Chapitre 18

14 4 5
                                    

La serveuse arriva pour prendre leur commande, même si elle n'en donnait pas l'air, Pippa se sentait assez stressée car elle craignait que son plan ne fonctionne pas comme elle le souhaiterait.

- Quel parfum désirez-vous, mesdemoiselles ? Leur demanda la serveuse.
- Une glace vanille-fraise pour moi, répondit Pippa avant de se tourner vers Vekki.
- La même chose, s'acquitta cette dernière avec un petit sourire.
- Bien, en attendant que notre commande arrive, que dirais-tu d'aller te rafraîchir un petit peu, Vekki ? J'ai l'impression que tu as pris de la poussière dans le visage, suggéra Pippa.
- Ah oui ? Dans ce cas j'y vais, je reviens vite, acquiesça celle-ci.

Vekki se leva et prit la direction des toilettes. Elle s'y trouvait encore lorsque la serveuse se présenta à leur table avec leur commande disposée sur un plateau. Pippa la regarda déposer les coupes puis s'en retourner. S'étant alors retrouvée seule à table, elle prit l'initiative de remplacer discrètement la cuillère rapportée par la serveuse par une autre qu'elle venait de sortir de l'une des poches de son sac. Elle la trempa ensuite dans la coupe remplie de crème glacée de sa victime.
À son retour des toilettes, Vekki prit place sur sa chaise puis s'attaqua à sa glace. Pippa la regardait manger sans piper mot, tout en faisant semblant de déguster la sienne. Au bout d'un moment, Vekki commença par ressentir quelques douleurs dans l'estomac.

- Un problème, mademoiselle ? S'enquit la serveuse venue apporter la note.
- Des maux d'estomac, ce n'est rien de grave, intervint rapidement Pippa tout en aidant Vekki à se relever. Je la ramène à la maison, mon père est médecin, mentit-elle.

Dès qu'elles regagnèrent sa voiture garée sur la place du parking, Pippa aida Vekki à monter à l'arrière. Elle se mit ensuite au volant puis démarra aussitôt.

- J'ai vraiment trop mal ! Se plaignait Vekki de plus en plus. Conduis-moi à l'hôpital le plus proche, je n'en peux plus ! Pitié !
- Mais oui, j'ai entendu ! Je fais du mieux que je peux, s'emporta Pippa en augmentant légèrement la vitesse.

Au bout d'une dizaine de minute, elle finit par garer son véhicule sur le parking d'un cabinet médical. Elle klaxonna et aussitôt une équipe en blouse blanche et verte se présenta avec une civière sur laquelle elle installa Vekki qui se tordait de douleur. La jeune femme fut immédiatement admise en salle où un jeune médecin arriva pour l'ausculter.

- Je lui ai fait prendre un laxatif, s'adressa t-il à Pippa après avoir établi son diagnostic. Elle va bientôt rendre le poison que tu lui as fait avaler, j'espère seulement que ça n'aura pas de répercussions sur sa santé.
- Très bien, tu me tiens au courant afin que nous procédions rapidement à la seconde étape.
- Comme tu veux.
- Non, Yannick, tu ne me réponds pas comme ça. Entre nous deux il existe bel et bien un accord. Et d'ailleurs je ne peux pas prendre le risque d'attendre.
- Pourquoi ?
- Parce que je ne te fais plus confiance, s'impatientait la jeune femme de plus en plus énervée. Injecte-lui immédiatement le tranquillisant et puis qu'on en finisse.
- J'ignore l'effet que ça pourrait avoir sur elle, Pippa, protesta le jeune médecin pourtant complice. Elle pourrait y rester si ça se trouve.
- Eh bah, qu'elle y reste. Où est le souci ?
- Qu'allons-nous faire du corps dans ce cas ? Est-ce que tu y as pensé ? Et puis je croyais que les types qui la voulaient la veulent vivante et en bonne santé ?

Pippa haussa les épaules en faisant une moue dédaigneuse.

Vekki refusait de croire à la véracité de la discussion à laquelle elle venait d'assister. Elle s'efforça d'abord de se convaincre qu'elle avait tout compris de travers et que l'épuisement provoquée par le mal dont elle a souffert y était pour beaucoup. Mais à quoi bon se voiler la face ? Lui chuchota une petite voix dans sa tête.  Ce matin encore elle se sentait en pleine forme avant d'accepter d'aller manger cette glace en compagnie de sa meilleure amie... Sa meilleure amie. Pippa l'était-elle réellement ? Dans ce cas, pourquoi tenait-elle autant à la savoir morte ? Et qui étaient donc ces types qui la voulaient vivante ? Pourquoi Pippa paraissait si acharnée contre elle, qu'a t-elle bien pu faire pour mériter une telle méchanceté venant de sa part ?

- Pi...Pippa... Essaya t-elle de l'appeler tandis que cette dernière continuait par mettre la pression sur le jeune médecin afin qu'il agisse au plus vite. Je veux rentrer chez moi..., Pippa... Pitié, ramène-moi auprès de ma tante...je suis entrain de mourir...
- Eh bien meurs, sale petite peste ! Lui cracha celle-ci au visage en lui faisant soudain volte-face.

Pippa se rapprocha de Vekki en quelques enjambées puis avec brusquerie, elle ôta le coussin qui se trouvait en-dessous de sa tête. Vekki sentit brusquement la lourdeur de sa tête qui retomba violemment sur le matelas inconfortable sur lequel on l'avait allongée une demi heure plus tôt. Envoyant l'oreiller valser dans un coin de la pièce, Pippa posa alors ses deux mains sur le ventre de la pauvre fille pour y exercer une violente pression. Vekki hurla de douleur mais personne ne vint à son secours. Bien que témoin, le jeune docteur qui selon l'expression de son visage paraissait tétanisé par la brutalité dont faisait preuve sa cousine et complice assista à la scène impuissant.

- Phillipa, je te supplie d'arrêter cette torture ! Finit-il par réagir sans succès.
- Tu ne voulais pas qu'elle regurgite le poison que je lui ai donné avant de procéder à la seconde étape du plan ? Argumenta Pippa en continuant d'exercer une forte pression dans l'abdomen de Vekki. Comme tu peux le voir, je ne fais qu'anticiper les choses.

Le jeune médecin eut un haut le coeur en voyant faire sa cousine. Il aurait voulu tout arrêter mais Vekki eut brusquement un rôt et se mit à rendre tout ce qu'elle avait avalé en début de matinée.
Cela prit un moment mais elle parvint finalement à libérer son estomac du poison que Pippa lui avait fait boire à son insu.

Bien malgré le fait que sa gorge lui brûlait, que sa respiration était haletante, Vekki fut soulagée de constater que ses douleurs à l'estomac avaient diminué de beaucoup. Était-elle sauvée pour autant ? Elle en doutait...

- Je veux rentrer chez moi..., laissa t-elle échapper après avoir rassemblé le peu de force qui lui restait. Ramène-moi auprès de ma tante, pour l'amour de Dieu, insista t-elle encore avant de faire le geste de descendre du lit.

Vekki n'eût pourtant pas le temps de mettre un seul pied à terre car elle fut aussitôt immobilisée par Pippa elle-même qui ne comptait pas la laisser regagner son domicile. Jamais.

- Finissons-en, Yannick ! Intima t-elle l'ordre à son cousin. Appelle du renfort et fais-lui rapidement cette injection. C'est inutile de te dire que cette odeur de vomi m'insupporte au plus haut point !

Séduction DangereuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant