Chapitre 37

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- Vekki, tu me fais perdre la tête... Lâcha Gennio dans un grognement.
- Je le sais... Toi aussi tu me rends folle, mon lapin ! Qu'est-ce qu'on peut faire pour remédier à ce mal qui nous ronge ensemble ?
- Tout, ma bichette... On peut tout faire...

Déjà elle lui mordait délicatement le lobe de l'oreille gauche et cela finissait de faire perdre tout bon sens à Gennio.

- Il faut que j'y aille maintenant, décréta Vekki en mettant brusquement fin à son petit numéro de séduction.
- Comment ça y aller ? Releva Gennio désarçonné. Mais je... Je croyais que...
- Qu'est-ce que tu croyais, Gennio ? Répliqua Vekki après s'être délibérément éloignée de lui. Que nous allions faire du sexe ici dans cette salle ? Pour qui me prends-tu ?
- Non, non, pas ici, ma bichette. Ailleurs, c'est comme tu veux. On peut aller chez moi aussi...
- Excellente idée mais ça ne sera pas pour aujourd'hui. Allez, ciao !

Pourquoi faisait-elle montre de tant de cruauté à son égard ? L'allumer de la sorte et finir par le planter-là sans aucun état d'âme ! Gennio ne se découragea pas pour autant car cette fille était en tête sur sa liste et il restait persuadé que tôt ou tard il réussirait à la mettre dans son lit.

Vekki s'en alla s'enfermer dans les toilettes un long moment pour se passer de l'eau dans le visage sans égard pour son maquillage. Elle restait consciente d'être entrain de jouer avec le feu et qu'elle risquait fort bien d'en revenir plus marquée que sa cible. Gennio, lui n'avait absolument rien à perdre car après tout c'était elle qui jetait sa dignité aux orties. Comment pouvait-il encore avoir le moindre respect pour elle après ce qu'elle venait de faire ? Que penserait d'elle sa tante si elle venait à la surprendre ? À son souvenir, Vekki se morfondit. Tous ses rêves s'envolaient l'un après l'autre. Son rêve de fonder un foyer avec Gennio était celui auquel elle tenait le plus mais il venait lui aussi de partir en fumée car elle réalisa plus que jamais que Gennio ne désirait d'elle qu'une seule chose et c'était le sexe. Il n'avait rien d'autre à lui offrir, il s'en montrait incapable. Mieux valait tirer un trait définitif sur des illusions pour se concentrer sur sa priorité qui demeurait sa vengeance.

*******

Jamis avait le nez dans ses paperasses lorsqu'il entendit son téléphone sonner. Ce n'était pas un numéro qui figurait dans son répertoire mais il décrocha tout de même afin d'en avoir le cœur net.

- Allô ! Dit-il.
- Hey, Jamis ! Ça fait un bye ! Comment tu vas ?
- Onora Quinn ! Enfin tu te décides à prendre de mes nouvelles. Ça fait plus de deux semaines !
- Je suis sincèrement désolée mais c'est parce que ma sœur a fait un malaise puis elle a été gardée en observation pendant plusieurs jours. Elle va bien mieux maintenant et elle a repris son travail et moi de même.
- Je comprends. Je suis navré pour ta sœur.
- Pas de soucis. Alors on dit quoi ? En fait je t'appelais pour t'inviter à déjeuner et tu n'as pas le droit de refuser.
- Déjeuner ? Excellente idée !
- Super ! Je tiens tout de même à te prévenir car je n'ai pas les moyens de t'amener dans un resto comme ceux que tu as l'habitude de fréquenter. Nous allons donc aller déjeuner dans le restaurant où travaille ma sœur et je t'assure que tu ne le regretteras pas parce que les repas qu'on y sert sont exquis ! Ça te tente de faire l'expérience ?
- Ok. Donne-moi l'adresse et je t'y retrouves.
- Très bien. On se retrouve dans une heure mais avant de te donner l'adresse, je tiens à t'avouer encore une dernière chose.
- Je t'écoute, Onora.
- Ma sœur est du genre à beaucoup stresser et dans les cuisines, elle s'emmêle souvent les pinceaux et malheureusement pour elle, monsieur Larry le proprio menace sans cesse de lui trouver un remplaçant. Du coup j'ai pensé que si tu venais manger dans son resto, ça va lui faire de la pub à monsieur Larry et il va reconsidérer le cas de ma sœur.
- Ce qui signifie que tu as l'intention de te servir de moi pour faire garder son emploi à ta sœur ?
- C'est pour une noble cause. J'espère que tu n'es pas contrarié ?
- Absolument pas. Ça me plairait beaucoup de passer un moment avec toi, Onora.
- C'est parfait ! Mais j'ai tout de même un conseil à te donner. Si tu veux passer inaperçu dans notre rue, il vaut mieux t'habiller comme un monsieur tout le monde et ce serait plus facile de ne pas te faire reconnaître du premier coup d'œil.
- J'ai compris et merci du conseil.

Après avoir raccroché, Jamis rangea ses paperasses dans leurs dossiers respectifs puis quitta son bureau. La journée s'annonçait belle, son travail pouvait attendre, décréta t-il. Il rentra chez lui et troqua son smoking contre un débardeur et un simple jean pantalon. Il fit venir un taxi qui le conduisit à l'adresse indiquée. Comme convenu, Onora l'attendait juste devant l'entrée du local, ses cheveux blonds relevés dans un chignon négligé et ses petits yeux noisettes lui souriait chaleureusement. Elle ne voulait pas attendre qu'il sorte du taxi car déjà elle se précipita vers le véhicule.

- Hey ! Je suis si contente de te revoir ! Lui dit-elle en se penchant sur sa joue pour y déposer une bise.
- Toujours aussi exubérante ! La taquina Jamis après avoir payé la note du taxi.
- C'est ici ! Annonça Onora en présentant la façade du restaurant où sa sœur travaillait. Si je réussis à te faire entrer ici, c'est certain que ma sœur pourra désormais dormir sur ses deux oreilles et arrêtera de s'inquiéter. Elle stresse trop, va savoir pourquoi. Elle n'a que vingt cinq ans mais elle se montre incapable de profiter de sa jeunesse. Salsa ne sait rien faire d'autre que travailler...
- J'ai l'impression d'entendre mon demi frère qui dit souvent la même chose de moi.

Onora le regarda du coin de l'œil mais préféra ne pas relever. Elle prit ainsi son invité par la main et le traîna à l'intérieur du local. Tous les regards se braquèrent alors sur le couple qu'ils formaient d'autant plus qu'Onora était une habituée de la maison et que nul ne lui connaissait aucun petit ami en date. Mais comme il fallait s'y attendre, certains visages parurent bientôt identifier le nouveau venu qui l'accompagnait, les murmures s'intensifièrent d'un seul coup.

- Ne fais pas attention, Jam ! Fit-elle savoir à ce dernier. Suis-moi, notre table est au fond.
- Avec plaisir ! Plaisanta Jamis un petit sourire au coin des lèvres.

Ils prirent place et presque aussitôt une jeune femme qui portait un joli tablier blanc s'approcha de leur table afin de prendre leur commande.

- Jam, je te présente ma sœur : Salsa Quinn, annonça automatiquement Onora surprenant alors la jeune femme qui ne s'y attendait pas du tout.
- Jamis Campobello ? S'enquit-elle interloquée.
- Lui-même ! Répondit celui-ci. Enchanté de faire votre connaissance, votre sœur m'a énormément parlé de vous et c'est elle qui a eu la bonne idée de m'inviter à prendre un repas dans ce restaurant précisément.
- C'est très gentil de votre part d'avoir accepté, monsieur Campobello. C'est un véritable honneur de vous accueillir, fit savoir Salsa Quinn avec émotion. Puis-je prendre votre commande ?
- Vous êtes serveuse ? Onora m'a pourtant dit que vous officiez en cuisine.
- Oui, c'est temporaire..., mentit Salsa assez gênée.

Onora fronça les sourcils.

- Le penses-tu réellement ? S'énerva t-elle. Monsieur Larry n'avait absolument pas le droit de te retirer ton poste après avoir été témoin de ce que tu as eu à traverser ces derniers jours. Il a quoi ? Une pierre à la place du cœur ?
- Tu veux bien te calmer, Onora ? Quelqu'un pourrait t'entendre ! Lui reprocha sa sœur.

Salsa ne s'éternisa pas plus car après avoir pris leur commande, elle s'éclipsa.

- Je n'arrive pas à croire que monsieur Larry ait osé mettre ses menaces à exécution ! Pesta Onora en présence de Jamis. Il l'a réellement destitué de son poste.
- Pourquoi ta sœur ne démissionne pas tout simplement ? S'enquit Jamis compatissant.
- Elle le pourrait mais elle ne veut pas. Elle raconte pour se justifier que monsieur Larry est malgré tout un excellent patron et qu'elle aime travailler pour lui.
- C'est dommage d'avoir des idées aussi arrêtées. Ta sœur donne pourtant l'air d'être une personne intelligente. Il faut qu'elle s'ouvre à d'autres perspectives, qu'elle se donne des opportunités de réussite. Tiens, pourquoi elle ne pense pas plutôt à se mettre à son propre compte ?
- C'est son grand rêve, celui de devenir propriétaire de son restaurant. Mais à peine arrive t-elle à mettre assez d'argent de côté après toutes les dettes que nous avons dû cumuler pour pouvoir garder notre maison... C'est le seul bien qu'il nous reste de notre père...

Séduction DangereuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant