant où elle travaillait pour regagner son domicile car elle venait de finir son service. Il avait bon espoir qu'elle accepte de lui consacrer quelques minutes de son temps. Voilà dix jours maintenant qu'il venait à chaque fois la supplier presque d'accepter un tête à tête avec lui sans que jamais elle ne cède à ses avances. Peut-être fallait-il changer de tactique, songea sérieusement Jamis.

- Vous n'aimez pas les hommes ? Lui avait-il demandé en la poursuivant assidûment.
- Je n'ai rien contre les hommes, lui avait-elle répondu sans s'arrêter.
- Alors c'est moi que vous n'aimez pas dans ce cas avait continué Jamis sans pour autant s'avouer vaincu.
- Je ne vous connais pas alors je ne saurais dire si je vous aime ou pas, monsieur Campobello.
- Appelez-moi Jamis, s'il vous plaît, Salsa... Vous ne vous souvenez jamais de mon prénom. Moi je vous appelle tout le temps Salsa au lieu de mademoiselle Quinn.
- Je ne me souviens pas vous y avoir convié mais apparemment ça vous plaît de prendre des familiarités à mon égard.

Jamis n'avait pu rien conclure avec elle depuis qu'il s'était décidé à la courtiser et pourtant il brûlait d'envie de passer un moment avec cette femme. Elle était trop belle, trop gentille et trop douce, ce n'était pas le genre de femme que Gennio pouvait aisément mettre dans son lit. Enfin, une qui n'était pas intéressée par des play-boys du genre de son demi frère. C'est celle-là précisément qu'il lui fallait. Salsa Quinn : elle avait toutes les caractéristiques d'une femme parfaite, toute faite pour lui. Il rêvait de construire une vie tout autour d'elle, il mettrait le monde à ses pieds si seulement elle consentait à le laisser agir à sa guise.

Ses cheveux habituellement tressés en queue de cheval, elle avançait d'un pas rapide sans paraître remarquer une fois de plus sa présence.

- Bonsoir, mademoiselle Quinn, la salua Jamis en venant une fois de plus marcher à son côté. Puis-je au moins vous déposer chez vous ? Il me semble que vous avez fini un peu plus tard que d'habitude, vous allez sûrement râter votre bus.
- Aucun souci, je prendrai le prochain, répondit t-elle sans s'arrêter. Tiens c'est étrange, on dirait qu'aujourd'hui vous avez décidé de ne plus m'appeler par mon prénom.
- Votre sœur m'a suggéré de ne plus le faire tant que vous ne m'y aurez pas autorisé.
- Elle est drôle ! S'esclaffa Salsa.
- C'est bien la première fois en onze jours que je vous entends rire, mademoiselle Quinn, releva Jamis complètement sous le charme. Vous êtes toujours très sérieuse d'habitude...
- Vous n'allez donc jamais cesser de m'importuner, monsieur Campobello ? Votre présence dans cette rue fait beaucoup jaser et je ne veux pas me retrouver traquée par des paparazzis par votre faute. Je veux pouvoir continuer à préserver mon intimité et puis je déteste être au centre de l'attention.
- Je suis absolument d'accord avec vous, mademoiselle Quinn. Moi non plus je n'aime pas beaucoup faire parler de moi. Acceptez de dîner avec moi et je vous promets de vous laisser tranquille après ça. Un seul dîner et vous n'entendrez plus parler de moi.
- Et qu'entendez-vous par dîner ?

Cette fois, Salsa freina et planta ses yeux noisettes dans ceux plus clairs de Jamis.

- Vous et moi autour d'une table... Deux couverts... Je ferai moi-même la cuisine..., Répondit maladroitement Jamis une lueur d'espoir perlant au fond des yeux.
- Vous savez donc cuisiner ? Releva Salsa avec scepticisme. Excusez-moi mais j'ai beaucoup de mal à y croire.
- Dans ce cas, testez-moi, répliqua Jamis avec un petit sourire en coin. Sans vouloir me vanter, je vous assure que je suis un véritable cordon bleu. Pour moi la cuisine reste surtout une passion mais je n'ai pas toujours le temps ni même l'occasion de l'exercer. Acceptez de venir dîner chez moi et je vous donnerai la preuve de ce que je dis.
- Très bien, mais Onora devra m'accompagner.
- Avec grand plaisir ! Je vous enverrai mon chauffeur demain à sept heures. Ça vous va ?
- C'est d'accord, nous serons prêtes.

Le visage de Jamis s'illumina de bonheur. Il avait encore du mal à croire que Salsa venait finalement d'accepter de passer un peu de son temps en sa compagnie. Elle n'imaginait pas à quel point cela le rendait joyeux à la perspective de pouvoir cuisiner pour elle ! C'est alors qu'elle parut remarquer son bandage.

- Qu'est-ce qui vous est arrivé à la main ? La questionna t-elle.
- Oh, ça ! Un malencontreux accident, répondit-il évasivement. Rien de bien grave...

Séduction DangereuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant