Chapitre 17

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Allongée dans le lit à moitié nue, Pippa regardait Lewis se saisir de son briquet pour allumer son cigare. Il était enveloppé dans un peignoir offert par l'hôtel et se préparait à entrer dans la salle de bain après un jeu de jambe en l'air qu'il n'était pas prêt d'oublier.

- Alors, raconte-moi tout, Lewis, le titilla Pippa décidée à recueillir toutes les informations pouvant lui servir au besoin. Tu avais promis, ajouta t-elle d'une voix aguicheuse qui ne put laisser le jeune avocat de marbre.
- Que veux-tu donc savoir, ma belle ? Il me semble t'avoir déjà mis au parfum de tout ce que tu as besoin de savoir pour pouvoir me donner le coup de pouce. Tu es une véritable allumeuse, toi ! Gloussa Lewis en se glissant dans le lit pour recevoir un autre baiser de la jolie jeune femme qui lui avait permis de grimper au plafond il y avait quelques minutes à peine.
- Mon petit doigt me dit que tu ne m'as pas encore tout dit, Lewis. Je reste convaincue que Gennio ne t'a jamais envoyé vers Vekki et je sais aussi que tu n'es pas ici de ta propre initiative. Il va sans dire que tu travailles pour quelqu'un d'autre. De qui s'agit-il ? C'est ça que je veux savoir.

Lewis éclata de rire visiblement chamboulé par les déductions de Pippa. Il prit soudain conscience que la jeune femme n'était pas aussi bête qu'elle voulait bien le lui faire croire.

- Tu as de ces idées, ma gazelle ! Répliqua t-il en prenant l'initiative de ramener la conversation sur un autre terrain.
- Des idées ? Sûrement pas. Gennio n'est pas homme à se servir d'un intermédiaire pour séduire une femme. S'il avait voulu que Vekki devienne sa femme, il serait venu vers elle en personne et puis c'est tout. Pour qui travailles-tu en vérité ?  Dis-le moi, Lewis, je t'en prie. Je sais garder un secret, je te le jure !

Se sentant brusquement mal à l'aise devant l'argumentation de Pippa, Lewis s'eloigna tout doucement d'elle pour réfléchir plus calmement à la réponse qu'il fallait donner pour apaiser la curiosité de la jeune femme aussi belle qu'aguicheuse.
Pippa était trop intelligente, jugea t-il. Il ne fallait surtout pas qu'elle découvre la vérité. Tandis qu'il tirait une autre bouffée de son cigare, son téléphone se mit à sonner. Lewis se pencha sur l'appareil et vit le nom de Jamis s'afficher. Pris de panique, il éteignit rapidement le cigare et prenant le téléphone entre ses doigts, il se refugia dans la salle de bain afin d'y prendre l'appel.
L'ayant observé à la dérobée, Pippa s'extirpa de sa couverture et sur la pointe des pieds, marcha jusqu'à la porte de la salle de bain afin de savoir de quoi il en retournait.

- Jamis, je suis navré mais cette fille se doute de quelque chose. Je ne peux tout de même pas te la ramener de force ? Elle ne semble pas vraiment intéressée par l'argent que je lui ai proposé... J'ai été obligé, je l'ai fait en dernier recours.
- Pauvre imbécile ! Je t'ai pourtant défendu de lui parler d'argent. Sous aucun prétexte, tu ne devrais en faire mention, quel crétin tu fais ! Tu es un incapable, Lewis. J'ai eu tort de te faire confiance.

Lewis se vit raccrocher au nez. Au même moment, il vit les liasses de billets que Jamis lui avait promis s'envoler sous son nez. Définitivement, non ! Il ne pouvait pas laisser la situation lui échapper de cette manière. Il lui fallait rapidement trouver une alternative.

De retour dans la chambre, Lewis retrouva Pippa toujours allongée dans le lit sans se douter qu'elle épiait le moindre de ses mouvements.

- Moi, je peux t'aider à amener cette pauvre fille jusqu'à ton boss, lui déclara Pippa en changeant net d'expression. Ce qu'il veut en faire, je ne veux pas le savoir. Je veux juste pouvoir me débarrasser de ce crève-la-faim. Je ne veux plus jamais avoir à la croiser dans les parages.
- Oh, mais pourquoi tant de haine, Pippa ? Tu es devenue méconnaissable ! Chantonna Lewis en feignant d'avoir un frisson. Je me demande ce qu'a bien pu te faire cette pauvre créature pour que tu veuilles à ce point en finir avec elle ? Je croyais que vous étiez amies, comme des soeurs ?
- J'ai dit que j'étais prête à t'apporter mon aide, Lewis. Décide-toi vite. Appelle ton boss, je viens d'avoir une idée. Je réclame bien évidemment la moitié de la somme qui t'a été proposée si tu veux que je te livre cette pauvre fille sur un plateau d'argent.
- En es-tu capable ?
- Puisque je te le dis. En théorie, Vekki et moi sommes les meilleures amies du monde elle a donc une entière confiance en moi et cela va dans notre avantage. Trouves vite un bateau qui fera la traversée avec elle à bord. La navigation est le moyen le mieux sûr pour des narcotrafiquants de faire circuler leur matos. Dans mon pays, les gardes-côtes peuvent être facilement soudoyés, je ne sais pas ce qu'il en est du vôtre. C'est à toi de voir, Lewis. J'ai quelques relations, je peux t'arranger l'affaire. Appelle ton boss. Maintenant. Nous parlerons ensuite.

*****

La journée avait plutôt bien commencé pour Vekki. Sa tante qui avait été quelque peu souffrante avait miraculeusement recouvert la santé et s'étant levée de bonne heure pour lui préparer son petit déjeuner. Après avoir avalé son bol de céréales en toute hâte, Vekki se rendit à l'université pour passer son dernier examen trimestriel. À sa sortie, elle se sentait soulagée car convaincue d'avoir bien traité toutes les questions de l'épreuve qui lui fut soumis.
Tandis qu'elle traînait encore toute seule dans l'enceinte du bâtiment, Vekki aperçut bientôt Pippa en compagnie d'un autre étudiant qu'elle ne connaissait que vaguement.

- Pip ! L'interpella t-elle.

Vekki courut rejoindre celle qu'elle croyait être son amie.

- Alors, ma belle, comment as-tu trouvé l'épreuve ? L'interrogea Pippa. Tu me parais confiante, ça signifie que ça a été une réussite !
- Non, ça n'a rien avoir avec l'examen. Je suis contente parce que la santé de ma tante s'améliore, rétorqua Vekki au comble de la joie. Je me suis tellement inquiétée pour elle ! Ajouta t-elle tristement.
- Bien sûr, je comprends...
- Quand passeras-tu à la maison ? Tu sais comme ma tante serait ravie de ta visite, Pippa.
- Je verrai si j'ai le temps, Vekki, je ne peux rien promettre. Que dirais-tu plutôt si tu m'accompagnais lui acheter un petit cadeau pour lui souhaiter un bon rétablissement ?  Tu le lui remettrais en mon nom, qu'en dis-tu ?

À contre coeur, Vekki acquiesça. Elle ne souhaitait pas mettre Pippa mal à l'aise mais en même temps elle voulait rentrer passer du temps avec sa tante chérie. Elle déplorait tant le fait que Pippa en arrive à penser que celle qui avait été sa nourrice des années durant puisse se contenter d'un présent de sa part alors qu'elle venait de frôler la mort et qu'elle aurait été bien plus transportée de joie de savoir que celle pour qui elle avait consacré la majeure partie de son temps de vie se souciait un petit peu d'elle.

Le cadeau acheté, Pippa insista pour que Vekki l'accompagne pour manger une glace. Sans se douter de rien, celle-ci accepta. Ce n'était pas tous les jours qu'elle avait l'occasion de passer du temps avec son amie et Pippa semblait vouloir apprécier sa compagnie.

Séduction DangereuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant