Après plusieurs minutes d'effort, j'avais enfin réussi à porter Samael jusqu'à mon canapé. Il était allongé de travers, une jambe pendent dans la vide. Mais, je ne parvenais pas à l'installer plus convenablement.
Et bien sûr, je paniquais. D'ordinaire, je me considérais capable de garder mon calme. Surtout à cause de mon travail, j'en étais obligée.
Mais, là tout de suite, la panique m'écrasait. Une boule pressante me serrait les entrailles, dévorante.
— Dis moi comment t'aider, exigeais-je à nouveau.
Je poussais Samael du bout de la main, sans le faire réagir. Peut-être avait-il perdu connaissance ? Seigneur, la terreur en moi grandit encore plus. Je devais appeler les secours, je n'avais pas le choix. Après tout, il avait besoin d'aide.
Je retournai dans la salle de bain d'un pas rapide pour récupérer mon téléphone qui se trouvait sur le carrelage.
— Ja... Jade... entendis-je.
Ce fut en courant que j'arrivai devant Samael. Je me laissai presque tomber à genou pour me retrouver à sa hauteur, les yeux rivés sur son visage. La douleur se devinait sur ses traits, mais il faisait un effort pour me regarder.
Seigneur, il avait l'air si faible en cet instant précis. Quelque chose se brisa en moi, peut-être une partie de mon coeur.
— Dis moi comment t'aider, répétais-je.
Il y eut un silence, tandis qu'il se forçait visiblement à articuler.
— Pas d'hôpital, me dit-il.
— D'accord ? Mais qui, alors ? Qui t'a fait ça ? Samael, tu as besoin d'aide.
— Non...
Quel homme borné ! Même allongé sur mon canapé, aux portes de la mort, il osait encore me cacher des choses. Je pris la couverture qui gisait en boule sur l'accoudoir, et le couvrit avec, essayant au mieux de calmer ses tremblement.
Puis, tandis qu'il semblait de nouveau avoir sombré dans l'inconscient, je repartis dans la salle de bain en quête de matériel. Je n'avais pas grand chose ici, mais au moins des bandages et de quoi désinfecter.
Il ne voulait pas que je l'emmène à l'hôpital. D'accord. Pourquoi ? Je l'ignorais, mais il semblait terriblement sûr de lui. La dernière chose que je désirais était de le mettre encore plus en danger.
Je me rassis face à Samael, dont l'état continuait d'alterner entre la conscience et l'inconscient. Lentement, en m'efforçant de ne pas trop lui faire mal, j'entrepris de nettoyer et bander la plaie qu'il avait sur le bras.
Cette dernier semblait avoir été faite par un couteau. Mais, pas par une lame très aiguisée. La peau n'était pas coupée nettement, la blessure restait néanmoins profonde.
— Qui t'a fait ça ? m'enquis-je sans réellement attendre une réponse.
— Kyros.
Le mot claqua comme un fouet. La pièce, tant que possible, devint soudainement encore plus glacial. Samael me regardait toujours, du mieux qu'il le pouvait par ses yeux gonflés. Une émotion se dégageait sur son visage, au milieu de la douleur. Du regret.
De la colère.
— Kyros t'a trahi ?
Il se contenta d'hocher la tête en guise de réponse. Impossible. Samael semblait pourtant si sûr de lui.
Je devais l'avouer, cependant, je n'étais pas si surprise. Quelque chose chez lui m'avait profondément dérangé. La façon dont il m'avait ignoré, bien sûr, mais pas uniquement. Comme s'il préparait quelque chose...
— Jade ?
Je sursautai presque en entendant Samael m'interpeller, du regard il m'indiqua son bras. J'avais les mains posées sur sa peau, encore en train d'appliquer le pansement.
Pourtant, la plaie avait disparu. Je restai interdite pendant environs une minute. De l'ongle, je me mis à frotter le sang séché. Dessous ne se trouvait que de la peau lisse, rose comme si elle était nouvelle.
— Quoi ? fis-je, confuse.
— C'est toi, me dit-il.
Une lueur d'admiration brillait sur son visage, qui reprenait doucement des couleurs. Je ne compris pas ce qu'il voulait dire, mais ce fut à ce moment là que je la sentis. Cette étrange énergie qui avait parcourut mon corps lorsque Samael m'avait fait ressentir son pouvoir.
Cependant, celle-ci était différente. Moins organisée, elle semblait se diffuser en vague plus décousues. Comme du pouvoir pur qui n'était plus contenu, et reprenait la place qui lui revenait de droit.
— Qu'est-ce que... ?
La confusion grandissait en moi tandis que l'énergie se propageait dans mon corps. Samael était-il en train de me l'envoyer ? Pourquoi ferait-il cela alors qu'il était aux portes de la mort ?
À ma plus grande surprise, ce dernier s'assit sur le canapé. Il avait soudainement l'air d'aller mieux, et je ne peux m'empêcher de me demande si je n'avais pas perdu la tête. Étais-je folle ? Est-ce que tout cela n'était arrivé que dans ma tête ?
Pourtant en balayant mon salon du regard je réalisai que non. Tout était bel et bien réel, et je ne dormais pas non plus.
— Tu es une guérisseuse, me dit Samael.
L'admiration se faisait entendre dans sa voix. Je le regardai, interdite. Nous restâmes dans le silence quelques minutes, comme s'il s'efforçait de me donner un temps d'adaptation.
— Je... Je ne comprends pas, bredouillais-je.
— Tu es une mage.
Au début, je cru à une mauvaise blague. Je levai les yeux vers lui, un sourire étirant mes lèvres. Mais l'air tout à fait sérieux sur son visage m'arrêta dans mon élan. Il y croyait sincèrement. Au final, était-il celui devenu fou ?
Je ne pouvais pas être une mage. Aucun de mes deux parents n'étaient... Seigneur, était-ce héréditaire ? Je n'avais aucune idée de comment ces choses-là fonctionnaient.
— Une mage, répéta-t-il.
— C'est faux, rétorquais-je.
Mais, mon injonction manquait de conviction.
— Et pas n'importe laquelle, continua Samael en me regardant.
Son regard pétillait, la joie à l'état pur se lisait sur son visage.
— Une guérisseuse.
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Déchéance [Terminé]
ParanormalJade Slyrander est une jeune recrue de la police de New York. Quelques années après l'intervention qui a failli lui couter la vie, la jeune femme est chargée d'enquêter sur une série de disparition inquiétante, et pour se faire, doit infiltrer le ré...