Le sorcier était en retard.
Étais-je surprise ? Non. Ennuyée ? Définitivement. Je l'attendais, appuyée sur le mur, proche de la porte arrière du commissariat. Il y avait peu de passage, surtout à cette heure-ci. Certains de mes collègues venaient ici pour fumer ou prendre une pause, mais j'étais seule pour l'instant.
— Excusez-moi, je...
Un cri de surprise m'échappa. Il était là. Samael se tenait à ma droite, un sourire étirant ses lèvres et le regard inquisiteur.
— D'où sortez-vous ? Demandais-je d'un ton encore surpris.
— Tu, marmonna-t-il. Je déteste le vouvoiement, ça me vieillit.
Je secouai la tête face à sa mine défaite. De là où je me tenais, j'avais vu sur la seule entrée dans la ruelle. Ainsi, je n'aurai pas pu rater son arrivée.
— De la magie, me dit-il simplement.
C'était une réponse facile et au vu du regard qu'il me lança, je compris que j'allais souvent la recevoir. Ainsi, je n'insistai pas. Pour le moment. Aujourd'hui, il était habillé plus discrètement. Un simple tee-shirt et un pantalon noir. Mais il dégageait toujours la même aura crépitante. Ce serait difficile de ne pas se faire remarquer.
— On doit faire vite, lui dis-je.
— Je me doute que ton patron n'a pas accepté ma visite.
Il n'était pas au courant du tout.
— Non, en effet, répondis-je simplement.
Sur ces mots, et avant qu'il ne pose plus de question, je lui ouvris la porte arrière. En hochant les épaules, et visiblement heureux, il pénétra dans le commissariat.
— C'est à gauche.
J'avais choisit cette porte car un escalier situé juste à côté menait directement vers la morgue. Cette dernière se situait au sous-sol, et était petite. Nous n'y gardions que les corps non identifié et concernant les affaires en cours. Surtout celles ayant un lien avec le monde de l'Ombre.
Lorsque nous arrivèrent au pied de l'escalier en métal, une lumière automatique s'alluma. Révélant ainsi l'espace. Il était très sobre, et assez triste selon moi. Le sol était similaire à celui qu'on trouvait dans les hôpitaux, d'une matière plastique facilement nettoyable. Sa couleur se situait entre le beige et le vert. Les quelques tiroirs situés contre le mur abritait les corps, et le matériel était rangé dans des étagères en métal.— Par ici, lui indiquais-je.
— J'imaginai tout ça plus... grand.
Je détestais venir ici. La lumière d'un jaune presque vert m'angoissait, surtout associée à la fraicheur et... et bien à l'odeur.
— Ce sont nos corps qui sentent comme ça ? Me demanda-t-il en se bouchant le nez.
J'hochai la tête, jugeant qu'il n'y avait rien à ajouter. J'ouvris simplement la porte qui nous intéressait avant de tirer le brancard sur lequel se trouvais le corps.
Il s'agissait d'un homme. Mais, nous en savions difficilement plus. La tête était manquante, sectionnée nette. Il ne portait aucune trace de défense ou de torture. Comme s'il s'était simplement laissé faire.
— Je n'ai jamais rien vu comme ça, me dit Samael,
Le regard qu'il posait sur le défunt était presque indéchiffrable. Un mélange de dégout, mais aussi de... Curiosité ? Il me semblait que oui, à la façon dont ses sourcils fronçaient. Le corps l'intriguait, semblait le fasciner.
— Je sais une chose, m'apprit-il. C'est de la nécromancie.
Sa réflexion confirma mes doutes, mais j'avais espoir qu'il m'en apprenne plus.
— Où sont les autres ?
D'un geste de la tête, je lui désignai les différents tiroirs. Une femme, et un autre homme. Cette affaire était un mystère. Nous étions incapables d'identifier les victimes, même avec les empruntes. Et sans leur visage, il était compliqué de passer un appel à témoin.
Pendant quelques minutes, nous ne parlions pas. Il y avait une ombre étrange sur le visage de Samael, presque inquiétante. Comme s'il en savait plus qu'il ne me le disait, tandis qu'il observait les cadavres.— Je connais quelqu'un, me dit-il. Que fais-tu ce soir ?
— Je mange avec ma soeur, lui appris-je bien que cela ne le regardait pas.
— Maintenant tu manges avec moi.
— J'en doute, j'ai déjà pris un engagement.
Il me toisa du regard pendant quelques secondes, en silence.
— S'il te plait, me dit-il.
Les mots semblèrent lui brûler la bouche, au point où cela me fit sourire.
— C'était dur ? Demandai-je.
— Très.
Je lui souris, amusée.
— Est-ce que tu connais vraiment quelqu'un qui peut aider ?
— Je pense. Un nécromancien. Il organise des buffets régulièrement. Il ne peut pas savoir que je travaille pour la police... Tu seras ma compagne pour la soirée
— Ou ton amie, fis-je remarquer.
Il secoua négativement la tête.
— Je n'emmène pas mes amis dans ce genre d'endroit. As-tu quelque chose de beau à porter ?
— Je vais me débrouiller.
Samael me détailla du regard.
— Je te ferai livrer quelque chose,
— Non...
Mais il entendit tout juste mon injonction, occupé à fermer les différents tirois que nous avions ouvert.
— Dix-huit heures, m'apprit-il. Je te récupère chez toi.
— Non, ici. Tu n'as pas mon adresse.
— Si, je l'ai.
Puis, avant que je ne puisse m'énerver, il disparut sous mes yeux. Comme s'il n'avait jamais été là.
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Déchéance [Terminé]
ParanormalJade Slyrander est une jeune recrue de la police de New York. Quelques années après l'intervention qui a failli lui couter la vie, la jeune femme est chargée d'enquêter sur une série de disparition inquiétante, et pour se faire, doit infiltrer le ré...