Séduction Dangereuse

Chapitre 34

Pour avoir passé toute la nuit à discuter de leurs projets d'avenir, Vekki et Gennio avaient fini par s'endormir ensemble au lever du jour. Jennifer qui avait pris son service à neuf heures vint frapper plusieurs coups à la porte et comme elle n'obtint pas de réponse, elle retourna à ses occupations. Lorsqu'il fut onze heures, Osman arriva sur les lieux et comme il demandait d'après Vekki, Jennifer lui répondit qu'elle dormait encore.

- Elle s'est rendue à une réception avec monsieur, j'ignore à quelle heure elle est revenue à la villa puisque je me suis couchée assez tôt. Je doute par ailleurs qu'elle soit effectivement rentrée...
- Vous voulez dire qu'elle a pu passer la nuit avec monsieur Campobello ? Souleva Osman un pincement au cœur.
- Oui, c'est tout à fait possible ! Répondit Jennifer avec sarcasme. Elle vous a peut-être laissé entendre qu'elle n'entretenait aucune relation avec Jamis Campobello mais cette fille n'est qu'une petite menteuse. Moi je vous dis qu'elle vous mène en bateau, vous devriez vous méfier, Osman.
- Merci du conseil, mademoiselle...
- Allons, vous pouvez m'appeler Jennifer.

Osman fit un hochement de tête et se concentra à nouveau sur sa recette. Une vague de jalousie le submergea, l'empêchant d'avoir les idées claires mais il fit l'effort de ne rien laisser transparaître. Jamais il ne s'était intéressé à une femme avec une telle violence, avec un tel désir de la faire sienne. Il restait persuadé qu'elle avait quelque chose de plus que les autres, qu'elle descendait sûrement d'une autre planète et qu'il était le seul homme sur terre capable de la rendre véritablement heureuse. Pourquoi refusait-elle de lui laisser une chance de lui prouver combien il avait raison ? Vekki était le genre de femme qu'il rêvait de présenter à ses parents mais elle ne semblait manifestement pas intéressée... Que faire ?

Tout doucement, Vekki ouvrit les yeux et constata avec joie que Gennio dormait toujours à son côté. Elle le trouva irrésistible dans cette posture et ne put résister à l'envie de mettre les doigts dans ses boucles en une caresse délicate. Sans ouvrir les yeux, Gennio remua ses lèvres puis lui offrit un petit sourire de circonstance.

- Gennio, il va falloir que tu te lèves, lui chuchota t-elle en rapprochant ses lèvres de son oreille. Tu sais bien que tu ne peux pas rester ici, Jamis peut débarquer d'une seconde à l'autre et il est tout à fait capable de nous tuer tous les deux s'il venait à nous surprendre.
- Jem est un enfoiré..., grommela Gennio les yeux encore embués de sommeil. J'en ai rien à foutre de lui, il peut aller se faire voir...
- Tu peux dire ça, toi. Je suis terrorisée rien qu'à l'idée qu'il pourrait apparaître à l'instant dans cette chambre. Je t'en prie, Gennio...

Vekki se rendit compte qu'elle parlait en l'air car Gennio s'était aussitôt rendormi. Elle s'énerva mais retrouva pourtant assez vite son calme. Elle sortit du lit, rentra dans la salle de bain pour faire sa toilette puis après cela décida de sortir tout doucement de la chambre et de faire comme si elle avait passée la nuit seule. Elle se rappela soudain d'Osman lorsqu'elle reconnut sa voix mêlée à celle de Jennifer tandis qu'elle se dirigeait vers les cuisines.

- Bonjour ! Les salua t-elle chaleureusement.
- Avez-vous passé une excellente soirée hier, mademoiselle ? L'interrogea Jennifer hypocrite.
- Oui, plus ou moins, répondit Vekki à la sauvette sans trop vouloir s'éterniser sur la question. Eh bien, Osman, dites-moi, qu'avons-nous au menu de ce jour ?
- Des crevettes farcies, lâcha ce dernier sans l'ombre d'un sourire et sans un regard pour elle.

Jennifer qui se délectait de l'attitude froide et réservée que manifestait le chef diététique à l'endroit de Vekki préféra soudain s'éclipser pour mieux savourer sa victoire de loin.

- Osman, vous avez un souci particulier ? Voulut savoir Vekki dans la confusion.
- Non, tout va bien, répondit ce dernier.
- Je n'en suis pas si sûre. Vous ne me regardez même pas, j'ai l'impression que vous me reprochez quelque chose.
- Je ne vous reproche absolument rien, trancha Osman sans cesser d'apprêter les ingrédients pour la préparation de sa recette.
- Dans ce cas pourquoi vous m'ignorez délibérément ? Je vous avais laissé entendre que j'accepte de dîner avec vous. Que voulez-vous de plus ?

Vekki se rappelait avoir parlé de ce dîner à Jamis qui n'avait pas eu le front de refuser puisqu'il la poussait manifestement dans les bras d'Osman et cela par pure cruauté envers son demi frère.

- N'avons-nous pas déjà convenu de l'heure et du jour ? Je ne comprends plus rien à votre attitude. Puisque c'en est ainsi, je préfère vous laisser seul.
- Non, Vekki, attendez ! Ne me laissez pas. Je vous le demande, restez avec moi. Je vous présente toutes mes excuses... J'avoue que je suis rongé par la jalousie... Je n'arrive pas à me faire à l'idée que vous ayez passé toute la nuit en compagnie de Jamis Campobello.
- Il m'a obligé...
- Pardon ?
- Je ne voulais pas aller à cette réception mais Jamis l'a exigé... Il n'avait trouvé personne pour l'y accompagner, je lui ai plutôt rendu service. De plus c'est bénéfique pour ma carrière d'être vue au bras de Jamis Campobello à une soirée organisée par Edmund Pradel.
- Inutile de vous justifier, Vekki, j'ai compris, décréta Osman le cœur apaisé. J'ai vraiment cru pendant un instant que vous avez accepté de vous mettre avec lui... J'ai vu mes chances de vous conquérir se dissiper pendant un laps de temps.

Ravie d'avoir pu se réconcilier avec Osman, Vekki s'attela à la tâche. Elle en vint même à oublier que Gennio se trouvait encore endormi dans sa chambre. Dès que la casserole fut retirée du feu, elle se mit à table pour être servie car elle avait l'estomac qui hurlait famine.
À peine avait-elle avalé la première bouchée quand contre toutes attentes Gennio fit irruption dans les cuisines en la présence d'Osman. Le regard des deux hommes se croisèrent et instantanément l'atmosphère de la pièce devint à couper au couteau. Ce fut comme si l'électricité fut automatiquement chargée dans les airs, tant Vekki redouta une déclaration de guerre.