Séduction Dangereuse

Chapitre 42

Vekki s'attendait à tout sauf à voir Jamis établir ses quartiers dans les cuisines de la villa avec l'intention de préparer le dîner. C'était comme si elle se retrouvait en face d'un autre homme, elle cligna des yeux à plusieurs reprises pour être certaine qu'elle ne rêvait pas. Elle le voyait couper, émincer, gratter, mixer et n'en revenait toujours pas. Mais elle admettait bien malgré elle que le tablier qu'il portait lui allait à ravir.

- Qu'est-ce qu'on fête ? Ironisa t-elle.
- Rien. J'ai invité une personne très importante à dîner, répondit Jamis.
- Une personne...?
- Il s'agit d'une jeune femme, elle s'appelle Salsa et tu as plutôt intérêt à bien parler de moi, le mit-il en garde.
- Hum... Ça risque d'être assez compliqué...

Jamis lui jeta un regard noir, Vekki s'en amusa.

- C'est bien la première fois que je vois l'imperturbable Jamis Campobello se mettre dans un tel état pour un simple dîner. Qu'est-ce qu'il y a, tu aurais un peu mordu à l'hameçon ? Oh non, pas qu'un peu ! Qui est donc cette mystérieuse jeune femme qui se prénommerait Salsa ? Ce que j'ai hâte de découvrir son identité !
- Écoute-moi très attentivement, Vekki. Si tu m'aides sur ce coup-là, je te promets que je te revaudrai ça.
- Ah oui ? Tu as besoin de mon aide en plus !
- S'il te plaît...

Vekki écarquilla les yeux, elle n'arrivait pas à y croire. Jamis qui la priait de lui rendre un service... C'était le comble.

- C'est d'accord, finit-elle par répondre. Je ferai donc croire à cette demoiselle que tu es l'homme le plus charmant, le plus attentionné de l'univers entier. Comment vous vous êtes rencontrés ?
- Par l'intermédiaire d'Onora. Salsa est sa sœur aînée. Tu te rappelles bien d'elle, n'est ce pas ?
- Oui... J'ignorais que vous vous êtes revus depuis...
- Salsa seule m'intéresse, je la veux à mes côtés.
- Vraiment ? C'est tout de même surprenant d'apprendre qu'il y a un cœur qui bat à l'intérieur de toi comme tout le monde.
- Merci.

Encore une fois, Vekki crut tomber des nues. Jamis venait de lui dire merci. En quel honneur ? Il aurait fallu qu'il rencontre une femme et pas n'importe laquelle pour qu'un tel miracle se produise. Qu'avait donc Salsa Quinn de plus que toutes les autres pour avoir retenu l'attention d'un homme tel que Jamis ? À présent, Vekki brûlait d'impatience de faire sa connaissance.

- Je peux peut-être te prêter assistance en cuisine, de toutes façons je n'ai rien à faire...
- Ce ne sera pas de refus, répondit Jamis en l'invitant à goûter à la sauce qu'il était entrain de préparer.
- Hum, délicieux ! S'exclama Vekki. Tu as le talent d'un véritable chef.
- C'est sûr que je ne cuisine pas souvent mais je peux t'assurer que j'excelle dans le domaine.
- Je vois ça.

Vekki l'aida également à mettre la table et ce fut dans une ambiance plutôt gaie. La jeune femme redécouvrait l'homme dépourvu de toute haine et de tous ressentiments. Elle en vint à se demander si ce Jamis existait réellement, où se cachait-il depuis tout ce temps ?

Salsa arriva peu de temps après habillée d'une robe bleue très élégante, les cheveux relâchés, flottant sur ses épaules. Elle semblait tel un personnage tout droit sorti d'un conte de fée, elle éblouissait la pièce par sa beauté. Vekki fut ravie de faire sa connaissance.

- Onora a prétexté avoir des choses à faire, affirma Salsa. Je suis donc venue seule.
- Ce n'est pas bien grave, lui répondit Jamis, puisque nous serons trois à table de toutes manières. Vekki a accepté de se joindre à nous si bien entendu tu n'y vois aucun inconvénient.
- Bien au contraire, ce sera un véritable plaisir, souligna Salsa sincère.

Avant et durant le repas, Vekki ne tarit point d'éloges sur Jamis pour son plus grand bonheur et manifestement, Salsa en tenait compte. Elle apprécia énormément les lasagnes servis par Jamis lui-même et confessa qu'elle n'en avait jamais mangé d'aussi bonnes.

