Déchéance [Terminé]

Chapitre vingt-trois

Jade

La colère grondait dans mon corps. Comment osait-il dire qu'il m'aimait ? Après tout le mal qu'il m'avait fait. Sa trahison... Samael aurait juste pu me parler de ses problèmes dès le début, tout m'expliquer. 

J'aurai pu trouver une solution, j'aurai pu l'aider. Ensemble nous aurions peut-être eu une chance d'arranger la situation. 

Pouvais-je lui pardonner ce qu'il avait fait ? Non. Jamais. Surtout pas à la lumière des dernières révélations. Samael était à l'origine de l'incendie qui avait tué toute mon équipe, et il ne ressentait visiblement aucun regret. 

En plus d'être un traitre, un menteur, il était visiblement un meurtrier. 

Je me levai en sursautant. La porte sans poignée venait de s'ouvrir seule en un cliquetis métallique. 

Sans aucune hésitation je me dirigeai vers cette dernière. Cependant, lorsque je me mis debout trop rapidement, je faillis m'évanouir. Je me retins de justesse sur l'un des murs de ma chambre et dû attendre quelques secondes que ma vision revienne à la normale. 

Lorsque je pus enfin voir clairement, je cru halluciner. De la fumée emplissait lentement la petite chambre dans laquelle j'étais enfermée. 

— Putain de merde, jurais-je à voix haute. 

Cette fois-ci, je n'étais pas paralysée par la peur. Affronter mes souvenirs de l'incendie m'avait donné un courage nouveau. 

Je redressai les épaules tout en lançant un regard devant moi. Un long couloir se tenait là, sans aucune fenêtre. Je compris rapidement que nous devions nous trouver sous terre, ce qui expliquait également la fraicheur ambiante. 

Cependant, cette dernière commençait déjà à se faire remplacer par une chaleur étouffante. De plus, contrairement à ma chambre, le couloir était fait de métal. Ainsi il chauffait bien plus rapidement. 

En toussant sous les premières vapes de fumée, je m'engageai dans ce dernier. Mentalement, je priai de ne croiser personne. 

Je ne pariais cependant pas là-dessus et me tenais prête à me battre. J'étais forte au corps à corps, bien qu'affaiblie, et si je pouvais les prendre par surprise alors j'avais une réelle chance. 

Complètement perdu je suivais le mur dans l'espoir de trouver une sortie ou quelque chose qui y ressemblait. La fumée emplissait désormais tout l'espace et je me résolus à me mettre à quatre pattes. 

Désormais plus proche du sol, cela me permettait d'avoir une meilleure vision. À ma droite se trouvait une porte ouverte et un juron m'échappa lorsque je regardai ce qui se trouver à l'intérieur de la pièce. 

Il s'agissait de quatre corps. Il me semblait reconnaitre Kyros assis derrière une table, des cartes encore tenues par ses mains serrées. Des flammes léchaient leurs cadavres, longeant le mur. 

Ces dernières semblaient magiquement contenues dans la pièce et je compris que Samael devait à nouveau être derrière cet incendie. 

Pas à dire, cet homme avait un problème avec les flammes. 

Une nouvelle vague de colère me parcourut, mais je n'avais pas le temps d'y penser. Plus je restais ici et plus les flammes abimaient mes poumons. Je me résolus à avancer de nouveau, toujours par terre. 

Éventuellement, il me sembla deviner quelque chose au fond du long couloir. Une sorte de trappe et... Une échelle ! Il devait s'agir de la sortie. Une nouvelle émotion me traversa : de l'espoir. 

Peut-être allais-je réellement m'en sortir vivante. Un sourire triste étira mes lèvres. Ainsi je n'avais pas survécu à un seul incendie, ni même à deux, mais bel et bien trois. Et dire que la plupart des gens n'en vivaient jamais un. 

J'avais vraiment tiré sur ma chance. 

Je faisais de mon mieux pour avancer rapidement, mais les flammes me piquaient les yeux. Des larmes de douleur coulaient sur mes joues tandis que tout autour de moi devenait de plus en plus chaud. 

J'avais beaucoup de peine à voir, un hurlement de surprise m'échappa lorsque ma main rencontra quelque chose de mou. 

Je plissai les yeux en un espoir vain de comprendre ce qui me faisait face. 

—  Samael ! m'exclamais-je. 

Une quinte de toux interrompue ce que j'allais ajouter ensuite. Du mieux que je le pouvais, je m'assis pour tirer son corps contre moi. Il était inconscient, et semblait en piteuse état. 

Son visage était recouvert de suie et je ne pus m'empêcher de remarquer comme il avait l'air vulnérable. Sans vraiment réfléchir j'entrepris de le secouer du mieux que je le pouvais. Mes gestes étaient affaiblis par le manque d'eau et de nourriture, mais je faisais de mon mieux pour le forcer à se réveiller.

Cependant, rien ne fonctionnait. Ma toux s'intensifiait et sa respiration à lui devenait de plus en plus saccadée. J'étais trop faible pour le tirer vers la sortie. Mais, je pouvais également le laisser ici...  Je compris soudainement une chose : un choix s'offrait à moi.

Sauver Samael, ou le laisser mourir dans cet incendie qu'il avait déclenché.