Chapitre cinq

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— Très jolie, entendis-je.

Je ne répondis même pas au compliment. Sous mon regard énervé, Samael sorti d'une voiture noire dont j'ignorais le modèle, en costume. Je devais l'avouer, cela lui allait bien.

Il avait laissé sa chemise légèrement ouverte, me laissant ainsi voir le collier qu'il portait. Une sorte de médaille en argent, avec une inscription que je ne parvenais pas à lire dessus. 

— Je penses que je te hais, lui dis-je.

Mon ton était sec car j'étais très sérieuse. Lui sembla encore plus amusé. Sans surprise, il était arrivé au pied de chez moi à l'heure. Et avait même eu l'audace de m'envoyer un texto pour me confirmer notre rendez-vous.

J'ignorai comment il avait eu mon numéro de téléphone personnel. 

— Tu dois admettre que j'ai bon gout, continua-t-il.

Plutôt mourir. 

Je serrais contre moi la veste que j'avais pris pour accompagner ma tenue. Mes jambes grelotaient, car la brise nocturne se faisait de plus en plus fraîche. Samael me tendit la main, et alors que nous arrivions au niveau de la voiture, il me contourna pour ouvrir la porte.

— Rien à dire ? 

Je ne savais pas s'il attendait un remerciement ou un compliment, dans les deux cas je n'allais pas lui offrir cette satisfaction. 

— Sur le modèle de la voiture ou sur ta tenue ? lui demandais-je au vue du regard fier qu'il lança au véhicule.

Samael haussa les épaules.

— Les deux.

— Non.

Sur cette réponse, je m'assis au siège passager puis vérifiais rapidement que j'avais tout ce dont j'avais besoin. Je n'avais pas pris d'arme, jugeant que je n'en aurai pas besoin parmi les mages. Mon expérience me l'avait prouvé, aucun pistolet ne pouvait me protéger d'eux. 

Je devais l'admettre, l'intérieur de la voiture était luxueux et confortable. Et c'était très... Rouge. Un peu extravagant à mon goût. Mais, elle avait le mérite d'être très confortable. 

Résigné, Samael se laissa tomber devant le volant. 

— J'ai des questions, lui dis-je.

Un million d'entre elles, à vrai dire. 

— J'écoute.

— Comment as-tu trouvé mon adresse ?

— Je t'ai suivi le soir où je t'ai rencontré.

Il avait l'air parfaitement sérieux. Je marquais une pause, sous le choc.

— C'est...

— Ne t'inquiète pas, me dit-il, je ne suis pas obsédé par toi. Je voulais juste m'assurer que tu disais la vérité sur ton identité. 

Je ne répondis rien. Préférant laisser cette conversation à plus tard. Je laissais ma tête reposer sur le dossier, les yeux rivés sur la route.

— La taille de mes vêtements ? 

— Avec mes yeux. 

Je soupirais tandis qu'un sourire éclaira son visage. Il semblait profondément amusé. 

— Mon numéro de téléphone personnel ? 

— En ligne. Tu devrais mieux protéger tes données, d'ailleurs. Je peux t'aider si tu veux. C'est important, il y a des gens étranges dehors.

Cette dernière réflexion me fit sourire. Samael avait cette façon de s'exprimer si... Particulière. Et que je haïssais profondément. Comme s'il savait toujours tout, mieux que tout le monde. 

— Où allons-nous ? finis-je par demander. 

— Il se fait appeler Kyros. Un nécromancien. Il est... Tu verras par toi même. Disons juste que j'espère que tu es prête à...

— À quoi ? insistais-je.

— À être secouée. Ce n'est pas exactement un lieu pour les princesses comme toi, mais c'est ma seule piste.

— Je ne suis pas une princesse...

— Je sais, je sais. Elles disent toute cela. 

Je fronçais les sourcils. Samael avait définitivement le don d'être profondément agaçant et désagréable. 

— Il n'est pas trop tard pour faire demi-tour, me dit-il finalement.

J'avais les yeux rivés sur la route. Nous allions dans un quartier que je n'avais jamais vu. Dominé par les mages, les gens comme moi n'y étaient pas la bienvenue.

— Et rater ça ? Hors de question.

Il m'adressa un sourire qui semblait sincère. 

— Tu es ma compagne pour la soirée. N'oublie pas, nous sommes terriblement amoureux. 

Le long soupir que je poussais m'attira un regard noir de sa part. Nous nous éloignions du chemin principal, en direction de ce qui semblait être une... villa. 

— Mon dieu...

Le bâtiment était immense. Je ne savais même pas que l'on pouvait trouver des maisons comme celle-ci ici. Elle était moderne, sa façade mélangeait le bois et le béton. Une fontaine se tenait devant et des dizaines de voiture étaient garées autour.

Ce n'était pas mon style de prédilection, mais je devais admettre qu'elle était magnifique. Et se dressait fièrement dans l'obscurité, tranchant avec la nuit. Le jardin aussi s'étendait à perte de vue, entretenu à la perfection.

Samael se rangea sur le côté, puis tourna la tête vers moi. Nous restâmes dans le silence pendant quelques secondes.

— C'est... commençais-je finalement, c'est...

Intimidant ? Terrifiant ? Pire que je l'imaginais ? Aucun mot ne pouvait exprimer l'angoisse qui prit naissance dans mes tripes. 

— Il ne t'arrivera rien, me dit-il.

Je fronçais les sourcils. 

— Je suis là, insista-t-il.

— Je sais... 

Il ouvrit sa portière, lentement, comme pour ne pas me faire sursauter.

— Je suis un bon sorcier, ajouta-t-il en riant.

Je lui souris, sans toutefois être rassurée. Au bout de quelques secondes, je me décidais enfin à sortir de al voiture, les yeux rivée sur l'entrée de la villa. Quelque part au fond de moi, je savais pourquoi j'avais aussi peur.

Les flammes.

Quelque chose ici me paraissait... Terriblement familier. Et je n'avais soudainement plus froid du tout. Bien au contraire, la chaleur brûlante de l'incendie me revenait. Je fis un pas en avant, tout en me saisissant de la main que me tendait Samael.

Avec la terrible impression de m'avancer tout droit la gueule du loup.


Déchéance [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant