Lorsque Samael revint me voir le lendemain, je l'attendais de pied ferme. J'avais refait mon lit, après tout c'était à peu près la seule que je pouvais faire dans ma chambre vide, avant de m'asseoir en tailleur sur ce dernier.
Puis, j'avais consacrée quelques heures, ou moins car je peinais à évaluer le temps sans horloge, à essayer de contrôler mes pouvoirs.
Bien sûr je n'arrivai à rien. Je me familiarisai peu à peu avec cette énergie qui brûlait en moi, mais tout juste. Je ne parvenais jamais à la faire se rejoindre dans mes paumes.
— J'imagine que tu as bien dormi.
La phrase prononcée d'un ton las me fit presque sursauter. J'étais si concentrée que je n'avais pas entendu Samael entrer, désormais appuyé contre le battant sans poignée.
Oh, et j'avais passé un certain moment à essayer d'ouvrir ce dernier. En vain.
— Pourquoi m'avoir sauvé la vie ?
Un sourire éclaira son visage. Réellement joyeux cette fois-ci. Il passa une main dans ses cheveux parfaitement coiffé, faisant tomber une mèche sur ses traits si parfaits. Je haïssais le regarder en cet instant précis.
Car il était tout simplement... trop beau. Et la simple idée qu'il ait réussi à me manipuler si aisément m'écoeurait au plus au point.
— Tu t'en rappelles, alors.
— Pourquoi ? insistais-je.
Je n'avais pas l'énergie d'entrer dans l'une de nos joutes verbales habituelles. Je mourrais de faim, j'avais besoin de prendre une douche et non, je n'avais pas bien dormi. Bien au contraire.
— Parce que tu m'as impressionné, ce soir là.
Ma confusion dû se lire sur mon visage, car son sourire grandit encore un peu plus. Je ne sais pas exactement à quelle réponse je m'attendais, mais certainement pas à celle-ci.
— Une force d'esprit comme la tienne, continua-t-il, c'est rare pour une humaine. Tu as monté ces escaliers presque en rampant alors que tes poumons collapsaient sous l'effet de la fumée.
Il marqua une pause. J'étais glacée sous l'effet des mots, ma vision devint soudainement floue tant le choc me saisissait.
— Et quand tu es arrivée au-dessus et que tu nous as vu, moi et le Covent Ambré, dans une petite conversation animée. Qu'as-tu fait ?
— Je leur ai demandé de te lâcher, me rappelais-je.
Samael me sourit tendrement.
— Tu étais mourante, pire dans terrible souffrance. Pourtant tu voulais me sauver, car tu m'as cru en danger. La culpabilité m'a assaillit et j'ai décidé de te sauver la vie.
Je fronçai les sourcils. La culpabilité, pourquoi ? Puis tandis que je le regardais attentivement, je compris soudainement la pièce qui manquait à mon puzzle.
— Tu as lancé cet incendie, dis-je à haute voix.
À nouveau, il n'y eut aucun regret sur ses traits. Samael se contenta d'hausser les épaules.
— Toi et ton équipe mettiez un peu trop le nez dans nos affaires. J'ai fait ce qui était nécessaire.
Je le fixai, écoeurée par lui. Un haut le coeur me saisit en entendant l'aisance avec laquelle il admettait ce crime. Sans que je puisse les contrôler, les larmes se mirent à couler sur mes joues.
Je m'étais retenue de pleurer depuis mon arrivée ici. Mais, je ne pouvais plus le faire maintenant. Les émotions étaient trop fortes.
— Tu as tué neuf personnes ce soir-là, Samael.
— Oh princesse, j'ai fait bien pire.
Il y eut un long silence pendant lequel j'essayai en vain ce contrôler la nausée qui me menaçait. J'étais bien heureuse d'être assise, car je pouvais sentir la faiblesse dans mes jambes.
— Et je m'apprête à faire encore bien pire, continua-t-il à voix basse.
— De quoi parles-tu, Samael ?
— J'ai un plan, dit-il simplement ne haussant les épaules.
Sa désinvolture me rendait folle. Je voulais le frapper jusqu'à enlever cet air dédaigneux, je voulais détruire ses traits si parfaits. La rage prenait le dessus sur ma tristesse et j'essuyai sèchement mes larmes.
— Je te tuerai, lui lançai-je sèchement en ignorant sa dernière remarque car elle ne signifiait rien pour moi.
Samael eut l'audace de paraitre triste. Puis, il regagna soudainement sa contenance.
— Tu ne comprends pas, fit-il remarquer doucement.
Non, en effet. Je ne comprenais pas. Et je n'avais aucun désir de le faire. Il ne méritait rien de moi.
— Pourquoi avoir voulu travailler avec moi sur cette enquête ? demandais-je finalement et il s'agissait de ma question finale.
Je voulais plus jamais lui adresser la parole.
— N'est-ce pas une évidence ? rétorqua-t-il.
— Parce que tu savais que j'étais une guérisseuse.
— Oh non, ça c'était une réelle surprise et complication.
Je fronçai les sourcils. Il inclina la tête, il me semblait être un étranger en cet instant précis.
— Parce que, répondit-il doucement, depuis ce jour où tu es entrée en rampant dans le bureau... Je ne t'ai jamais oublié.
Samael eut un rire triste.
— J'imagine que vous les humains appelez ça de l'amour. À supposer que j'en sois capable... Appelles cela comme tu veux, en fait. De l'admiration, de l'adoration, de la passion.
Il secoua la tête.
— Quoi qu'il en soit, rassures-toi. Je ne vais pas avoir l'audace de te demander de me faire confiance. Mais, tout sera bientôt fini.
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Déchéance [Terminé]
ParanormalJade Slyrander est une jeune recrue de la police de New York. Quelques années après l'intervention qui a failli lui couter la vie, la jeune femme est chargée d'enquêter sur une série de disparition inquiétante, et pour se faire, doit infiltrer le ré...