Chapitre vingt-quatre

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Samael

J'étais vivant.

Cette réalisation me saisit les tripes tandis que je me forçai à ouvrir les yeux. Mes oreilles sifflaient encore, mais il me semblait entendre des bip autour de moi. Je me trouvai allongé dans un lit une place, incapable de bouger. 

Tous mes membres étaient si lourds... Je peinais à me rappeler tous les derniers événements. J'avais allumé l'incendie, est-ce que Jade s'en était sortie ? Je priais pour que ce soit le cas.

— Tu es en parfaite santé.

Une voix féminine venait de me parler, aux accents lents. Une voix que... Une voix que je connaissais bien. 

Cette fois-ci mes yeux s'ouvrirent et je réalisai me trouver dans une chambre d'hôpital. Cette dernière était petite, peu décorée. Une fenêtre entre ouverte donnait sur l'extérieur et je pus constater qu'il faisait jour.

Une télévision se trouvait sur une étagère face à moi et était réglée sur les informations. 

Puis, Jade était là.

Elle se tenait assise à ma droite, sur une chaise en plastique visiblement inconfortable. Elle avait un livre posé sur les genoux et me regardai sèchement. 

— Les médecins disent qu'il s'agit d'un miracle, continua-t-elle. Ils t'ont gardé en observation, mais tu ne souffres d'aucune séquelle. Pas de brûlures ni même de dégâts aux poumons à cause de la fumée. 

Son ton était robotique comme si elle débitait des informations apprises par coeur. Je poussai un long soupir de soulagement. Elle m'avait sauvé la vie. 

Jade avait utilisé ses pouvoirs de guérison sur moi. 

— Merci, lui dis-je simplement. 

Ma voix était rauque de ne pas avoir parlé pendant si longtemps. 

— Écoute, commençais-je, je... 

— Non. 

Elle leva la main pour me faire taire. 

— J'ai repayé ma dette, me dit-elle simplement. Tu as sauvé ma vie cinq ans plus tôt et je viens de sauver la tienne. 

Jade inclina la tête. 

— Je vais retourner vivre ma vie, continua-t-elle.

Les mots me déchirèrent le coeur, mais je la laissai continuer. 

— Toi, tu seras en sécurité. Pendant que tu faisais la belle au bois dormant la police s'est occupée du Covent Ambré. Ils sont tous en prisons pour les meurtres et attendent leurs jugements. Au vu des preuves que nous avons récolté, je ne m'inquiète pas trop. Toi tu pourras rester libre. J'ai gardé tes petites révélations sous silence. 

— Jade... 

— Non. 

Sur ce simple mot elle se mit debout, rangea son livre dans un sac qui se trouvait à ses pieds et pris une profonde inspiration tout en me regardant. 

— Pourras-tu me pardonner un jour ? demandais-je simplement. 

— Probablement pas. 

Sa réponse, sincère, me fit monter les larmes aux yeux. Je les retins, elle avait tout les droits de me haïr, aussi douloureux soit-il.

— Si tu as besoin d'aide, dis-je simplement, avec tes pouvoirs ou une enquête. Appelle-moi. 

Ma réflexion lui arracha un sourire. Je l'observai avec détail, gravant les traits de son visage dans mon coeur. Ses beaux yeux bridés, ses lèvres roses, sa mâchoire fine et son nez aquilin. Seigneur, elle allait me manquer. 

— Peut-être un jour, répondit-elle en haussant les épaules. 

Peut-être un jour... Les mots sonnèrent comme une promesse. Puis, elle se dirigea vers la porte pour sortir de ma chambre. Pendant un instant, elle s'arrêta face au battant et je me demandai si elle comptait se retourner. 

Jade prit une profonde inspiration et quitta la pièce, sans un regard en arrière. Me laissant derrière elle, le coeur en miette. 

Peut-être un jour, me répétais-je.

Peut-être un jour.

Déchéance [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant