Séduction Dangereuse

Chapitre 11

Emefa ouvrit ses bras et son neveu les larmes dans les yeux n'hésita pas à s'y blottir. Il se mit à pleurer de douleur mais aussi de joie, déversant un flot de larmes car l'émotion était à son comble. Il se voyait incapable de décrire la sensation que les bras de sa tante lui procurait car pour la première fois de sa vie, il expérimentait les effets nés de la tendresse d'une mère pour son enfant. Emefa aurait pu être celle qui lui aurait donné la vie, s'avoua t-il. À défaut, elle est et restera la tante qu'il n'avait pas connue. Gennio comprit dès cet instant qu'il ne pourra jamais plus vivre sans cette merveilleuse femme qui lui était liée par le sang mais désormais plus encore par l'affection qu'il lui portait.

- Je ne veux pas que tu te fasses du soucis pour moi, mon enfant, affirma Emefa. Tu as ta vie à vivre et moi la mienne est ici et je ne tiens tellement pas à ce que ça change. Je suis peut-être entourée de peu de gens mais je ne me sens pas seule pour autant. J'aime mon travail, figure-toi et je ne suis pas partisan de ceux qui mènent leur vie aux dépens d'autrui.
- Ne dis pas ça, ma tante...
- Eh bien c'est la vérité. Ce n'est pas pour manquer de respect à la mémoire de ta mère mais c'est elle qui sans le savoir m'a appris à me suffire.
- Elle t'a volé l'homme que tu aimais, je suis au courant. Vous étiez sur le point de vous marier, ma mère a brisé tes rêves, tante Emefa... Je suis tellement désolé. Si seulement je pouvais en un seul claquement de doigt réparer tous les torts qu'elle t'a causé...
- Ne t'inquiètes pas pour ça, Gennio. J'ai survécu. Enfin, regarde-moi ! Je suis bien debout, tu ne crois pas ?
- Grand-mère ne t'a pas elle non plus beaucoup facilité la vie...
- Cette vieille femme m'en veut pour la simple raison que je suis vivante et sa fille chérie, non.

Cette fois Emefa s'exprima avec beaucoup d'amertume. Elle n'aimait pas vraiment parler des ressentiments qu'avait fait naître en elle celle qui l'avait élevé non comme une mère mais comme un bourreau. Elle se rappelait aisément de la complicité entre cette mère et sa fille et du plan machiavélique qu'elles avaient toutes deux élaboré pour que son fiancé annule leur mariage à la dernière minute. Que ne lui avaient-elles pas raconté à son sujet ? Quels mensonges n'avaient-elles pas inventé pour la séparer à jamais de l'homme qu'elle aimait à la folie ! Son coeur avait failli éclater en mille morceaux lorsqu'elle avait appris qu'Afiya avait épousé en secret "son Kanyi" et qu'ensemble ils sont partis s'installer en Italie. Celui qu'elle aimait et en qui elle avait placé toute sa confiance ne lui avait même pas laissé la possibilité de se défendre comme si elle n'avait jamais réellement compté pour lui. Il avait tout simplement succombé au charme de sa demi soeur comme beaucoup d'autres et n'avait réalisé que bien trop tard qu'elle s'était servie de lui. Emefa se rappelait combien elle en fut dévastée et qu'elle avait juré de se venger. Elle avait donc repris ses études, obtenu son diplôme puis décrocha son premier emploi. Elle commença à travailler d'abord en tant qu'institutrice et de fil en aiguille, elle avait accepté de passer un concours national qui lui avait permis d'obtenir un poste à l'université. Elle y avait fait la connaissance du professeur Fatah qui lui avait à de nombreuses reprises prouvé qu'il était un homme digne de confiance. Elle ne le considérait pourtant que comme un ami et n'envisageait pas de vivre avec un homme quel qu'il soit.
Emefa avait cependant fini par abandonner son projet de vengeance lorsqu'elle avait fini par apprendre grâce aux réseaux sociaux qu'Afiya s'était mise à entretenir des relations extra conjugales avec Alessandro Campobello. À partir de ce moment, Kanyi avait réalisé l'erreur qu'il avait commise en acceptant de l'échanger contre sa demi soeur. Il a alors sombré dans l'alcool et la mélancolie l'avait poussé à finir écrasé sous un train. Triste fin pour un homme qui avait pourtant toute une vie devant lui. Emefa avait réussi à enterrer leur histoire en même temps qu'on enterrait le cadavre de l'homme qu'elle avait aimé d'un amour sincère et aveugle. Elle ne s'était pourtant jamais résolu à se marier car elle restait convaincue qu'aucun homme ne méritait son affection, consacrant sa vie à sa carrière et à s'occuper de sa belle-mère.

- Mon père m'a été d'un grand soutien dans toute cette épreuve, se confia t-elle à Gennio qui l'écoutait attentivement. Sans lui, je n'aurais probablement pas survécu. Quand il nous a quitté, j'ai vu mon monde s'effondrer à nouveau et puis j'ai fait la connaissance de Vekki. C'est une brave fille, elle m'a aidé à surmonter ma peine, elle s'est tout simplement accroché à moi et j'ai fini par faire la même chose. On s'adore, on ne peut plus se passer l'une de l'autre.
- J'ai effectivement remarqué que vous êtes très proches toutes les deux et bien heureusement pour moi, ma tante, plaisanta Gennio. Autrement je n'aurais jamais pu avoir cette conversation avec toi avant mon départ. Je lui suis vraiment très reconnaissant.