- J'ai commencé à aimer faire la cuisine grâce à ma grand-mère maternelle qui est la mama typiquement italienne, avoua t-il. Il faut dire que la cuisine du sud de l'Italie est un peu différente de celle des gens du nord. Je voulais tout apprendre d'elle parce que j'étais en adoration devant tous les repas qu'elle me servait. Mon père fut le seul enfant qu'elle eut parce que mon grand père est mort jeune et comme il était originaire du nord de l'Italie, sa famille refusa de reconnaître l'enfant qu'elle eut de lui. Ma grand-mère me manque encore beaucoup surtout lorsque je me mets à évoquer des souvenirs qui me rattachent à elle...
- Elle devrait être adorable. Je présume qu'elle te passait tous tes caprices ? S'enquit Vekki captivée par le récit de la grand-mère de Jamis.
- De rares fois seulement. Elle était intransigeante la plupart du temps mais on s'entendait bien malgré tout.

Jamis glissa un regard vers Salsa qui l'écoutait attentivement sans jamais l'interrompre. Leurs deux regards se croisèrent puis elle lui offrit un joli sourire.
À la fin du dîner, Jamis raccompagna son invitée jusqu'à la voiture où son chauffeur attendait pour la reconduire à son domicile.

- J'ai beaucoup aimé partager ce dîner avec vous, mademoiselle Quinn, lui déclara t-il.
- Maintenant je vous autorise à m'appeler par mon prénom, Jamis, lui répondit-elle. Moi aussi j'ai beaucoup apprécié votre compagnie et le dîner fut un délice ! J'ai été vraiment ravie que Vekki ait accepté de se joindre à nous, elle est d'une compagnie bien agréable.
- J'aimerais beaucoup vous revoir, Salsa mais ce sera à vous de décider du lieu cette fois.
- Je vous tiendrai au courant, Jamis. Bonne soirée à vous.

Jamis se pencha instinctivement vers Salsa et lui effleura la joue d'un baiser, ce qui accentua alors le sourire de la jeune femme, signe qu'elle ne le rejetait pas. Elle s'engouffra ensuite dans le véhicule le rose aux joues. Jamis referma la portière après elle puis regarda la voiture s'éloigner sans un mot. Il se sentit soudain comme un adolescent à son premier rendez-vous sauf que cette fois-ci, il n'avait pas eu besoin de l'intervention de son demi frère. Il s'en était bien sorti tout seul et cela le rendait particulièrement fier.

De retour dans la villa, Vekki l'attendait pour connaître ses véritables motivations.

- Salsa m'a l'air d'une fille tout à fait géniale, affirma t-elle. Elle est aussi un peu timide, j'espère que tu n'as pas l'intention de te servir d'elle comme tu sais si bien le faire ?
- Je n'ai pas pour habitude de me servir des femmes, Vekki. Je suis loin de ressembler à mon frère tu peux me croire, rétorqua Jamis un peu sur la défensive.

Il se servit un verre d'eau et poursuivit :

- Avec Salsa, je me projette dans l'avenir. Je ne vois pas ma vie sans elle.
- J'ai quand même beaucoup de mal à te reconnaître dans ton nouveau rôle, insista Vekki stupéfaite.
- Je ne joue aucun rôle, rétorqua Jamis. C'est moi et il en a toujours été ainsi jusqu'à ce que Gennio fasse un peu n'importe quoi et que je prenne la décision de le remettre sur les rails. Je suis son frère après tout et je lui dois bien ça. Allez, je te souhaite de passer une bonne nuit. On se voit demain.

Jamis posa son verre vide sur la table et s'en alla. Il regagna son domicile et espéra pouvoir dormir sur ses deux oreilles sans se réveiller en sursaut au beau milieu de la nuit hanté par le souvenir de son père. Personne ne savait à part lui ce qu'il endurait et ce à quoi il était confronté chaque nuit quand il se retrouvait seul avec ses vieux démons. Il se voyait pourtant incapable de se confier à qui que ce soit. Qui pouvait le comprendre ? Qui pouvait partager ses souffrances, ses craintes et son amertume ? Il était l'assassin de son propre père et il allait devoir vivre avec le poids de la culpabilité sur la conscience le restant de ses misérables jours. Bien des fois, il avait tenté de mettre fin à son supplice en mettant un terme à sa propre existence mais à chaque fois, il s'est rétracté. Son père était mort par sa faute, il n'allait pas en plus abandonner tout le travail et les efforts accomplis par ce dernier en toute une vie entre les mains de personnes cupides et très peu expérimentées ! Cela reviendrait à assassiner son père une seconde fois et cela Jamis ne se le pardonnerait pas.